Plus rien ne va plus. En ces temps de disette judiciaire, la rumeur n’est pas forcément la meilleure alliée des projets, toutes imaginations confondues. Réduction des déficits publics oblige, que deviendra le projet de nouvelle cité judiciaire pour Marseille, comme le souhaite le président de la République Emmanuel Macron sur le chantier Euroméditerranée ? 44 000 m2 plus de 40 étages dans le secteur d’Arenc : le projet empêche les gens de dormir 2 500 avocats au barreau de Marseille qui ne craignent qu’une chose, que le centre-ville soit subitement dévitalisé. L’ancien garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a tenté de les rassurer en affirmant qu’il voyait« le scénario le plus optimal » et s’assurant qu’il « ne laisserait pas le centre-ville de Marseille se dévitaliser « . Des promesses, des promesses ? Ce “ scénario optimal » est-ce toujours d’actualité ?
« Je sais qu’il y a une certaine résistance, mais les magistrats se soucient de cette cité judiciaire. Des engagements ont été pris et aucun retour en arrière n’est prévu pour le moment », a déclaré le nouveau garde des Sceaux Didier Migaud au journal La Provence, lors de sa visite à Marseille le 8 novembre. Pour le nouveau ministre, pas question donc de tirer un trait sur ce projet de refondation.
« Rassembler les tribunaux » dans la nouvelle cité judiciaire de Marseille
Pour le président du tribunal judiciaire de Marseille, Olivier Leurent, interrogé par Nouvelles Publications, il ne peut pas non plus en être autrement. “ A ce stade, il n’y a pas pas de remise en cause du projet. Il existe un réel besoin de regrouper les tribunaux, et surtout de disposer de salles d’audience mieux adaptées, mieux connectées, pour trouver des conditions de travail plus respectueuses des personnels de justice. »
« Je crains que si nous tergiversons, si rien ne se passe, le La justice marseillaise ne se trouve pas encore plus en difficulté. Vous n’êtes pas obligé de traîner », insiste le magistrat. En effet, la ville de Marseille devrait accueillir de nouveaux magistrats et personnels en 2027. « La situation de suroccupation des locaux devient ingérable », nous résumons d’une bonne Source.
Pour le président Leurent, le projet continue même d’avancer : « Nous sommes en phase de pré-programmation avec la cellule immobilière du Ministère de la Justice [l’Agence publique pour l’immobilier de la justice, dite APIJ, NDLR] qui a commencé ses entretiens avec les chefs de pôles ».Le président du tribunal nie tout » freinage ». Un projet qui coûterait cependant au final la somme faramineuse de 450 à 500 millions d’euros.
Inondations régulières, chantiers cassés, salles exiguës, parcours difficile pour les justiciables…
Pour Isabelle Fernandez, secrétaire régionale de l’Unsa-services judiciaires, la même nécessité se dessine.« Cela devient impératif. On est plus en pleine confirmation qu’en arrêt du projet », elle glisse.
Le délégué syndical liste aisément tout ce qui ne va pas au tribunal judiciaire de Marseille : inondations régulières par temps de pluie, chantiers complètement détruits, salles d’audience et de délibérations vétustes ou exiguës, bureaux des juges d’instruction et des juges des enfants exigus, greffes délocalisés, problèmes d’organisation du travail, manque de salles de visioconférence, des itinéraires balisés inexistants pour les justiciables qui cherchent en vain le lieu de leur convocation… Un véritable état des lieux au Prévert dysfonctionnement de la justice. “ C’est d’abord ceux qui l’habitent qui doivent décider pour les autres », elle aime répéter.
La cité judiciaire de Marseille achevée en 2031 ?
Mais pour le président Mathieu Jacquier, rien n’est fait. La pose de la première pierre est loin d’avoir eu lieu et c’est ce n’est qu’en 2031 que ce projet, s’il doit se réaliser, sera achevé. Autant dire que les quelque 1 200 magistrats, greffiers, adjoints, assistants spécialisés, huissiers et autres contractuels du tribunal judiciaire de Marseille devront continuer à vivre dans des palais qui se dégradent. Le président affirme avoir un « projet alternatif » qu’il “ espère pouvoir présenter au Ministre de la Justice avant la fin de l’année ».
Un projet qui coûterait évidemment moins cher. Laquelle aurait trouvé, selon Mathieu Jacquier, l’oreille attentive de Didier Migaud, qui, dans une autre vie, a présidé la Cour des comptes et sait donc ce que signifie l’argent public.
Un autre projet de future cité judiciaire sur le site du Centre Bourse
Ce projet reste à finaliser, avec le soutien attendu du maire de Marseille, Benoît Payan, et celui du président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence, Jean-Luc Chauvin, malgré des arbitrages encore en cours. Leur projet concurrent, s’il voit le jour, serait finalisé sur le site du Centre Bourse, à l’extérieur des Galeries Lafayette, un site actuellement occupé par des enseignes commerciales. 50 000 m2 dont la destination serait entièrement dédiée à la justice et aurait l’avantage de rester en centre-ville.
Des retombées économiques considérables chiffrées par la Chambre de Commerce
La Chambre de Commerce a réalisé une étude d’impact minutieuse en mars 2023, dont il ressort que 180 commerces sont à moins de trois minutes du palais de justice actuel et 580 autres à moins de cinq minutes, que 7 avocats sur 10 sont situés à moins de dix minutes du palais de justice, avec 600 emplois directs, 1 890 avocats et 1 320 salariés, soit plus de 3 800 consommateurs potentiels, sans compter les justiciables. . L’étude estime également les dépenses d’achats de restauration commerciale pour une simple pause déjeuner à 7,4 millions d’euros et les dépenses locales engagées en semaine par les avocats, leurs salariés et plus de 18 millions d’euros par an. fonctionnaires des tribunaux publics à proximité du palais de justice.
La nouvelle cité judiciaire de Marseille en zone inondable ?
« La justice doit rester au centre-ville », insiste le président marseillais. “ Ce serait tout sauf une tour de Babel », plaisante Mathieu Jacquier, qui affirme s’être rendu à plusieurs reprises sur le site concurrent d’Euroméditerranée, où le projet « macronien » doit voir le jour, entre le quai de la Poste de la rue d’Anthoine et la tour. CMA-CGM. Avec l’inconvénient, selon lui, d’être en une zone inondable, à côté du ruisseau des Aygalades, et une exigence évidente de surévaluation.
Interviewé par Nouvelles Publications le 8 novembre, lors de la visite des ministres Didier Migaud et Benoît Retailleau à Marseille, pour annoncer leur plan de lutte contre le crime organiséle maire de Marseille Benoît Payan a indiqué qu’il avait même proposé de contribuer deux écoles au projet de centre-ville. Sera-t-il également écouté ? “ Il faut trouver 50 000 m2mais avons-nous vraiment besoin de 50 000 m2 ? », a relevé, un peu caustiquement, le premier magistrat de la ville.
Le grand commissariat de Marseille toujours à l’ordre du jour
Cela devrait coûter environ 135 millions d’euros et le projet était déjà bien avancé. Depuis deux ans, le contrôleur général Eric Arella est chargé de cette belle mission. Mais voilà que l’ancien patron de la police judiciaire de Marseille, évincé brutalement en octobre 2022, a été nommé chef de la sécurité publique à Monaco le 9 septembre. Interrogé récemment sur l’avancée du projet, il a nié avec force qu’il ait été stoppé. “ Potins! Médisance ! », nous a-t-il répondu.
Le projet de ce nouveau commissariat se poursuit. Son but est de réunira demain tous les états-majors des grands services de police marseillais, actuellement répartis sur plusieurs sites. Le contrat consiste en la construction d’un ensemble immobilier d’environ 44.700 m2 de superficie dimensionnée pour accueillir près de 2 300 postes de travail.
Le projet de la nouvelle préfecture de police de Marseille prend du retard
Trois projets ont même été présélectionnés, mais le choix final n’est toujours pas arrêté, confirme une Source policière. Il y a un retard. Le vainqueur devait être désigné au premier trimestre 2024. Le problème du déménagement de la caserne CRS 54 n’est pas résolu. Les travaux de construction de la nouvelle préfecture de police devaient débuter à l’automne 2024 pour une durée de trente mois en vue d’une mise en service des équipements fin mars 2027. Pour ce projet, comme pour celui de la cité judiciaire, nous sommes donc encore loin de poser la première pierre.
« Pas de coupes budgétaires de la part des dirigeants de Bercy ! », nous espérons
« On espère vivement que Marseille ne subira pas le coup budgétaire des dirigeants de Bercy ! »,commente une Source judiciaire qui rappelle que « Marseille en grand » ne doit pas rester une vaine annonce.
D’autres sources policières, au plus haut niveau, restent cependant très prudentes. De bonne Source, on parle de « projet en stand-by dans l’attente des décisions budgétaires ». « Avec les restrictions, il n’est pas garanti qu’il restera à l’ordre du jour tel qu’il avait été initialement conçu ! »Un autre est ironique :« Nous pourrions donc construire la préfecture de police à côté de l’enceinte judiciaire, ce qui coûterait moins cher, et nous aurions ainsi moins de distance à parcourir pour conduire nos délinquants de la garde à vue au palais de justice ! »
Peut-être une idée à explorer en termes de proximité et d’économies, mais pour l’instant, le grand projet d’hôtel de police reste bien planifié sur le site de Saint-Pierrederrière le cimetière. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône confirme qu’il est loin d’être mort ! Nous n’empruntons donc pas la voie d’un chantier unique et fédérateur pour les deux fers de lance de la justice et de la police marseillaise.