Cinq jours après son interpellation, au petit matin dans l’appartement de sa compagne, à Dijon (Côte-d’Or), Mohammed C. a été mis en examen ce lundi par un juge d’instruction de la chambre des affaires froides du tribunal de Nanterre, pour meurtres de Nathalie Boyer et Laïla Afif. Ces deux dossiers appartiennent au dossier dit des « disparus de l’Isère » repris depuis 2022 par ce centre spécialisé dans les dossiers non résolus.
Mohammed C. a été déconcerté par des traces ADN retrouvées sur différents objets liés à la scène de crime concernant Laïla Afif. Le retraité de 63 ans au teint jaunâtre et aux cheveux blancs a été présenté vendredi, à l’issue de sa garde à vue, à un juge des libertés et de la détention qui lui a notifié son maintien en détention dans l’attente du mandat d’arrêt. prononcée par le juge d’instruction. Ce lundi, l’ancien employé de Renault a été transporté à Nanterre (Hauts-de-Seine), où il a été entendu par le juge d’instruction à la mi-journée.
“Il est bouleversé”
« Les accusations portées contre lui sont totalement contestées. Il est bouleversé. La justice vient le chercher et lui raconte des faits très anciens. Il est également bouleversé par cette détention», ont déclaré au Parisien ses avocats, Me Émilie Boyé et Pierre-Vincent Connault, du barreau de Dijon. Sa compagne, avec qui il vivait depuis cinq ans, « le soutient totalement », précisent-ils.
Cette double mise en examen marque un pas de géant dans l’enquête sur le meurtre de Nathalie Boyer, une écolière de 15 ans retrouvée la gorge tranchée en 1988, et celui de Laïla Afif, une mère abattue le 12 mai 2000 dans le petit commune de La Verpillière. Selon la fille de ce dernier, Dounia, interrogée dimanche par le quotidien Ouest-France, la victime « connaissait le suspect ». Et de préciser, dans les colonnes du quotidien régional : « Je connais très bien cette famille. Nous sommes amis. Ils sont dévastés en apprenant la nouvelle. »
A Dijon, selon nos informations, Mohammed C. menait depuis au moins cinq ans la vie ordinaire d’un préretraité, dans le quartier des Grésilles où on le voyait chaque jour promener son Yorkie, ou faire un tour sur son véhicule électrique. vélo. Le sexagénaire, au RSA depuis plusieurs années, vivait dans l’appartement de sa compagne. Une existence en apparence paisible, seulement troublée par une réputation de « coureur » qui lui colle à la peau.
Selon un habitant des Grésilles, rencontré au lendemain de son interpellation, Mohammed C., avant de rencontrer sa compagne, « passait de longues journées assis dans son van blanc dans le coin de la laverie. Il avait l’air d’attendre quelqu’un. Nous, les femmes, l’avions repéré. Il m’a un peu fait peur”, nous a-t-elle confié. Un témoignage proche de celui de Dounia, qui décrit dans Ouest-France Mohammed C. comme « un prédateur » qui « parcourait la ville en voiture ». »
Nathalie Boyer, une adolescente réunionnaise, a disparu le 2 août 1988 en fin de journée, à Villefontaine, non loin du domicile de Mohammed C., déjà établi dans la région au moment des faits. L’écolière, qui vivait dans un foyer, rendait visite à sa mère et n’est jamais réapparue. Dans les deux cas, les victimes semblent avoir été récupérées par leur meurtrier dans un abribus.
Mis en examen pour ces deux meurtres, Mohammed C., qui reste présumé innocent, nie « fermement » les faits qui lui sont reprochés, selon ses avocats. Le juge des libertés et de la détention a ordonné son maintien en détention provisoire.