Par
Arnaud Gicquello
Publié le
15 décembre 2024 à 02h52
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La vie d’Emmanuel Payen a basculé en 2016, lorsque son cœur a décidé d’abandonner. Après le succès de la greffe, le Redonnais a souhaité, accompagné de son épouse, raconter son histoire et sensibiliser ses concitoyens à l’importance du don d’organes et de tissus pour sauver des vies humaines. Selon lui, le meilleur moyen est d’en parler avec son entourage.
« Vous pouvez sauver des vies de votre vivant en faisant savoir aux gens que vous êtes un donneur d’organes. » C’est le message qu’Emmanuel Payen, habitant de Redon, greffé cardiaque et bénévole au sein de l’Association pour le Don d’Organes et de Tissus Humains (ADOT) d’Ille-et-Vilaine, association départementale née en France, veut diffuser inlassablement l’ADOT. , la fédération nationale associative fondée en 1969 à l’initiative du prix Nobel de physiologie et médecine, le professeur Jean Dausset, qui sensibilise au don d’organes et de sang. tissus.
C’est dans cet objectif qu’Emmanuel Payen et son épouse Marie-Antoinette ont organisé, le 4 décembre, à la Maison des associations de Redon, une rencontre ouverte aux adhérents du secteur de Redon et aux membres de l’Office Municipal de la Culture et des Loisirs (OMCL). . .
« Vivre 15 jours ou 25 ans ? »
La rencontre a notamment permis à Emmanuel Payen de témoigner et de retracer son histoire. Originaire de région parisienne, dentiste et chercheur indépendant dont les écrits et brevets sont reconnus, ce dernier a vu sa vie changer au milieu des années 2010, lorsque la fatigue s’est progressivement emparée de lui.. « Admis aux urgences en août 2016, on m’a diagnostiqué une insuffisance cardiaque. Mon cœur naturel était à bout de forces”dés.
Son état s’aggrave de jour en jour. Pour continuer à vivre, la greffe d’un nouvel organe devient alors la seule issue. « Les médecins m’ont clairement posé la question : « Veux-tu vivre encore 15 jours ou 25 ans ? »
Emmanuel Payen est alors placé sur liste d’attente pour recevoir un nouvel organe vital. « Cependant, il fallait disposer d’un cœur compatible. » Même si ses heures semblent comptées, il pourrait bénéficier d’un orgue de dernière minute. “Je n’étais presque plus de ce monde”confier.
Mais l’épreuve ne s’arrête pas là. Complications suite à la greffe réalisée le 27 septembre 2016 : infections nosocomiales, hémorragies, etc. « J’ai failli me faire amputer du pied gauche et de la jambe droite. Je n’ai quitté l’hôpital que fin 2016. J’étais alors en fauteuil roulant. »
Après une longue convalescence, Emmanuel Payen est parvenu peu à peu à retrouver une vie normale. « Mon entourage et mon épouse notamment ont été pour moi un soutien extraordinaire. Aujourd’hui mon cœur me permet de pratiquer le tennis, avec la section sports santé du club de Redon, et le golf”souligne Emmanuel Payen, qui se consacre également à la peinture, créant notamment des reproductions de tableaux de peintres célèbres, comme Turner et Monet, et continue d’écrire des articles professionnels.
“Je ne sais rien de mon donneur”
Rien n’est plus présent qu’un cœur : il bat, son rythme s’accélère et ralentit selon l’effort ou le repos, l’anxiété ou la tranquillité. « Le cœur a la forme d’une urne. C’est un vaisseau sacré plein de secrets », écrit Alfred de Vigny dans son « Journal d’un poète ». Des propos qu’Emmanuel Payen pourrait reprendre à son compte : « Je ne sais rien de mon donneur, seulement que sa mort m’a permis de rester en vie. Je suis ici parce qu’il a dit “oui”. Son cœur bat dans mon propre corps. Chaque jour, chaque acte accompli est un hommage à mon donateur”admet Emmanuel Payen, pour qui “La gratitude est un sentiment qui n’a de valeur que s’il est exprimé.”
L’intéressé n’oublie pas ses autres bienfaiteurs, à savoir « tous les acteurs de cette grande chaîne humaine, du prestigieux chirurgien au personnel de service, d’infirmières et de soignants, de l’escorte de gendarmerie au pilote de l’avion, en passant par le personnel de cabine de la compagnie aérienne ».
Aucun détour possible en France
Une reconnaissance partagée par Marie-Antoinette Payen, très occupée aux côtés de son mari. Les épreuves qu’ils ont vécues ensemble n’ont fait que renforcer leur profond désir d’agir pour les autres. « Dire à votre entourage, de votre vivant, que vous êtes donneur permet de sauver des vies. » En effet, « En cas de doute au moment du décès, les proches sont interrogés. S’ils savent que le défunt était donneur, avec la douleur d’apprendre le décès, il n’y a plus de difficulté à choisir. continue. « Les besoins continuent de croître, tout comme malheureusement le taux de rejet d’échantillons augmente. L’une des missions de France ADOT est aussi de rassurer. »
En fait, il existe de nombreux préjugés concernant le don d’organes et de tissus. En témoigne la triste nouvelle survenue en 2021 aux États-Unis, mais rapportée par les médias seulement en octobre dernier. Un patient américain, considéré comme en état de mort cérébrale, s’est réveillé avant que ses organes ne soient prélevés. Cette annonce a suscité une inquiétude généralisée et une forte augmentation des refus de dons en France.
“Cette situation serait impossible en France”Emmanuel Payen réagit. Le diagnostic de mort cérébrale suit des protocoles très stricts, réalisés par différents médecins.
Ces procédures impliquent une série de tests, notamment par imagerie, qui ne laissent aucun doute. « Le diagnostic s’établit d’abord par un examen clinique : des tests réflexes montrent que le tronc cérébral ne fonctionne plus. Le corps médical doit donc réaliser deux EEG à au moins quatre heures d’intervalle pour vérifier qu’il n’y a pas d’activité électrique dans le cerveau. Le diagnostic repose également sur l’imagerie cérébrale, grâce à l’injection d’un produit de contraste permettant de vérifier l’interruption complète de la vascularisation. »
Après une baisse liée à la pandémie de Covid-19, l’activité de transplantation d’organes en France a légèrement augmenté, de 2,5%, en 2023 par rapport à 2022 avec 5.634 greffes réalisées, selon les données de l’Agence de la biomédecine (ABM).
Remédier au « paradoxe français »
Un point inquiétant est démontré par le taux d’opposition au don d’organes pour les patients en mort cérébrale. « une augmentation significative »selon l’ABM, de 9,4% par rapport à l’année précédente : il est passé de 30% en 2019 à 36,1% en 2023“et même 37% à la fin de l’année, après la publication de la nouvelle aux Etats-Unis”selon Emmanuel Payen. Cependant, au 1er janvier 2024, plus de 21 800 patients étaient en attente d’une greffe d’organe, dont plus de 11 400 sur la liste d’attente active. Et 823 patients n’ont pas survécu à cette attente.
Face à ces chiffres, « Il est essentiel que le taux de refus diminue dans les années à venir »disent Marie-Antoinette et Emmanuel Payen. « On peut parler d’un paradoxe français. Si selon les études d’opinion, 80 % des citoyens sont favorables au don de leurs organes après la mort, le pourcentage d’opposition devrait atteindre 20 % et non 37 %. »
“Trop peu de Français ont fait part de leur position à leurs proches, qui, ne connaissant pas la volonté du défunt, préfèrent dénoncer l’opposition”ils se souviennent. « Mais comme une même personne peut donner plusieurs organes et tissus, un simple « oui » peut sauver quatre ou cinq vies. »
Redon sera bientôt ville ambassadrice du don d’organes. Lors de la réunion organisée par l’ADOT d’Ille-et-Vilaine, le 4 décembre à la Maison des associations, Françoise Foucher, première adjointe, a annoncé que Redon deviendrait ville ambassadrice du don d’organes à partir de 2025.
Site ADOT pour la France : www.france-adot.org.
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