L’Ukraine va couper l’accès au gaz russe, l’Europe de l’Est s’alarme

L’Ukraine va couper l’accès au gaz russe, l’Europe de l’Est s’alarme
L’Ukraine va couper l’accès au gaz russe, l’Europe de l’Est s’alarme

Dans quelques jours, l’Ukraine n’autorisera plus le transit de gaz russe via son territoire vers les pays européens, a prévenu son président Volodymyr Zelensky. Cela devrait représenter un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour Kiev et de plusieurs milliards pour Moscou. Mais cette décision affectera également les Etats situés à l’est du continent, qui restent très dépendants de la Russie pour des raisons d’isolement géographique, ou des raisons politiques lorsqu’il s’agit de maintenir des liens étroits avec le Kremlin.

Dans l’Union européenne, les importations de gaz en provenance de Russie sont tombées à moins de 10 % en 2023, contre plus de 40 % en 2021. Cette route gazière ne représente désormais que 5 % des importations de gaz de l’UE, mais reste stratégique pour trois États membres. : L’Autriche, la Hongrie et surtout la Slovaquie, où 65% de la demande de gaz, en 2023, était satisfaite par cette voie.

Actuellement, la Russie envoie son gaz vers l’Europe via deux routes, depuis le sabotage du Nord Stream en septembre 2022 en mer Baltique. Le premier est le gazoduc TurkStream et son prolongement, Balkan Stream, sous la mer Noire, vers la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie. La deuxième route traverse l’Ukraine dans le cadre d’un contrat établi en 2019 pour cinq ans entre les sociétés ukrainiennes Naftogaz ainsi que GTSOU, et le géant russe Gazprom. C’est celui qui devra être supprimé au 1er janvier 2025.

Car, en face, ce même gazoduc permet au Kremlin de générer environ 540 millions de dollars de revenus grâce à la vente de gaz, chaque mois ! Cela représente 6,5 milliards de dollars par an. Une manne précieuse pour financer les investissements de guerre du régime de Vladimir Poutine. Le volume transitant par cette route s’élevait à 14,65 milliards de mètres cubes en 2023, soit un peu moins de la moitié des exportations totales de gaz russe vers l’Europe, selon les chiffres officiels.

La Slovaquie en première ligne

L’Autriche, qui importait encore cet été 90 % de son gaz de Russie, a pris les devants et a mis fin en décembre à ses relations de longue date avec Gazprom, tournant la page après près de six décennies au motif de « plusieurs violations contractuelles ». “Si les Autrichiens ont résolu le problème en résiliant leur contrat, les Slovaques veulent le maintenir”explique Andras Deak, expert à l’Université Ludovika de Budapest. Mais « tout dépend des Ukrainiens » et les négociations avec la Russie ne sortiront pas de l’impasse.

Le Premier ministre nationaliste Robert Fico s’est rendu à Moscou le week-end dernier, Volodymyr Zelensky l’accusant de vouloir “Aidez Vladimir Poutine à gagner de l’argent pour financer la guerre”. Bratislava préfère importer du gaz russe, “parce que c’est moins cher”souligne Alexander Duleba, du centre de recherche de l’Association slovaque de politique étrangère.

“Gazprom paie les frais de transit à travers l’Ukraine”que si la Slovaquie doit faire appel à des fournisseurs plus éloignés, “elle devra payer la livraison”. La société gazière slovaque SPP, qui approvisionne près de 1,5 million de foyers, affirme pouvoir faire appel à d’autres sources. Mais « La diversification a un prix et toute alternative au gaz russe sera nettement plus chère »a déclaré à l’AFP le porte-parole Ondrej Sebesta, chiffrant le coût supplémentaire à “au moins 150 millions d’euros”.

Il prévient également « contre les pénuries et les problèmes d’approvisionnement dans toute l’Europe en cas d’hiver rigoureux ».

La Moldavie en alerte

En Moldavie, on se prépare déjà à des coupures d’électricité. Malgré d’importants efforts de diversification depuis le début de la guerre chez son voisin, cette ancienne république soviétique dépend toujours pour 70 % de son électricité de la centrale thermique de Cuciurgan, située dans la région séparatiste de Transnistrie et alimentée en gaz russe. via l’Ukraine.

“D’autres itinéraires de transit existent, mais il semble que Gazprom ne soit pas prêt à honorer ses obligations contractuelles”» a récemment déploré la présidente pro-européenne Maia Sandu, dénonçant « un chantage des ténèbres » du Kremlin sur fond de craintes de déstabilisation à quelques mois des élections législatives.

Dans ce contexte tendu, l’état d’urgence énergétique a été décrété et ce pays, l’un des plus pauvres d’Europe, devra acheter son électricité à la Roumanie voisine, pour une facture plus élevée.

La Hongrie peu touchée

La Hongrie reçoit la plupart de ses importations de gaz russe via TurkStream et la décision de Kiev ne l’affectera que marginalement. Malgré tout, « nous ne voulons pas abandonner » cette route est utilisée pour de faibles volumes, a déclaré la semaine dernière le Premier ministre Viktor Orban, afin de maintenir « prix raisonnables »et des négociations ont lieu avec Moscou et Kyiv. Il a mentionné “un conseil” ce qui permettrait d’acheter du gaz russe “avant qu’il n’entre sur le territoire ukrainien”. « Une fois en Ukraine, il ne serait plus russe mais hongrois »dit-il. Les Vingt-Sept maintiendraient donc leur dépendance au gaz russe même s’ils se sont fixés pour objectif de ne plus s’approvisionner auprès de Russie d’ici 2027.

Mais pour Andras Deak, la Hongrie finira par « être le dernier client de Gazprom dans l’UE »s’exposant ainsi à « pression politique » augmenté de la part de Bruxelles pour réduire sa dépendance.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV les nouveaux dirigeants de l’UE visitent Kiev
NEXT bientôt une ambassade du Luxembourg en Israël ?