Manifestations au Kenya | La police tire des gaz lacrymogènes – .

(Nairobi) La police kenyane a tiré jeudi des gaz lacrymogènes sur de petits groupes de manifestants à Nairobi, au lendemain de l’annonce par le président Williem Ruto du retrait de son projet de budget après la journée de protestation de mardi qui a dégénéré en violences meurtrières dans la capitale.


Publié à 7h16



Simon VALMARY

Agence France-Presse

Si les précédentes journées de mobilisation réclamant la suppression de ces nouvelles taxes s’étaient déroulées dans le calme, la manifestation de mardi à Nairobi a tourné au bain de sang, notamment autour du Parlement, dont certains bâtiments ont été incendiés et saccagés.

Face à la mobilisation, le président Ruto a annoncé mercredi le retrait du projet de budget.

Mais cela n’a pas dissuadé les manifestants, qui se sont également rassemblés dans les fiefs de l’opposition de Mombasa (est) et Kisumu (ouest).

PHOTO MONICAH MWANGI, REUTERS

Des policiers ont arrêté un manifestant à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024.

Au-delà du projet de budget, le mouvement de contestation s’est transformé en une dénonciation plus large de la politique de William Ruto, élu en 2022 avec la promesse de favoriser la redistribution vers les classes populaires.

Quelques échauffourées ont éclaté à la mi-journée à Nairobi entre la police, déployée en nombre dans les rues du centre-ville, et des petits groupes de manifestants. Au moins trois personnes ont été arrêtées, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des policiers en tenue anti-émeute ont bloqué jeudi l’accès aux routes menant à la State House – le palais présidentiel – et au Parlement.

PHOTO LUIS TATO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des policiers kenyans se tiennent devant un barrage routier rendant inaccessible l’une des routes menant à la State House, à Nairobi, le 27 juin 2024.

Lors de la précédente mobilisation mardi, la police avait, selon plusieurs ONG, tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule qui a forcé les barrières de sécurité à pénétrer dans le complexe de l’Assemblée nationale et du Sénat, une attaque sans précédent dans l’histoire du Sénat. pays indépendant depuis 1963.

Au total, 22 personnes ont été tuées dans la journée, dont 19 à Nairobi, et plus de 300 blessées, a indiqué l’organisme kenyan de défense des droits de l’homme (KNHRC).

« Un terrain inconnu »

Jeudi, un peu plus tôt dans la matinée, dans le centre d’affaires de la capitale, où de nombreux commerces restaient fermés, Moe, employé dans une parfumerie, avait baissé le rideau. “Nous ne savons pas ce qui va se passer […] Nous ne pouvons pas prendre de risques», a-t-il déclaré à l’AFP.

« Pourquoi ont-ils dû tuer ces jeunes ? Ce projet de loi ne vaut pas la peine que des gens meurent pour […] Certaines personnes sont en colère et pourraient vouloir se venger”, déplore-t-il devant sa parfumerie, ajoutant : “Nous sommes en territoire inconnu.”

Mercredi, une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, a appelé à manifester à nouveau jeudi lors d’une marche blanche “pacifique” à la mémoire des victimes.

Quelques heures plus tard, William Ruto, qui la veille avait affirmé vouloir réprimer fermement « la violence et l’anarchie », annonçait finalement le retrait du projet de budget, et disait vouloir une consultation nationale de la jeunesse.

PHOTO SIMON MAINA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président kenyan, William Ruto, s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse à la State House à Nairobi le 26 juin 2024.

Une annonce immédiatement qualifiée d’« opération de communication » par Hanifa Adan, et accueillie avec méfiance par un certain nombre de manifestants, comme Nelly, 26 ans, qui a déclaré à l’AFP vouloir se joindre à cette marche, jugeant le retrait du projet du budget annoncé. par le président « trop faible, trop tard ». “Il aurait pu le faire plus tôt sans que des gens ne meurent”, a-t-elle déclaré.

« Nous marcherons pour un avenir meilleur au Kenya », a-t-elle ajouté.

Le président de l’Association médicale du Kenya, Simon Kigondu, a déclaré qu’il n’avait jamais vu avant mardi « un tel niveau de violence contre des personnes non armées ».

Dette

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exigé mercredi que les responsabilités soient « clairement » établies suite à la mort des manifestants.

Le gouvernement, qui estime que les nouvelles taxes sont nécessaires pour donner une certaine marge de manœuvre au pays très endetté, a annoncé le 18 juin qu’il retirait la plupart de ces mesures. Mais les manifestants réclamaient le retrait complet du texte.

PHOTO MONICAH MWANGI, REUTERS

Un homme lors d’une manifestation à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024.

« Comment pouvons-nous gérer ensemble notre situation d’endettement ? » a demandé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget.

Il était particulièrement préoccupé par un déficit important dans le financement des programmes destinés aux agriculteurs et aux enseignants.

Le gouvernement « devra désormais trouver un moyen de pacifier deux forces opposées : une population prête à recourir à la violence pour protéger ses moyens de subsistance, et une trajectoire macroéconomique qui, en l’absence d’un soutien multilatéral considérable, se dirige vers le précipice », selon à une analyse de l’Oxford Economics Institute.

La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (104 milliards de dollars canadiens), soit environ 70 % du PIB. Le budget 2024-2025 prévoyait des dépenses de 4 000 milliards de shillings (42 milliards de dollars canadiens), un record.

 
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