OnlyFans, MYM… les dessous de l’économie des plateformes pour adultes

OnlyFans, MYM… les dessous de l’économie des plateformes pour adultes
OnlyFans, MYM… les dessous de l’économie des plateformes pour adultes

Partagés entre érotisme et pornographie, OnlyFans et MYM sont utilisés par des centaines de millions de personnes. De la simple photo amateur à la vidéo professionnelle, on trouve de tout sur ces plateformes. Une véritable économie souterraine. Midi Libre a enquêté sur le monde des plateformes pour adultes, considérées comme l’antichambre de la prostitution.

Il n’est pas rare de trouver sur les réseaux sociaux des profils faisant la promotion de plateformes dédiées aux contenus pour adultes. Étudiants, salariés… Il n’existe pas de profil type de créateurs ou d’abonnés. Vendre des photos ou des vidéos de son corps devient une pratique de plus en plus courante et représente une véritable source de revenus. Tout d’abord, vous devez comprendre le concept de ces plateformes.

Qu’est-ce qu’OnlyFans et MYM ?

“OnlyFans est la plateforme d’abonnement pour les 18 ans et plus qui permet aux créateurs de réaliser leur plein potentiel, de monétiser leur contenu et de développer des liens authentiques avec leurs fans.”

MYM, acronyme de Moi. Toi. More, a vu le jour trois ans plus tard, en 2019. Il s’agit d’une plateforme française, lancée par deux Lyonnais. « MYM redonne du pouvoir aux créateurs en leur permettant de vivre de leur passion et de générer des revenus récurrents. Côté utilisateurs, ils accèdent à des contenus de qualité dont ils ont réellement besoin, via des abonnements payants pour apprendre, se divertir et interagir.

Quelques chiffres

En moins de dix ans, ces nouveaux réseaux sociaux sont devenus incontournables sur le web. La plateforme française MYM compte près de 3 millions de visites quotidiennes. Quant à OnlyFans, des millions d’internautes sont présents sur la plateforme d’abonnement depuis son lancement en 2016.

Selon les chiffres communiqués par OnlyFans, il y aurait plus de 3 millions de comptes créateurs et plus de 220 millions de comptes fans en 2024. Mais derrière cette popularité qui ne cesse de croître, se cache un business très lucratif, puisque plus de 15 milliards de dollars de revenus ont été reversés aux créateurs depuis 2016.

Ces deux plateformes hébergent tous types de créateurs : des sportifs aux musiciens, en passant par les cuisiniers et les gamers. Mais ce sont les contenus pour adultes qui génèrent une véritable économie en ligne.

Des centaines et des milliers d’euros par mois

Raphaël, un Parisien de 18 ans, s’est lancé sur MYM et OnlyFans la semaine après sa majorité. Employé en CDI dans la vente depuis quatre mois, il utilise ces plateformes pour financer un projet de vie qui le motive vraiment : la musique. “Rien qu’avec mon salaire, c’est compliqué, ça demande un certain montant de financement, donc j’ai besoin d’un petit plus.”

En moyenne, je gagne entre 500 et 600 euros par mois.

Il publie de manière anonyme des vidéos et des photos érotiques de lui-même ainsi que du contenu pornographique qu’il filme avec des femmes. Ce qui lui rapporte le plus, ce sont les commandes des clients, pour lesquelles il établit un prix en fonction de la demande.

« Si je suis vraiment intéressé, le maximum que j’ai gagné, c’est presque 2 000 euros en un mois »confie-t-il en précisant que pour générer cette somme, il consacrait entre 30 minutes et 1 heure de son temps par jour. « Sinon en moyenne je gagne entre 500 et 600 euros par mois. »

Pour recruter ses clients, Raphaël utilise d’autres plateformes comme Reddit. Fonctionnant sous forme de rubriques, ce site de discussion américain est un vivier de contenus pornographiques. « Vous postez dans les catégories correspondantes, tout en partageant vos liens menant vers des plateformes payantes et au bout d’un moment vous accumulez une sorte de fan base. Le contenu doit être plus doux, sinon cela ne sert à rien d’acheter derrière.”

Détournés de leur fonction initiale, de nombreux réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), Snapchat ou Telegram sont également utilisés par les créateurs de contenus MYM ou OnlyFans pour contacter des clients potentiels.

“Il y a de l’argent à gagner”

Mais comme toute activité génératrice d’argent, elle suscite le désir de nombreuses personnes, parfois mal intentionnées. Julie*, 25 ans, vit à Montpellier et est travailleuse du sexe. La jeune femme est également présente sur les plateformes et explique qu’il y a une véritable stratégie commerciale derrière ce qu’elle considère comme un “entreprise”.

« Je fais des photos érotiques, de la lingerie, ça peut être des nus censurés. Il faut donner envie aux hommes, pour pouvoir ensuite les faire payer en leur envoyant des messages directs (appelés médias privés). J’ai l’abonnement le moins cher, à environ 6 euros par mois, je fais aussi un code promo le premier mois. Ils saisissent leur carte de crédit et ensuite, lorsqu’il s’agit de médias privés, ils ont tendance à avoir un clic un peu facile. Il faut mettre une photo. sur trois qui est gratuit, accessible à tout le monde, et pour les autres il faut être abonné”souligne-t-elle.

On ne s’en rend pas compte d’un point de vue extérieur, mais il y a un vrai business.

« Il y a des mecs qui se prétendent managers de filles sur les plateformes. Il y en a un qui m’a parlé et à l’époque, il m’a vendu un peu de rêve. ‘Tu sais, il y a des filles qui gagnent 4 000 euros…’ Mais en réalité, ils te prennent 50%, tu as une sorte de contrat et il a tous les droits sur tes photos”continue Julie. Si elle confie ne pas se donner “soigneusement” dans le monde virtuel, la Montpelliéraine affirme que l’argent généré est une ressource non négligeable.

« Aujourd’hui, je peux gagner un peu plus de 100 euros par mois. En octobre, j’en recevais 160, mais quand je travaillais avec le ‘manager’, j’en recevais jusqu’à 300, c’était le maximum. En réalité, c’était un peu plus de 600 euros, mais avec les 50% de commission… J’ai des amis qui m’a dit d’essayer, il y en a beaucoup. l’argent à gagner. Ce n’est pas ainsi que je gagne ma vie personnellement, mais cela me donne un peu d’argent supplémentaire. On ne s’en rend pas compte de l’extérieur, mais il y a un vrai business. Dans le milieu, il faut savoir que nombreux sont ceux qui ont débuté avec le monde virtuel, qu’il s’agisse des cams (vidéos en direct) ou des plateformes MYM et OnlyFans. Ils se sont ensuite dirigés vers le monde réel.dit-elle.

“C’est le côté amateur que je préfère”

Alors que l’industrie du porno semble connaître un bouleversement avec l’arrivée de ces plateformes favorisées par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, les abonnés recherchent “curiosité” et un nouveau style de porno, explique Grégory, un ancien abonné de ces plateformes contacté par Midi Libre. “Le contenu est souvent amateur et c’est ce que je préfère par rapport aux grandes intrigues.”

Le trentenaire raconte avoir eu plusieurs abonnements, sur plusieurs mois, mais jamais en même temps. « J’ai rarement payé cher. Il existe souvent des codes promotionnels que les créateurs mettent sur leurs réseaux sociaux par exemple. C’est à ce moment-là que je m’abonne”ajoute-t-il.

Mais il pointe aussi du doigt cette stratégie commerciale mise en place. « Il y a parfois des photos ou des vidéos qui vous sont envoyées en privé, à des prix beaucoup trop élevés. Parfois 30 euros, voire 100 euros pour un seul média.

Malgré ces défauts, la recherche de proximité tout en gardant une certaine distance, essence même des Onlyfans, MYM et les autres, génère une économie qui ne cesse de croître et de prendre de l’ampleur. Au détriment de la vie privée de l’individu qui est de plus en plus exposée.

*nom d’emprunt
 
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