l’essentiel
L’ambassadeur d’Ukraine en France, SEM Vadym Omelchenko, était en visite à Toulouse mardi et mercredi. Rencontres institutionnelles, académiques, industrielles ou rencontres avec des représentants d’une communauté ukrainienne comptant environ 3 000 ressortissants en Occitanie, mais aussi dîner avec des déplacés et vétérans de Marioupol accueillis en stagiaire par le chef Thierry Marx : en marge d’un agenda dense, le diplomate a également a évoqué avec La Dépêche la période d’incertitude qui s’ouvre suite à l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Dans les relations franco-ukrainiennes, Toulouse a un statut historique particulier : la ville rose est jumelée depuis près de 50 ans avec Kiev, la capitale ukrainienne. Et hier et mardi, elle a reçu l’ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko. “Maintenir le très fort niveau de soutien que nous avons en France” est l’objectif de ses visites dans la région, explique ce dernier.
Programme institutionnel chargé, entre préfecture, hôtel régional et Capitole ; rencontres d’industries et d’entreprises stratégiques en vue de la reconstruction ; des universités de Toulouse ou, au CHU Purpan, des médecins urgentistes accompagnant « des soignants ukrainiens en médecine de catastrophe »… Au détour de cette rencontre, l’actualité, c’est aussi l’incertitude que fait peser l’Ukraine et l’Europe sur le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
« Nous travaillerons ensemble… »
Diplomate par définition, Vadym Omelchenko ne dit rien de plus que son président et son ministre des Affaires étrangères à propos de la première conversation téléphonique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à laquelle s’est invité Elon Musk : « début positif, nous travaillerons ensemble. » Mais la promesse trumpienne de paix dans les 24 heures avec la Russie reste « une belle idée difficile à mettre en œuvre, comme l’a dit notre président », conclut l’ambassadeur.
En attendant ? La période qui s’ouvre relance en effet la position française au sein de l’UE et de l’OTAN, constate-t-il. « Je voudrais dire que le président Macron avait prévu cette incertitude depuis longtemps, lorsqu’il avançait son idée d’une sécurité européenne autonome comme une nécessité stratégique », rappelle Vadym Omelchenko pour qui « la France reste incontestablement le leader de l’Europe ». Union européenne ». Mais « certains pays européens ne comprennent malheureusement pas sa position », regrette-t-il. Refusant cependant de nommer un quelconque cheval de Troie, même hongrois, il prévient : « Certes, il n’y en a pas beaucoup, mais suffisamment pour l’objectif de Poutine : détruire la solidarité européenne. »
Coopération de défense
Face à cette menace ? Désormais, « la France et l’Ukraine se considèrent comme des partenaires stratégiques pour le développement de la coopération autour de l’armement », souligne le diplomate qui a rencontré mardi les représentants des industries de défense. Retour d’expérience des Ukrainiens sur les armes françaises en conditions réelles de combat, amélioration des équipements en conséquence, mais aussi entraînement près de Reims des 2 500 premiers soldats de la Brigade Anne de Kiev, qu’il voit ce jeudi… Un jour, il a dit que « selon nos militaires, le canon CAESAR est le meilleur au monde », l’urgence demeure : « nous avons besoin de plus d’armes et de munitions » tandis que « la Corée du Nord et l’Iran fournissent à la Russie trois fois plus d’obus et de missiles que l’ensemble de nos partenaires occidentaux.
Vadym Omelchenko cite ensuite Churchill face à Roosevelt en 1939 : « donnez-nous des armes et nous finirons le travail ». Sans oublier De Gaulle du 18 juin pour évoquer l’Ukraine d’aujourd’hui : « La France n’est pas seule ! Ce n’est pas seul ! Ce n’est pas seul ! n’est pas seul, face à un ennemi qui vise [ses] quartiers résidentiels pour « semer la terreur », « nous n’avons toujours pas obtenu l’autorisation de nos partenaires pour frapper les sites de lancement de missiles et de drones en Russie. C’est ça le problème», regrette le diplomate. Quant à l’aide prioritaire qu’il souhaite aux citoyens français ? « Ne nous oubliez surtout pas », conclut-il.