Cette semaine, le président de Verte veut s’échapper. Problème : pour s’offrir un billet de train, il va falloir casser sa tirelire. Cliquez ici pour (ré)écouter cette chronique diffusée sur France inter le 13 novembre 2024.
Mathieu Vidard : Juliette, je sens que tu es agitée aujourd’hui. Avez-vous réservé vos billets de train pour Noël ?
Je ne sais pas pour vous Mathieu, mais avec toutes les bonnes nouvelles de ces dernières semaines, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, les déplacés climatiques et les inondations en Espagne, j’avais envie pour décoller et réserver mes prochaines vacances, en train bien sûr !
Alors je suis allé sur le site de la SNCF et là – badaboum – je suis tombé de ma chaise. On m’a proposé un vol Paris-Strasbourg le 21 décembre pour la coquette somme de 130 euros. « Mais pourquoi le train est-il si cher ? », me suis-je demandé, comme beaucoup d’entre vous. Ça tombe bien, car ma collègue Anne-Claire Poirier s’est penchée sur le sujet dans Verte.
Déjà, cher ou bon marché, cela dépend de quel train on parle. Les TER, ces trains express régionaux, sont relativement bon marché, car subventionnés par les régions qui paient les deux tiers de nos billets.
Les Intercités, ces grandes lignes à vitesse modérée, sont soutenues par l’État à hauteur de 25 % du prix du billet.
Et pour le TGV, Juliette ?
C’est là que réside le problème. Pour ces trains à grande vitesse, les prix peuvent monter en flèche. Le TGV ne bénéficie d’aucune subvention, même si la TVA est réduite à 5,5%. C’est surtout le prix du péage ferroviaire, destiné à financer l’entretien du réseau, qui coûte cher. Cela représente environ 40% du prix du billet.
Au-delà des coûts fixes, la SNCF fixe ses tarifs de manière dynamique, en utilisant la gestion du rendementun terme complètement barbare qui signifie que la tarification se fait en temps réel. C’est simple : plus un voyage est réussi, plus les prix montent. Et c’est souvent ce qui rend les gens fous.
Bon, le TGV coûte peut-être cher, mais par rapport à quoi ?
C’est LA question qu’il faut se poser, Mathieu. Car, lorsqu’il s’agit de voyager à l’autre bout de la France ou de visiter un pays voisin, l’avion gagne souvent la bataille du portefeuille. Selon une enquête de Greenpeace, un billet de train coûte en moyenne 2,6 fois plus cher qu’un billet d’avion.
Pour quoi ? Les compagnies aériennes ne paient pas de taxe sur le kérosène ni de TVA sur les vols internationaux, et la TVA est réduite à 10 % sur les vols intérieurs. Pourtant, les auditeurs d’Earth Squared le savent bien, l’avion n’est pas l’ami de la transition écologique. Pour un trajet entre Rouen (Seine-Maritime) et Toulouse (Haute-Garonne), l’avion génère en moyenne 65 fois plus de gaz à effet de serre que le train, selon les calculs de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
De son côté, la voiture n’est pas forcément plus économique. Lorsqu’on prépare un voyage, on oublie souvent de compter, outre l’essence et les péages, l’amortissement de l’achat du véhicule, l’entretien et l’assurance qui représentent en moyenne 350 euros par mois, soit 4 300 euros par an, selon le Climat. Réseau d’action.
Ainsi, si vous êtes seul dans votre voiture, un trajet vous coûtera en moyenne 18 euros aux 100 kilomètres, et 21 euros avec les péages, tel que mesuré par l’Autorité de régulation des transports. Divisez par deux, si vous êtes deux. En TGV, ce sera 11,60 euros pour 100 kilomètres.
La grande différence, c’est que le train ne nous permet pas d’aller partout et que le réseau ferroviaire perd des kilomètres chaque année. A l’inverse, l’argent public encourage toujours l’automobile en soutenant la construction de nouvelles routes, voire d’autoroutes. Autant dire que nous ne sommes qu’au tout début de notre grand voyage vers la mobilité douce.
Quant à moi, j’ai fini par me ruiner pour m’acheter un billet pour les vacances mais, au moins, je l’ai fait en ayant toutes les informations en tête.
???? Vert est sur France inter ! Tous les mercredis à 14h50, retrouvez une nouvelle chronique d’actualité de nos journalistes Loup Espargilière et Juliette Quef en direct de La Terre au carré.