hausse des prix en 2025, et ce n’est que le début

hausse des prix en 2025, et ce n’est que le début
hausse des prix en 2025, et ce n’est que le début

Un exemple ? Pour un foyer consommant 1 600 kWh en heures pleines et 1 900 kWh en heures creuses, le prix de l’énergie est passé de 605 € en 2021 à 1 140 € en 2022 (taux variable Engie sur 1 an). La part de distribution versée à ORES est passée de 272 € à 276 €. Tellement stable. Mais c’était avant…

La CWaPE vient de communiquer sur la nouvelle méthodologie tarifaire sur laquelle elle s’est accordée avec les GRD pour la période 2025-2029. Cette nouvelle grille arrive également avec un an de retard car aucun accord n’a pu être trouvé l’année dernière et l’ancienne a donc été prolongée.

Les détails de la nouvelle méthodologie ont été publiés sur le site Internet de la CWaPE. ©

La nouvelle méthodologie de tarification est donc là et, ce n’est pas une surprise dans le contexte d’inflation de ces dernières années, elle permettra aux GRD d’augmenter leur « revenu autorisé ». C’est-à-dire le montant total qu’ils peuvent collecter chaque année pour couvrir leurs coûts, tout en maîtrisant leurs bénéfices pour éviter qu’ils ne soient « excessifs ». En d’autres termes, pour reprendre le langage du consommateur, c’est le prix de distribution qui va augmenter. Un poste qui représente en moyenne un petit quart de la facture énergétique.

De combien s’élèvera cette augmentation ? Cela dépend des GRD. Quant aux principales RESA et ORES, qui couvrent ensemble plus de 95% des foyers wallons, la majoration pour la distribution d’électricité sera de l’ordre de 5% et 10% respectivement.

Prenons le même exemple que ci-dessus avec ORES : sur votre facture la ligne de distribution augmentera de +- 30 € pour toute l’année 2025. Le calcul est vite fait pour RESA, elle sera donc de l’ordre de 15 euros.

Et après 2025. Difficile de se projeter avec précision. Car en 2026, le tarif incitatif entrera en vigueur (sur la base du volontariat) avec plusieurs plages horaires dont les détails doivent encore être finalisés par la CWAPE et les GRD.

Il est toutefois certain que la part « distribution » de la facture d’électricité continuera d’augmenter en 2026, 2027, 2028 et 2029. La méthodologie adoptée par le régulateur wallon autorise les GRD à augmenter chaque année leurs « revenus autorisés ». . Cette année pour ORES par exemple, ce revenu autorisé était de 571 millions. Il sera de 663 millions en 2025 et jusqu’à 726 millions en 2029. Une hausse importante qui est liée à la hausse des coûts auxquels sont soumis les GRD, mais aussi aux investissements nécessaires qu’ils doivent consentir pour accélérer le déploiement des compteurs communicateurs. Un élément qui s’ajoute à d’autres investissements importants dans le contexte de la transition énergétique. ORES a donc prévu d’augmenter ses investissements dans le réseau électrique de 271 millions cette année à 422 en 2029. Avec déjà un premier palier de 315 millions l’année prochaine. C’est donc ce qui justifie l’autorisation du régulateur à augmenter les revenus autorisés des GRD.

Cette situation est évidemment similaire pour RESA.

« De nombreux investissements sont réalisés pour préparer nos infrastructures à répondre aux besoins croissants en matière de mobilité, de chauffage et de digitalisation des réseaux. Ces investissements, bien que significatifs, visent à accompagner la transition énergétique, tout en maintenant les tarifs dans des proportions acceptables», précise le GRD de Liège à ce sujet.

La différence d’augmentation entre RESA et ORES est donc liée à ces différents éléments qui ne sont pas identiques pour les deux GRD. Les volumes d’investissement d’ORES, qui couvre à lui seul 75% des ménages wallons, ne sont par exemple pas les mêmes que ceux de RESA qui n’en couvre que 30%.

Un autre élément qui explique la différence entre les GRD réside dans « l’équilibre réglementaire ». Les tarifs étant fixés (pour 5 ans) sur la base d’estimations prévisionnelles de coûts (exploitation, achat d’énergie, projets, etc.) et de volumes de consommation, si ces prévisions dérapent la CWaPE autorise les GRD à en récupérer une partie via cet équilibre réglementaire . Et évidemment, entre 2019 et 2023, les choses ont pas mal dérapé avec les crises géopolitiques et la forte inflation des coûts… Ce rattrapage que peuvent appliquer les GRD est cependant limité puisqu’en 2025 il ne représente qu’un petit 4% du revenus autorisés, tant en électricité qu’en gaz.

Enfin, dernier élément qui justifie la hausse : la baisse des volumes distribués. L’amélioration de l’efficacité énergétique et le fait que les consommateurs soient plus attentifs à leur consommation depuis la crise des prix ont eu un impact significatif sur la consommation. « Cette tendance, particulièrement marquée pour le gaz », souligne RESA. Cependant, les coûts fixes liés à l’entretien et à l’amélioration du réseau continuent d’augmenter. Résultat ? Les coûts unitaires augmentent.

Notons néanmoins – et c’est au moins une bonne nouvelle – que si les factures des consommateurs ne cesseront donc d’augmenter tout au long de cette période 2025-2029, cette hausse restera en dessous de la barre de l’inflation réelle, tant pour l’électricité que pour le gaz.

Distribution de gaz : entre 11 et 15% de plus

Comme l’électricité, le gaz verra son prix de distribution augmenter l’année prochaine. Et côté électricité, les clients RESA et ORES ne seront pas logés à la même enseigne : en 2025, RESA prévoit une hausse de 11% et ORES de 14,6%.

Exemple concret également donné par ORES : pour un client qui consomme 17 000 kWh/an, la part versée au GRD passera à 455 € en 2025 contre 397 € cette année. Il augmentera ensuite progressivement jusqu’à 547 € en 2029 (sur la base d’un tarif variable Engie). RESA n’a pas communiqué sur les hausses prévues entre 2026 et 2029. Mais dans la mesure où, comme pour l’électricité, leurs revenus autorisés augmenteront au fil des années, le tarif de distribution suivra également une courbe ascendante.

A noter également que, pour le gaz également, ces hausses successives resteront inférieures à l’inflation réelle.

Le vrai changement après 2029

Et après 2029, quelle sera l’évolution des prix de distribution ? C’est un peu une inconnue à ce stade, constate Fernand Grifnée, le directeur général d’ORES. Même s’il paraît évident que la transition énergétique liée aux objectifs de décarbonation va conduire à un basculement vers l’électricité (verte, décarbonée) au détriment des énergies fossiles. Cela aura un impact sur les coûts de distribution.

Mais attention à ne pas aller trop vite, précise le patron d’ORES, évoquant notamment la question du chauffage. Contrairement au fioul, aucune date de fin n’a encore été fixée en Wallonie pour la fin du gaz dans le cadre des objectifs de décarbonation. Mais attention « à ne pas jeter la molécule de gaz trop vite », prévient-il. Car la performance énergétique des bâtiments wallons (« qui doit être améliorée ») ne permettra pas à tout le monde de se chauffer avec des pompes à chaleur (électriques donc). Cependant, les alternatives au gaz naturel, à savoir le « gaz vert » issu de la biométhanisation et des réseaux de chaleur, ne sont pas prêtes.

Il faut donc accélérer : fixer un cadre d’ici deux ans puis déployer progressivement ces alternatives dans la décennie qui suit, pense le patron d’ORES. Mais même si le potentiel wallon de biométhanisation est « important », le gaz fossile sera encore nécessaire pour faire le lien. Mais aussi pour assurer les revenus nécessaires à l’entretien du réseau qui pourront ensuite être utilisés pour le gaz vert. Et pour cela, GRD doit conserver des recettes suffisantes. C’est donc aussi un élément qui a pesé dans la négociation du nouveau tarif. Ce qui génère certes une hausse des prix mais contenue (en dessous de l’inflation réelle), souligne Fernand Grifnée.

Est-ce que cela continuera après 2029 ? «Non, c’est clair», a répondu Fernand Grifnée. Comme déjà dit, l’électrification des usages, mais aussi l’intégration croissante des énergies renouvelables et de la production décentralisée dans le réseau coûteront forcément plus cher en gestion, en personnel pour gérer le système, en intelligence artificielle, etc. Alors, oui, distribuer l’électricité L’électricité va coûtera encore plus cher après 2029. Mais jouer le jeu de la flexibilité dans nos usages électriques (consommer pendant les heures solaires, recharger sa voiture électrique pendant les heures creuses, etc.) fera baisser la facture (ce sera déjà le principe du tarif incitatif). dans 2026). Tandis que le fait de ne plus remplir un réservoir de fioul pour le chauffage ou le réservoir d’un véhicule thermique permettra de compenser la charge financière électrique, analyse Fernand Grifnée. Le début de la manière de consommer de la fin du 20e siècle a bel et bien commencé.

 
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