qui sont ces jeunes CSP+ qui votent Jordan Bardella ? – .

qui sont ces jeunes CSP+ qui votent Jordan Bardella ? – .
qui sont ces jeunes CSP+ qui votent Jordan Bardella ? – .

+9 points. C’est la progression de la liste Rassemblement National entre les élections européennes de 2019 et 2024. Mais ce chiffre, tiré de l’« OpinionWay pour Les échos », ne mesure pas la progression du parti de Jordan Bardella parmi l’ensemble des Français (qui n’est que de 8 points) mais parmi ceux des catégories socioprofessionnelles supérieures ; c’est-à-dire les cadres du secteur privé, les chefs d’entreprise, les professions intellectuelles, etc.

De son côté, Luc Rouban, politologue au Cevipof, a mené une enquête le 5 mai (pour Le monde, Fondation Jean Jaurès, Institut Montaigne et Ipsos) parmi la population cadre réduite à la tranche d’âge 18-34 ans. On apprend que le RN arrive en tête, avec 16 % des intentions de vote, devant Renaissance avec 15 %.

On peut donc s’interroger sur les raisons de voter pour un parti qui promet de renverser la situation, alors que votre situation professionnelle et économique vous promet un avenir rassurant. Car être cadre, c’est faire partie des Français qui ne vivent pas la crise. Ils ne connaissent pas le chômage (environ 4%, soit près de deux fois moins que la population générale). Selon l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), le salaire médian des cadres (fixe + variable) s’élève à 52 000 euros brut par an. Ce qui les place dans les 10 % des Français les plus riches (et tout près des 5 %, dont le seuil est de 53 000 euros selon l’Insee).

« Les pays multiethniques ne fonctionnent pas »

Nous avons interviewé des jeunes CSP+ qui ne croient plus au futur tracé par les soi-disant partis de gouvernement. Pour Pedro (le prénom a été changé), 33 ans, c’est la peur du remplacement démographique qui explique son choix pour le RN. Il est économiste dans une organisation internationale, et ne craint donc pas son propre déclassement, lui qui se décrit comme un “bourgeois”. « Je ne veux pas grandir dans un pays où la religion prend plus de place qu’aujourd’hui, où les religieux sont majoritaires, un pays de plus en plus sexiste et violent. »

Pedro est né portugais-brésilien et a été naturalisé français en 2019. “J’ai vu ce qui se passait au Brésil mais aussi aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud, des pays multiethniques, ça ne marche pas parce que les gens se détestent”, il pense savoir. D’abord sans nommer l’Islam, il finit par le désigner comme l’objet principal de ses craintes.

Pedro vit avec son mari dans leur appartement du XIe quartier de Paris. Quand on rappelle qu’en 2021, au Parlement européen, le RN a voté contre une résolution visant à dénoncer les violations des droits des citoyens LGBT+ en Hongrie, mais aussi contre une déclaration visant à faire de l’Union européenne une zone de liberté LGBT+, il répond que bien sûr, « Avec un gouvernement RN, la situation des LGBT+ sera pire que sous Emmanuel Macron, mais c’est le prix à payer pour que la France reste telle qu’elle est, pour éviter la semi-guerre civile qu’on commence à voir. savoir “.

Même l’agression homophobe survenue le soir des élections européennes, largement relayée par les médias, au cours de laquelle un groupe d’individus, dont le président du GUD et le fils d’un ancien cadre du RN, a déclaré : « J’attends ça avec impatience dans trois semaines [et l’accession espérée du RN au pouvoir, NDLR]nous pouvons briser le PD autant que nous le voulons »Cela ne semble pas effrayer Pedro. « Oui, tous les homophobes blancs votent sûrement RN mais ils ne représentent pas le plus gros risque. Autour de moi, les gays agressés étaient toujours par des personnes racisées, jamais par des Blancs. » Dans le même temps, Pedro admet qu’il ne dispose pas de statistiques pour étayer cette théorie.

Alexis (le prénom a également été modifié) n’invoque pas le risque de remplacement mais la disparition de l’État dans certains territoires pour justifier son vote en faveur du RN. Il se définit comme un transfuge de classe, issu du monde rural. Il a bénéficié d’une bourse sur critères sociaux tout au long de sa scolarité, qui l’a conduit à Sciences Po Paris. Aujourd’hui fonctionnaire, il dénonce le déséquilibre qui s’est installé dans l’offre de transports, de culture ou encore de soins de santé, entre les centres-villes des métropoles et les campagnes qu’il considère abandonnées par les différents gouvernements successifs.

Pour lui, l’immigration n’est que secondaire dans son choix. En revanche, le retour de commande est indispensable. L’État devrait réinvestir tous les services publics, en particulier la justice qu’il juge impuissante et indolente. « Aujourd’hui en France, si on se fait agresser, le gars a peu de chance d’aller en prison. C’est quand même fou ! »

Et d’ajouter : « Je sais que je suis privilégié, j’ai un revenu décent qui me place en CSP+ et qui me permet d’avoir le luxe de consacrer du temps aux loisirs. Je vote RN avec une vision d’intérêt général. »

Le macronisme est aujourd’hui pour certains associé au fatalisme face à une mondialisation incontrôlée

Luc Rouban, politologue

Le vote RN, un vote qui peut donc être altruiste ? Nous avons posé la question à Luc Rouban, politologue, pilote de l’enquête Cevipof citée plus haut et spécialiste du vote RN. « Altruiste, je ne sais pas, mais il peut y avoir une volonté de cohésion. La volonté de reconnecter l’État providence et les droits politiques, la citoyenneté, ce qui est actif et qui participe à la communauté nationale, sans s’en extraire. » Et le directeur de recherche d’ajouter : « Chez les électeurs RN, il y a cette idée que certains Français bénéficieraient des aides sociales alors même qu’ils ne souhaitent pas adhérer au projet sociétal. »

Selon lui, chez les jeunes CSP+, la dévalorisation des diplômes est un argument récurrent. « Il y a donc une forme de déception face au macronisme qui avait pour but de parler aux jeunes, de leur offrir une mobilité sociale. » Selon lui, les jeunes ont cette attente libérale en faveur de la liberté d’entreprendre qu’Emmanuel Macron a pu promettre sans l’offrir à une partie des Français. «Le macronisme est aujourd’hui pour certains associé au fatalisme face à une mondialisation incontrôlée, dont l’immigration est l’une des représentations. »

Sympathisant du RN mais tenté par les mesures salariales du Nouveau Front populaire

Luc Rouban met en garde contre les raccourcis. Il est évident que les Français (pour ceux qui ont voté) ne sont pas tous devenus racistes le 9 juin. En revanche, ils sont nettement plus attachés à reprendre la main sur leur avenir. « Pour eux, le vote RN, c’est avant tout un retour au volontarisme en politique. »

D’ailleurs, que ce soit Pedro ou Alexis, tous deux n’attachent pas beaucoup d’importance au programme économique du RN. Pedro, l’économiste, le reconnaît : « Dans ce domaine, leur programme est plein de choses floues. Alors oui, j’aurais préféré qu’ils aient un programme solide mais on ne peut pas tout avoir chez un candidat et j’ai choisi ma priorité. »

Quant au fonctionnaire, il reconnaît que les zigzags du président du RN sur la réforme des retraites l’ont un peu échauffé. Pour lui, ne pas revenir sur cette réforme serait une erreur. Jordan Bardella, s’il devient Premier ministre, a finalement assuré qu’il comptait l’abroger à l’automne. « J’étais aussi favorable à la retraite à points, celle initialement proposée par Emmanuel Macron, qui me paraissait plus juste socialement », précise Alexis. Il se dit même attentif à ce que propose le Nouveau Front populaire, et pourrait à terme se laisser séduire par les mesures d’augmentation des salaires formulées par le bloc de gauche : +14% du Smic et indexation des salaires à l’inflation. . Pour lui, l’important est « que le travail paie ». Preuve que la partie du 7 juillet prochain n’est pas terminée.

 
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