à Noisy-le-Grand, une nécropole en centre-ville

Par

Augustin Delaporte

Publié le

14 juin 2024 à 6h04

Voir mon actualité
Suivez l’actualité parisienne

Cheveux en désordre et chaussures poussiéreuses, Cyrille Le Forestier déborde de vitalité. Jouer sur la corde raide au-dessus du squelettes de l’importante nécropole des Mastraits de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), l’archéologue de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ne peut rester les bras croisés. « 12 minutes de pause », lance-t-il à ses équipes, entre deux plaisanteries.

Puis, en voyant un petit groupe d’habitués se presser autour des barrières entourant son lieu de travail, les yeux du quinquagénaire pétillèrent. « Ici, il reste une paire de jambes à chercher, dit-il en désignant une fouille. S’il vous en manque, n’hésitez pas à vous aider. » Les observateurs rient et Cyrille Le Forestier repart d’un pas déterminé vers la Maison Marcel-Bou pour tous, laissée à disposition des chercheurs durant le mois de juin.

Des squelettes de l’époque mérovingienne au milieu de la rue

Sous une tente où d’autres archéologues tapent sur leur ordinateur, le quinquagénaire saisit une tasse et y verse un café épais. « C’est une des spécificités de ce projet : tout est numérique, il explique. Les archéologues qui effectuent les fouilles saisissent leurs données sur un smartphone ou une tablette et, grâce à un serveur, elles arrivent directement ici. Cela vous permet d’avoir des notes claires. Il n’y a pas de papiers sur le site. »

Les données calculées par les archéologues responsables des fouilles sont envoyées directement dans une cellule installée dans le jardin de la Maison pour tous Marcel-Bou. (©AD / actualité Paris)

Après avoir bu une généreuse gorgée, Cyrille Le Forestier se dirige vers une tente adjacente, qui abrite un module de fouille pédagogique conçu par l’Association d’Archéologie des Nécropoles (ADN). « Ce qui est extrêmement rare, c’est que la nécropole soit située en centre-ville. Au-delà de l’aspect scientifique de nos publications, notre mission est donc de restituer ce patrimoine aux populations locales, pour rendre l’archéologie abordable. »

En traversant la rue des Mastraits pour revenir sur le site, l’archéologue salue plusieurs riverains qui le connaissent. « En juin, nous avons en général 1000 enfants sur le site. Des bénévoles effectuent également des visites. Nous voulons banaliser la question, pour que ce soit comme aller à la boulangerie », argumente-t-il.

Vidéos : actuellement sur Actu
Des squelettes au centre-ville. (©AD / actualité Paris)

À l’occasion de Journées européennes de l’archéologie (14-16 juin 2024), géré par l’Inrap, sous l’égide du ministère de la Culture, de nombreuses activités y seront proposées. De l’initiation à l’anthropologie aux visites guidées, en passant par les lectures de contes mérovingiens.

Une nécropole de plusieurs milliers de tombes

Employé à l’Inrap depuis 2002, l’homme à la barbe hirsute a participé aux premières fouilles de la nécropole en 2007. « C’est intéressant parce qu’il y a un suivi territorial, les gens me connaissent, on fait vraiment une partie de la ville », commente-t-il.

Et de poursuivre : « Il y a aussi un suivi scientifique, puisque je suis là depuis le début. Nous avons découvert près de 900 sépultures de l’époque des Mérovingiens et des Carolingiens [de 500 à 1200, dit-il]. Et ce qui est fascinant, c’est qu’ils sont très bien conservés. On a l’habitude de voir les vêtements des rois de France, mais ici ce sont les gens, les « vrais gens ». Nous pouvons déterminer l’âge, le sexe, les relations, etc. Cela fournit des informations sur les données démographiques. On y trouve également des boucles de ceinture, des colliers de perles et de très beaux sarcophages qui permettent de comprendre comment les gens travaillent à l’époque. »

Cyrille Le Forestier, qui a débuté l’archéologie à l’université à 18 ans, travaille à l’Inrap depuis 2002. (©AD / actualité Paris)

Même si certains aménagements urbains ne permettent pas d’en être sûr, la nécropole de Mastraits pourrait rassembler près de 5 000 tombesselon le spécialiste de l’Est parisien.

Une analyse approfondie de ce lieu atypique en région parisienne devrait faire l’objet d’unun livre actuel 2026. « C’est tout l’intérêt de notre travail : produire du matériel pour les chercheurs. Nous publions régulièrement, mais un livre peut toucher le plus grand nombre, tout en apportant des données scientifiques importantes. »

Informations pratiques
Journées européennes de l’archéologie, 15 et 16 juin 2024
2 rue des Mastraits, à Noisy-le-Grand

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Toulouse. Incendie d’un appartement au 9ème étage d’un immeuble, deux personnes évacuées aux urgences
NEXT Raphaël Glucksmann estime que l’on assiste à « une tentative permanente de kidnapping de ces élections par l’exécutif »