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L’une des rares visites de Kim Jung Un hors de son pays a été pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine en avril 2019.
CORÉE DU NORD – Rendre un service ne se fait pas sans compensation. Alors que les troupes nord-coréennes ont été envoyées dans la région russe de Koursk, à la frontière avec l’Ukraine, les données recueillies par l’Open Source Centre, un centre de recherche britannique à but non lucratif, montrent que plus d’un million de barils de pétrole ont été fournis par la Russie à la Corée du Nord. . Des ressources dont le pays, sous sanctions internationales, a cruellement besoin.
Les images satellite analysées par le groupe de recherche et diffusées à la BBC répertorient une douzaine de pétroliers nord-coréens différents qui sont arrivés, les traceurs éteints pour éviter d’être détectés, dans un terminal pétrolier de l’Extrême-Orient russe. D’autres images montrent des navires nord-coréens arrivant vides à Vostochny, en Russie, et repartant presque pleins. Au total, 43 voyages de ce type ont été enregistrés, et le dernier transfert a eu lieu le 5 novembre, selon l’enquête approfondie de l’Open Source Center.
« Tandis que Kim Jong Un fournit à Vladimir Poutine une bouée de sauvetage pour poursuivre sa guerre, la Russie fournit discrètement à la Corée du Nord sa propre bouée de sauvetage. »souligne Joe Byrne, membre du groupe de recherche.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a également confirmé à la BBC que ces barils étaient un moyen pour la Russie de compenser la Corée du Nord pour son aide sur le front : « Pour poursuivre les combats en Ukraine, la Russie est devenue de plus en plus dépendante de la Corée du Nord. [et obtient] des troupes et des armes en échange de pétrole »a-t-il assuré. Cette situation a « un impact direct sur la sécurité dans la péninsule coréenne, en Europe et dans la région Indo-Pacifique »a ajouté le député gouvernemental.
Le pétrole russe, une aubaine pour Pyongyang
Ces transferts violent les sanctions des Nations Unies, qui interdisent aux pays de vendre du pétrole à la Corée du Nord, sauf en petites quantités. L’objectif ? Étouffer son économie et l’empêcher de continuer à développer des armes nucléaires. La Corée du Nord est le seul pays au monde à ne pas être autorisé à acheter du pétrole sur le marché libre. Le nombre de barils de pétrole raffiné qu’il peut recevoir est plafonné par les Nations Unies à 500 000 par an, un niveau bien inférieur à ses besoins estimés de 9 millions de barils par an.
Le flux établi avec la Russie « donne à la Corée du Nord un niveau de stabilité qu’elle n’a pas connu depuis l’introduction de ces sanctions »souligne Joe Byrne. En effet, si dans la vie quotidienne les Nord-Coréens dépendent du charbon pour survivre, l’armée a besoin de pétrole. Le diesel et l’essence sont utilisés pour transporter les lanceurs de missiles et les troupes à travers le pays, pour faire fonctionner les usines de munitions et pour alimenter les voitures de l’élite de Pyongyang, explique la BBC.
Pour subvenir à ses besoins, la Corée du Nord achète du pétrole au marché noir. Une activité coûteuse et risquée puisqu’elle nécessite de transférer du pétrole entre navires en mer, explique Go Myong-hyun, chercheur à l’Institut sud-coréen pour la stratégie de sécurité nationale. «Maintenant, Kim Jong Un obtient directement du pétrole, probablement de meilleure qualité, et il y a de fortes chances qu’il l’obtienne gratuitement, en échange de munitions. Quoi de mieux que ça ? »
Et avec la signature du pacte de défense entre les deux pays, l’aide russe à la Corée du Nord pourrait aller au-delà du pétrole. Le mois dernier, le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Yong-hyun, a déclaré qu’il y avait un « forte probabilité » que la Corée du Nord demande à la Russie de l’aider à améliorer ses missiles balistiques.
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