« C’est un Euro problématique en ce qui concerne les supporters » – Euro 2024 – Gr. C – Serbie-Angleterre – .

« C’est un Euro problématique en ce qui concerne les supporters » – Euro 2024 – Gr. C – Serbie-Angleterre – .
« C’est un Euro problématique en ce qui concerne les supporters » – Euro 2024 – Gr. C – Serbie-Angleterre – .

Pourquoi le match entre la Serbie et l’Angleterre est-il classé comme à haut risque ?

D’abord parce que les Anglais sont visés depuis des années. Ils vivent du lourd héritage des hooligans et sont donc victimes de leur réputation. Ensuite, parce que l’équipe serbe est connue pour compter quelques centaines de supporters à risque, entre 200 et 300 même si c’est difficile à estimer. Ils se sont fait remarquer à plusieurs reprises, leur coup d’État a eu lieu contre l’Italie en 2010, où ils ont fait arrêter le match pour avoir lancé des fumigènes. Cela montrait leur pouvoir de nuisance alors qu’ils n’étaient que 200. Enfin, il y a aussi les hooligans allemands qui veulent accrocher la médaille au « tableau d’honneur » pour avoir attaqué les Anglais. La cible numéro un reste l’Angleterre, les Serbes sont secondaires pour eux.

Pourquoi les Anglais sont-ils toujours autant visés ?

Ceci doit être analysé au prisme du complexe d’Œdipe. Lors de l’Euro 2016, l’objectif des Russes était de tuer symboliquement le père pour montrer qu’ils étaient les nouveaux maîtres du hooliganisme. Cela a fonctionné, à l’échelle internationale, on parle encore de cet événement. Les Anglais restent, à contrecœur, la cible des partisans radicaux. Il existe une mode qui voit une petite partie des supporters traditionnels anglais s’habiller en occasionnel, ce qui donne l’impression qu’ils arrivent avec des intentions violentes. Hier encore, à Cologne, j’ai vu des groupes se promener occasionnel qui n’avaient pourtant pas le physique, la technique ou l’organisation des spécialistes de la violence. A Marseille, il y en avait des centaines occasionnels, mais presque pas de voyous. Il est difficile pour un partisan radical serbe de savoir si son opposant est violent ou non.

Les Serbes ne sont pas les plus violents, mais les plus difficiles à déjouer, ils savent très bien éviter les forces de l’ordre.

Pour le cas serbe, peut-on parler de hooliganisme ?

C’est difficile parce que la Serbie est un univers à part. La Yougoslavie ne faisait pas partie du bloc soviétique, mais si on l’intègre à l’ensemble du bloc communiste, elle est le premier pays hors Pacte de Varsovie à retrouver le modèle ultra. Belgrade et Split connaîtront les premiers groupes ultras du pays au début des années 1980, par exemple Torcida se transformera progressivement d’un club de supporters en groupe ultras tout en intégrant des éléments du supporterisme anglais. La violence existait avant le match Dinamo Zagreb-Étoile Rouge de 1990 et a été exacerbée par le nationalisme. De là à dire qu’il y avait des bandes de hooligans comme il y en avait en Allemagne ou dans les pays d’Europe de l’Est, c’est plus complexe. Ce sont des partisans plus radicaux, qui gardent l’héritage de ces violences et de la colère propre à l’ex-Yougoslavie. Il n’y a presque pas de hooligans, mais une union des différents ultras du pays, ceux des grands clubs, Partizan et Red Star, mais aussi des plus petits comme Zemun ou Vojvodina et des clubs communautaires serbes d’autres pays, comme ceux de Borac à Banja. Luka en Bosnie-Herzégovine. Pour l’euro, cela peut être accru par la forte diaspora serbe en Allemagne et en Suisse.

Sont-ils les participants les plus violents de l’Euro ?

Ils sont moins nombreux que les Hongrois et les Allemands bien sûr. Mais ils ont une organisation assez incroyable. Il suffit de rappeler le coup d’État des Delije (groupe Red Star) qui ont attaqué et volé la bâche des Fedayn (groupe AS Roma) en février 2023. C’était un acte important car les Fedayn sont amis avec les Bad Blue Boys (Dinamo groupe de Zagreb) et cela a suffi à envoyer un message aux deux : “ Assumez votre amitié, quelqu’un pourrait tomber sur vous à tout moment. » Dans l’inconscient des partisans radicaux, c’est resté dans les têtes, des partisans hongrois m’en ont parlé samedi. Ce ne sont pas les plus violents, mais les plus difficiles à déjouer, ils savent très bien éviter les forces de l’ordre.

La police allemande est extrêmement prudente, car elle est habituée aux partisans radicaux.

Pourrait-on se retrouver avec les mêmes incidents que lors de Angleterre-Russie à l’Euro 2016 ?

Je ne le pense pas car c’est la pire violence que j’ai vue en Europe depuis 20 ans. Il s’agit d’un désastre sécuritaire qui ne se reproduira sûrement pas. La police française était très mal préparée et ciblait principalement les supporters anglais, alors que ce sont 70 à 80 hooligans russes qui semaient la zizanie. La police allemande se trouve à un autre niveau de préparation en matière de gestion des supporters. Elle est extrêmement prudente, car elle est habituée aux partisans radicaux. Gelsenkirchen, ce n’est pas Marseille, c’est beaucoup plus petit, et comme la police est présente dans tous les commissariats, ça devrait aller. Attention, elle fait aussi des erreurs. Samedi, 90 ultras de l’équipe nationale italienne ont été arrêtés pendant 10 heures pour rien, la grande majorité d’entre eux avaient des billets et n’ont pas pu voir le match. C’est une atteinte aux libertés publiques. En 2016, les violences au stade Vélodrome ont été minimisées, chose impossible en Allemagne car l’organisation de la police ne permettait pas les mouvements de foule. La police française est forte avec les faibles, faible avec les forts.

Quels sont les autres matchs à risque ?

C’est un Euro à 24 équipes avec de nombreux petits pays, c’est donc un Euro problématique en ce qui concerne les supporters. Il est très facile de rejoindre l’Allemagne, on peut alors voyager dans tout le pays pour seulement 49 euros, et tous les partisans radicaux le savent. Ceux-ci se sont réorganisés depuis le Covid et sont plus violents. L’Allemagne-Hongrie pourrait s’avérer inquiétante. Une invasion de partisans polonais est attendue contre l’Autriche avec des risques d’affrontements entre coalitions de partisans radicaux polonais. Pourquoi ne pas imaginer des partisans radicaux russes s’en prendre aux Ukrainiens, de même que l’importante diaspora turque en Allemagne sur la question du conflit à Gaza. La Géorgie est moins connue, mais avec une trentaine de partisans ultranationalistes radicaux, elle pourrait potentiellement être une cible.

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