« On arrive au point où on ne peut plus marcher »

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« On arrive au point où on ne peut plus marcher »

Par

Amandine Vachez

Publié le

3 décembre 2024 à 6h14

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Renseignez-vous, pour sensibiliser, et endiguer un véritable fléau. C’est le défi de professionnels de la santé devant le consommation de protoxyde d’azoteconnu sous le nom de « gaz hilarant », aux effets à la fois rapides et nocifs pour la santé. En Hautes-Français, les médecins sont confrontés au problème : pavillon novembre 2024l’URPS, Union Régionale des Professionnels de Santé – Médecins Libéraux, a démarré avec la contribution de l’ARS, Agence Régionale de Santé, un questionnaire adressé par les médecins généralistes à leurs patients. L’objectif : mieux comprendre qui sont les consommateurs et quelles sont leurs habitudes, pour mieux cibler les campagnes de sensibilisation.

« Connaissez-vous cet objet ? »

Vous pourriez être l’une des premières personnes interrogées. Un questionnaire est en cours dans les cabinets médicaux libéraux de la région depuis fin novembre 2024. « Connaissez-vous cet objet ? » Une dame-jeanne est posée sur la table. Il s’agit d’une bouteille vide, contenant du protoxyde d’azote à la base. Vous ne le connaissez peut-être pas sous cette forme, mais plutôt sous forme de cartouches de siphon à chantilly. « Il y a tout un marché qui s’est développé autour de la ‘tendance’ pour ainsi dire », commente le Dr François Loez, médecin généraliste à Lomme et élu à l’URPS. Ces grandes bouteilles – personnalisables – sont conçues pour les habitudes de consommation. « Certains ont compris qu’il y avait un marché à développer », explique le médecin.

Âge, profession, lieu de résidence, confession religieuse… “Nous disposons de très peu d’informations sur les consommateurs et leurs habitudes, seulement des hypothèses”, confie le Dr François Loez.

Le but de ce questionnaire est de collecter toujours plus de données.

Sabine Verroul, responsable du Centre de Prévention de l’Urps

«Nous disposons de données relatives aux admissions aux urgences, ou surtout celles collectées en milieu carcéral, mais elles restent très limitées», explique le Dr Loez.

120 cas graves – connus – en 2023 dans la région

En parallèle de l’URPS, qui communique régulièrement avec les médecins travaillant sur le sujet, dont le Dr Guillaume Grzych du CHU de Lille, l’ARS mène des campagnes de sensibilisation. Celui lancé en 2023 sur les réseaux sociaux notamment, « le proto est trop risqué pour en rire », est reconduit cet automne. Il s’adresse principalement à 15-25 ans pour “améliorer les connaissances dès le plus jeune âge”, mais aussi “réduire la désirabilité sociale de l’usage de cette substance”, ainsi que faciliter les échanges avec les professionnels de santé.

L’agence précise que le centre de surveillance des toxicomanies des Hauts de a recensé 120 cas en 2023 de personnes ayant « présenté des complications imputables au protoxyde d’azote ». UN augmentation par rapport à 2022 où 99 cas avaient été identifiés dans la région. “Ces données restent partielles en raison d’une sous-déclaration au centre et de l’impossibilité dans certains cas d’établir un lien entre l’accident et la consommation de protoxyde d’azote”, atténue la structure.

Des symptômes pas faciles à repérer

Le corps médical est également confronté à la difficulté d’identifier ceux qui en prennent. « Par exemple, certaines personnes conduisent après avoir bu. Mais la police ne peut pas le voir. Même en cas d’urgence, il n’est pas facile d’en saisir les signes, même si les équipes en sont de plus en plus conscientes. Les étudiants en santé en consomment eux-mêmes, tout en étant conscients des dangers. »

Nous savons simplement qu’il y a des effets immédiats et des effets à long terme. Et en consommer une seule fois peut avoir des conséquences tout aussi graves que si vous en preniez régulièrement.

Sabine Verroul, responsable du Centre de Prévention de l’URPS Hauts-de-France.

Autre difficulté : la consommation s’effectue principalement entre jeunes adultes. «Cependant, ce sont des patients que nous ne voyons pas souvent», explique le Dr Loez. « On s’attend à ne pas avoir de répondants qui consomment, il ne faut pas se cacher sur cette opération de questionnaire. Mais nous en saurons plus.” L’URPS négocie avec l’ARS pour relancer une nouvelle campagne courant 2025.

Vous avez probablement vu ces bidons de protoxyde d’azote utilisés dans les rues. Ils sont apparus il y a quelques années, avant que le marché n’explose, mettant sur le marché des bouteilles plus grandes. ©Jean-Marc Aubert

“Jusqu’à ce que je ne puisse plus marcher”

Voici quelques-uns des effets connus suite à la consommation de protoxyde d’azote : ils vont de brûlure à froid UN effets neurologiques. Expérience des patients picotement ou terminer par un thrombose (caillot de sang qui se forme dans une veine). Ils peuvent aussi décompenserliés à des pathologies sous-jacentes. “D’accord jusqu’à ce que tu ne puisses plus marcher » dit le Dr Loez. Le praticien a choisi de laisser une bouteille – vide bien entendu – de protoxyde d’azote visible dans son cabinet. «Je vois comment les gens réagissent. Certains me demandent de quoi il s’agit. D’autres me disent : “Alors docteur, vous avez passé un bon moment hier soir ?” » Une bonne manière d’entamer la discussion sans forcer.

Vous souhaitez témoigner sur le sujet ? Vous venez de la région lilloise et consommez du protoxyde d’azote, ou vous avez dans votre entourage un consommateur à qui un épisode alarmant est arrivé ou non ? Écrivez-nous en utilisant le formulaire ci-dessous. Les données seront anonymisées.

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