L’ère du pétrole est loin d’être terminée, elle est en train de changer de visage. C’est le triste constat que fait le journal économique Bloomberg dans un long article consacré à l’explosion du secteur pétrolier américain. Elle produit désormais 13,3 millions de barils par jour, soit 48 % de plus que l’Arabie saoudite, connue pour ses immenses gisements souterrains. Et ce chiffre devrait encore augmenter de 600 000 barils par jour en 2025. De quoi ajouter au moins 10 milliards de dollars au produit intérieur brut du pays entre 2023 et 2030, selon McKinsey.
Expérience, schiste et technologie
Passé d’importateur à exportateur net en quelques années seulement, le pays que dirigera bientôt Donald Trump n’est pas seulement devenu le premier producteur mondial, devant la Russie et les pays de l’OPEP. Il le fait avec moins d’un tiers des plateformes dont il disposait autrefois et avec beaucoup moins de travailleurs qu’il y a dix ans. En plus de forer des milliers de puits à travers le pays, les foreurs américains améliorent chaque jour leurs techniques. Forages verticaux dans les schistes, en U ou en fer à cheval, tout est bon pour exploiter les sols du Nouveau Monde, surtout quand.
Quant aux technologies, elles continuent de progresser. Les travailleurs des chantiers de forage sont désormais assistés par un logiciel capable de corriger les trajectoires de forage en une minute. Il faut au moins dix minutes à un être humain pour faire de même. Mais ce n’est pas tout. Fini les enquêtes et analyses manuelles via des études de terrain. Toujours selon Bloomberg, les salariés ont désormais accès à un gigantesque équivalent souterrain de Google Maps en 3D. Il n’a donc jamais été aussi simple de l’extraire.
Le retour des investisseurs
Mais c’est surtout le retour des investisseurs qui a permis au secteur pétrolier d’exploser. Alors qu’ils fuyaient en faveur des technologies vertes, ils rebroussèrent chemin pour voir les profits sortir de terre. Peu importe que les méthodes de fracturation hydraulique soient dénoncées comme ultra-polluantes et dévastatrices pour les populations et pour la planète. Il est également important que les réserves de pétrole soient limitées et que la demande soit stable d’ici 2029, puis diminue. Les Américains forent, fracturent, extraient et vendent pour réaliser des bénéfices à court terme.
Contrairement à la volonté de Joe Biden d’évoluer vers un monde « zéro émission nette », l’incroyable productivité pétrolière des États-Unis pourrait grandement contribuer à réindustrialiser le pays. A quel prix ? Pour l’instant, personne ne semble s’en soucier autant au sein des institutions américaines. Et pour cause, comme le dit David Rodziewicz, spécialiste économique senior à la Federal Reserve Bank (la banque centrale américaine) à Kansas City : « Le secteur de l’énergie est très productif, ce qui a de nombreuses retombées positives sur le reste de l’économie américaine ». Tout va bien DONC.
Canada