Les réformes économiques de Milei pour l’Argentine franchissent une étape clé

Les réformes économiques de Milei pour l’Argentine franchissent une étape clé
Les réformes économiques de Milei pour l’Argentine franchissent une étape clé

Tel un bulldozer, il avance, et les dégâts collatéraux importent peu. Javier Milei, le président argentin, vient de voir son programme de réformes approuvé par le Sénat. C’est la première fois en six mois de mandat que cet ultralibéral obtient un soutien clair du Parlement. Cela ne s’est pas fait sans difficulté. Les manifestations ont dégénéré à Buenos Aires, la capitale, faisant des blessés et une dizaine d’arrestations.

Ce projet de réforme destiné à déréglementer l’économie du pays doit maintenant revenir devant la Chambre des députés, qui l’a voté en avril imposant des changements importants. Cette fois, la loi devrait être adoptée telle quelle.

La potion fantaisiste du président prévoit des privatisations, une flexibilisation du marché du travail et des incitations controversées aux investissements étrangers dépassant les 200 millions de dollars avec des avantages fiscaux et douaniers pendant trente ans. L’idée est de sortir l’économie argentine de l’ornière en lui imposant une thérapie de choc libérale.

Une aggravation de la situation à court terme

Cette loi est « un accélérateur, un catalyseur pour la reprise de la situation économique », a soutenu mercredi le ministre de l’Économie, Luis Caputo. « Ce gouvernement ne changera pas de cap. L’ordre macroéconomique continuera », a-t-il assuré.

Pour François Faure, économiste responsable des pays émergents chez BNP Paribas, « il n’y a rien de rassurant en Argentine aujourd’hui. Le pays continue de sombrer dans les difficultés.

Les effets à court terme de la politique d’austérité mise en œuvre par Milei depuis son arrivée au pouvoir à la mi-décembre étaient prévisibles : « Un déclin de la croissance, une augmentation du chômage, une forte baisse de la production industrielle et une amélioration de la balance commerciale ». selon l’économiste Patrick Artus, et une augmentation de la pauvreté.

La dévaluation du peso, la libéralisation des prix et des loyers, l’arrêt de certaines subventions comme celles de l’énergie et des transports, et les coupes dans les dépenses publiques pèsent sur l’activité économique à court terme. Il s’agit du « plus grand ajustement budgétaire de l’histoire de l’humanité » comme aime à le répéter Javier Milei, qui porte souvent une tronçonneuse sur scène lors de ses meetings.

Le soutien d’Elon Musk

Certes, le budget de l’État est revenu à l’équilibre au cours des trois premiers mois de l’année, ce qui n’était pas arrivé depuis seize ans. Mais les économistes de JP Morgan s’attendent à une baisse du PIB argentin de 3,6 % cette année. La production industrielle a chuté de 15 % sur un an en avril. Dans la construction, l’activité est en chute libre. Il a chuté de 37 % en avril sur un an.

Si l’inflation a explosé en décembre à 25% sur un mois, la température des prix a encore baissé en avril, avec une hausse tout de même de 8% en un mois. Ce que le gouvernement salue. Mais désormais, 57 % de la population argentine vit en dessous du seuil de pauvreté.

Cela n’empêche pas le président qui se définit comme « anarcho-capitaliste » et « libertaire » d’être soutenu par Elon Musk, le milliardaire américain, fondateur de Tesla et propriétaire de X, l’ancien de Twitter. Cette semaine, l’homme a encouragé les Argentins à « apporter tout leur soutien au président pour mettre en œuvre cette expérience car il est clair que les politiques du passé n’ont pas fonctionné ».

C’est aussi le type de discours que tient Javier Milei. Cette thérapie de choc permettra-t-elle au pays de rebondir ? C’est ce que pense le Fonds monétaire international (FMI) : ses économistes tablent sur une croissance du PIB de 5 % dès l’année prochaine. D’autres sont beaucoup plus prudents. Ceux de Goldman Sachs anticipent une croissance de seulement 1,7 % en 2025, les cicatrices de l’austérité ne s’estompant pas si vite.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV EN DIRECT – Élections législatives : pour François Hollande, « le macronisme, c’est fini » – Libération
NEXT Reconnu coupable du meurtre de sa fille et ex-compagne, il est décédé deux jours après le verdict de son procès