Le procès pénal contre le négociant en matières premières Trafigura et son ancien directeur d’exploitation s’est ouvert lundi à Bellinzone. C’est la première fois qu’une entreprise comparaît devant le Tribunal pénal fédéral pour des faits de corruption à l’étranger.
Trafigura, l’un des principaux négociants mondiaux en matières premières et société mère de la société belge de zinc Nyrstar, aurait versé 4,3 millions d’euros à un haut responsable de la compagnie pétrolière nationale angolaise Sonangol, via un compte bancaire à Genève. Ce manager, considéré comme un responsable angolais par les autorités suisses, a également reçu 604 000 $ en espèces et a bénéficié du financement de Trafigura pour son séjour à l’hôtel.
Ces paiements, effectués entre 2009 et 2011, auraient permis à Trafigura d’obtenir de lucratifs contrats de stockage et de transport de pétrole pour le compte de la Sonangol. Le ministère public fédéral (MPC) estime que Trafigura a réalisé un bénéfice de 143,7 millions de dollars grâce à ces contrats.
Parallèle au Crédit Suisse
Dès le premier jour du procès, les avocats de Trafigura ont fait un parallèle avec une décision récente dans l’affaire du Crédit Suisse, dans laquelle la condamnation de la banque à trois rangs avait été annulée après le décès d’un ancien employé. “Sa mort rend impossible de déterminer si la banque a enfreint la loi sans violer la présomption d’innocence du défunt”, a déclaré la cour d’appel.
Myriam Fehr Alaoui, avocate de Trafigura, a évoqué le cas de l’ancien PDG de Trafigura, décédé en 2015. Elle a demandé au tribunal : « Comment une entreprise peut-elle être tenue responsable d’un crime qui aurait été commis par une personne dont la culpabilité n’a pas été vérifiée ? ?” et ne pourra-t-il jamais être établi sans violer le principe fondamental de la présomption d’innocence ?
L’autre avocat de Trafigura, Jean-François Ducrest, a demandé l’annulation du témoignage d’un ancien membre du conseil d’administration, qu’il a obtenu en échange d’une réduction de peine. “Tout était défectueux depuis le début”, a-t-il déclaré.
Le procès devrait durer plus de trois semaines. Trafigura risque une amende de 5 millions de francs, en plus du remboursement des bénéfices indûment perçus. L’ancien directeur des opérations risque une peine de cinq ans de prison, avec possibilité de faire appel. Selon son avocat, Daniel Kinzer, il nie toutes les accusations.
Le responsable angolais qui aurait reçu les pots-de-vin, ainsi qu’un intermédiaire suisse, étaient également présents au tribunal lundi.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats/blg/bloomberg