CCertains l’imaginaient en danger au tournant de sa vie, mais la quincaillerie Bousquet est toujours là, plus jeune que jamais et toujours avec « cette odeur particulière » que Marie ne sent pas, aux commandes avec « papa », Dominique, depuis 2019 Le tandem père-fille entretient l’âme du magasin familial historique, soutenu par… Marie, la sœur et la tante qui, malgré ses 95 ans, honore toujours les clients de sa présence coquette. Comme « Pocky », le petit gardien poilu.
Cinq ans se sont écoulés depuis le changement de gouvernance de ce « bazar » organisé de la rue Neuve, mais rien ne semble s’être produit. La quincaillerie garde sa recette, son authenticité, vend toujours des capucins en fonte et ses couteaux comme des bonbons. «Toujours utile, pratique, qu’on garde à vie», précise Marie Bousquet, dernière du prénom. « De l’usine, beaucoup de Français », ajoute sa mère, qui n’a « rien à voir avec le magasin », mais le connaît sur le bout des doigts.
« Au moins 40 000 articles » sont stockés dans des magasins ou dans des locaux dédiés appartenant à la famille, estime Dominique Bousquet, le père. Tailles, dimensions, formes, couleurs… Tout est en mémoire : « Il suffit de demander », sourit Marie. Le cerveau est un super ordinateur. » « Il n’y a pas trop de bugs, plaisante Dominique. Heureusement, car la quincaillerie n’a « pas encore trouvé de logiciel valide ». Depuis 1987, je m’intéresse à l’informatique et je n’y suis jamais parvenu. Chaque fois qu’un gars vient avec « un excellent logiciel, etc. » », on essaie : aïe, c’est coincé, trop d’articles. Je pense que l’IA y arrivera. »
Les bons effets du Covid
Indépendamment des changements sociaux et technologiques, la quincaillerie Bousquet demeure, tel un vieux dinosaure, dans un paysage de quincaillerie clairsemé. « Souvent, les curistes nous disent : ‘ah mais chez nous, il y avait une boutique comme la vôtre. Il a fermé. » » Et les gérants évoquent le modèle marseillais ancestral de résistance et d’adaptation : « La maison Empereur (exploitée par la même famille depuis 1827, NDLR), reconnue entreprise du patrimoine vivant. »
Malgré un premier chapitre marqué par la crise sanitaire, Marie Bousquet et son magasin ont su profiter des habitudes nées pendant le confinement. « Depuis le Covid, beaucoup de choses ont changé, explique Dominique. Déjà, les gens deviennent de plus en plus écologiques, ce ne sont pas que des paroles, cela se reflète dans les achats. Et puis, ils cuisinent davantage et viennent s’équiper… » « Du bon matériel », dit sa fille. On voit que les gens recherchent la qualité. A long terme, le produit qu’ils achètent est largement abordable, ils n’auront pas à le jeter au bout de quelques mois, comme pour les poêles par exemple. »
Autrefois six, ils ne sont aujourd’hui que deux à officier au Bousquet. L’équilibre financier et la clientèle se maintiennent normalement, malgré « moins de curistes ». La croissance se heurte de toute façon à un plafond de verre : les salariés sont difficiles à trouver et longs à former. « Il faut un à deux ans pour tout stocker. Ce n’est pas facile», déplore Dominique. Mais tant qu’il n’y a pas de bugs…