Anne Cadiot-Feidt, avocate de la victime présumée des ex-joueurs grenoblois, s’est exprimée sur l’état d’esprit de son client. Elle est revenue sur la question du consentement en réponse aux premiers mots de l’avocat de Denis Couslon qui avait émis des doutes sur le non-accord de la jeune fille.
Comment qualifiez-vous le début du procès ? Dans quel climat, dans quelle atmosphère a-t-il commencé ?
C’est un climat fait, je dirais, d’objectivité et d’impartialité, animé par le président de la cour d’assises. Nous avons véritablement vécu l’ouverture du procès avec l’attente de témoignages, d’expertises et de questions qui pourraient être posées par l’un ou l’autre, évidemment liées à la qualification des faits tels qu’ils apparaissent dans l’accusation.
Dans quel état d’esprit se trouvait votre cliente, elle qui a revu l’accusé aujourd’hui ?
Elle est toujours dans cet état qui est celui de la non-vengeance, ce qui je pense est très important pour elle. Cela n’a pas été modifié. Elle attend également quelle sera la décision du tribunal.
Ce mardi Denis Coulson, Rory Grice et Loïck Jammes seront soumis au questionnaire de personnalité. Il s’agira pour les jurés et les magistrats de comprendre qui est devant euxhttps://t.co/MGg6UfCGIJ
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Nous pensons que le consentement est vraiment au cœur des débats. La Défense nous a dit que dès son premier témoignage lorsqu’elle a déposé la plainte, elle s’était elle-même interrogée sur le fait qu’elle aurait pu consentir. Elle a parlé de black-out dû à l’alcool, mais pas forcément de non-consentement, qu’en pensez-vous ?
Le consentement, c’est quand on dit oui ! Quand on ne dit rien et qu’on dit non, cela veut dire qu’on n’est pas consentantpeut-être qu’on arrêtera de couper les cheveux en quatre. Dans la définition actuelle du viol, il y a aussi le mot surprise, le mot « surprise », pris non pas dans le sens le plus étroit possible, mais dans le sens du mot français, c’est-à-dire quand on surprend les autres quand ils ne le font pas. Je ne m’y attends pas et quand ils n’ont pas le - de réagir, ou quand ils ne peuvent pas réagir.
La définition est donc là. Et dans cette affaire, mais c’est ma position d’avocat de la partie civile, je considère qu’il n’y a pas eu de consentement et qu’il n’y a même pas eu possibilité de consentement au regard de l’état physiologique physique de mon client.
Plus le dLa défense a dit, elle a dit oui, mais elle a oublié qu’elle avait dit oui.
Tu devras me dire quand elle aura dit oui. C’est l’argument de la Défense. La Défense a le droit d’argumenter comme elle le souhaite, le procès commence et c’est là l’objet du procès.
Vous avez donc demandé une séance à huis clos. Ce huis clos a provoqué la stupéfaction parmi les défenseurs. Êtes-vous surpris de cet étonnement?
Non, le huis clos est cohérent avec ce que peut vivre une femme de 27 ou 28 ans, lorsque sont enfin évoqués les événements extrêmement traumatisants dont elle a été victime lorsqu’elle avait 20 ans. 20 ans, 27 ans et demi, 28 ans, ces huit années, c’est énorme. À cet âge, on sort véritablement de l’enfance et on entre dans l’état de jeune femme. Comment gérer cet état d’intimité ? Je pense que le huis clos est autant lié à lui-même qu’au fait de ne pas rendre publiques les choses concernant la société. Cela redevient une affaire intime.