S’il représente 2% des agriculteurs à l’échelle nationale, le ModefMouvement de défense des familles paysannes, il est bien implanté dans certains départements du sud et du sud-ouest où il est proche de 10% représentativité, pouvant atteindre 30 % dans les Landes. Et il entre en campagne avec un seul objectif : “changer de cap”explique Didier Gadea, vigneron et président du Modef de l’Hérault, lors d’une conférence de presse le 3 décembre.
Il s’agit de “mettre fin à cette loi du marché et de la spéculation”, ajoute-t-il, soulignant la principale demande de son syndicat : ” prix minimaux rémunérateurs fixés et garantis par l’État « . Ce dernier doit imposer un prix de référence tenant compte le coût de production et le revenu de l’agriculteuret qui doit servir de base aux négociations entre les deux parties.
Multiplier les coefficients contre la spéculation
Toutefois, ces prix garantis doivent être, pour Modef, associé aux coefficients multiplicatifs. L’Etat fixe un taux légal à ne pas dépasser entre le prix d’achat auprès du fournisseur et le prix de vente. Ainsi, l’augmentation des marges intermédiaires entraîne nécessairement une augmentation du prix d’achat du fournisseur. Le mécanisme favorise aussi les achats locaux : avec un coefficient multiplicateur, il est moins intéressant d’aller acheter une tomate beaucoup moins chère en Espagne, puisque la marge sera aussi mathématiquement moins importante.
Le mécanisme ne doit pas s’appliquer uniquement aux produits alimentaires, mais aussi aux prix de l’énergie, très sujets à la spéculation, alors que l’énergie est nécessaire à toutes les étapes de la production agricole, souligne Didier Gadéa.
Extraire l’agriculture de l’OMC
Sur la question brûlante de l’accord entre l’UE et les pays de MercosurLa position du Modef est claire : il faut éliminer les matières premières agricoles de l’OMC et des accords car elles nuisent gravement à l’environnement. revenu des agriculteursrappelle Frédéric Mazer, coprésident du Modef au niveau national. Ce dernier ne croit pas une seconde à la possibilité d’introduire des clauses miroir. L’accord avec la Nouvelle-Zélande a également été signé sans l’introduction de ces mesures et avec, dans le premier article, “l’objectif de garantir que dans les mesures sanitaires et phytosanitaires les parties ne créent pas d’obstacles aux échanges”, rappelle Frédéric Mazer. « Et on nous dit qu’avec le Mercosur, peut-on signer des clauses miroir ? C’est de la foutaise », s’énerve-t-il.
Des alliances possibles avec d’autres syndicats ?
La Modef pourrait-elle s’associer à d’autres syndicats pour avoir une plus grande influence dans le élections aux Chambres d’Agriculture ? Pour Didier Gadéa, cela “n’est absolument pas à l’ordre du jour”, à moins que le système proportionnel actuel ne soit modifié. “Changeons le système, pour avoir un nombre d’élus qui corresponde au pourcentage que nous avons atteint, et ensuite nous parlerons d’alliances”, ajoute-t-il.
Par ailleurs, la Modef estime être le seul syndicat à défendre ce système de prix garantis par l’État. Les autres, “nous proposent le marché, toujours le marché, mais le marché ne marche pas”, insiste le vigneron qui déplore qu’à la télévision on voie toujours “les mêmes : l’un qui a la place, l’autre qui veut quel que soit le sort des paysans.
En tout cas, le syndicat « ne criera pas contre les pesticides ni n’exigera le choc de la simplification : la première chose est le revenunous voulons que les agriculteurs gagnent leur vie de leur travail, et le reste suivra.” « Vous entendrez encore parler du Modef, nous n’avons pas décidé de nous taire ! », prévient Frédéric Mazer.