Une nouvelle manifestation entraîne quelques échauffourées

(Nairobi) Quelques centaines de personnes se sont rassemblées à Nairobi pour une nouvelle manifestation contre le gouvernement, clairsemée et ponctuée de quelques heurts, au lendemain du retrait du projet de budget qui avait fait descendre la jeunesse kenyane dans la rue et tourné à la catastrophe. mardi du sang.



Mis à jour hier à 11h48



Simon VALMARY

Agence France-Presse

Mercredi, le président William Ruto a cédé aux revendications des jeunes manifestants et retiré le projet de budget impopulaire qui prévoyait de nombreuses taxes, d’abord sur le pain, puis sur le carburant.

Dans la capitale Nairobi, le centre d’affaires n’a pas connu la mobilisation des jours précédents et le large déploiement policier et militaire a clairement dissuadé de nombreux jeunes de manifester.

Quelques échauffourées ont éclaté entre petits groupes jetant des pierres ou tentant d’attaquer des commerces, et la police a répondu avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, ont constaté des journalistes de l’AFP.

PHOTO MONICAH MWANGI, REUTERS

Des policiers arrêtent un manifestant à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024.

« Je suis déçu. Je rentre chez moi. Ce n’est pas notre manifestation, ce n’est pas la Génération Z. [jeunes nés après 1997, NDLR]« Génération Z, nous sommes pacifiques, nous venons avec des téléphones et des drapeaux. Aujourd’hui, il ne s’agissait plus de la génération Z, ce ne sont que des voyous», a déploré Daniel, un étudiant en informatique de 23 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Les routes menant à de nombreux bâtiments officiels, au palais présidentiel et au Parlement, avaient été bloquées par mesure de précaution deux jours après l’assaut du Parlement par les manifestants.

PHOTO LUIS TATO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des policiers kenyans se tiennent devant un barrage routier rendant inaccessible l’une des routes menant au palais présidentiel et au parlement, à Nairobi, le 27 juin 2024.

Des manifestations ont également eu lieu dans les bastions de l’opposition de Mombasa (est) et de Kisumu (ouest), rassemblant plusieurs centaines de personnes.

Mardi, après deux premiers jours de mobilisation sans heurts majeurs pour protester contre les nouvelles taxes prévues par M. Ruto dans son projet de budget 2024-25, la manifestation à Nairobi a dégénéré près du Parlement. Certains bâtiments ont été incendiés et saccagés et la foule a été durement réprimée.

Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles pour contenir les manifestants qui ont forcé les contrôles de sécurité à pénétrer dans le complexe de l’Assemblée nationale et du Sénat, une attaque sans précédent dans l’histoire du Kenya, indépendant depuis 1963.

Après deux morts le 20 juin à Nairobi, le bilan des manifestations de mardi s’élève à 22 personnes tuées, dont 19 à Nairobi, et plus de 300 blessées, a indiqué l’organisme kenyan des droits de l’homme (KNHRC).

PHOTO MONICAH MWANGI, REUTERS

Des policiers arrêtent un homme lors d’une manifestation à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024.

” Effrayant ”

Selon des journalistes de l’AFP, la plupart des manifestants présents jeudi étaient des hommes.

“Dehors, ça a l’air effrayant”, a expliqué Margaret, 26 ans, expliquant pourquoi elle n’est pas sortie manifester après avoir participé aux trois jours d’action précédents. Elle a préféré ne pas prononcer son nom de famille et a déclaré : « Les soldats sont sortis en grand nombre ».

Au-delà du projet de budget, le mouvement de contestation s’est transformé en une dénonciation plus large de la politique de William Ruto, élu en 2022 avec la promesse de favoriser la redistribution vers les classes populaires.

PHOTO SIMON MAINA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président kenyan, William Ruto, s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse à la State House à Nairobi le 26 juin 2024.

Mercredi, une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, a appelé à de nouvelles manifestations jeudi lors d’une marche silencieuse « pacifique » à la mémoire des victimes.

Quelques heures plus tard, William Ruto, qui avait affirmé la veille vouloir réprimer fermement « la violence et l’anarchie », a finalement annoncé le retrait du projet de budget, et dit vouloir une consultation nationale avec les jeunes.

Une annonce immédiatement qualifiée d’« opération com » par Hanifa Adan, et accueillie avec méfiance par nombre de manifestants, comme Lucky, 27 ans, qui dit ne pas « faire confiance à Ruto ».

PHOTO MONICAH MWANGI, REUTERS

Un homme lors d’une manifestation à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024.

Dette

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exigé mercredi que les responsabilités soient « clairement » établies après la mort de manifestants.

Le gouvernement justifie les nouvelles taxes par le poids de la dette : « Comment pouvons-nous gérer ensemble notre situation d’endettement ? », s’est interrogé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget. Selon lui, il manque notamment d’argent pour financer des programmes en faveur des agriculteurs et des enseignants.

La dette publique du Kenya s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (104 milliards CAN), soit environ 70 % du PIB. Le budget 2024-25 prévoit des dépenses de 4 000 milliards de shillings (43 milliards CAN), un record.

 
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