portrait d’un acteur fascinant qui rêvait de jouer autre chose que des monstres

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Peter Lorre dans « M le Maudit » (1931), de Fritz Lang. Image tirée du documentaire d’Evelyn Schels, « Peter Lorre. Derrière le masque du maudit. NÉRO/EVERETT/AURIMAGES/ARTE

ARTE – MARDI 11 JUIN À 00H40 – DOCUMENTAIRE

Dans M le Maudit, c’est un meurtrier d’enfants à l’air tellement enfantin. Un petit homme au physique étrange, avec son visage de bébé et ses yeux exorbités. Un acteur à la prestance incroyable qui, tout au long de sa carrière, a cherché à s’émanciper de la figure du monstre interprétée dans le chef-d’œuvre de Fritz Lang (1890-1976) tourné en 1931. A l’époque, Peter Lorre (1904-1964), né Laszlo Löwenstein, n’avait fait carrière que sur scène, à Vienne puis à Berlin.

Lire la critique (en 2006) : «M le Maudit», de Fritz Lang

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Pourquoi Fritz Lang a-t-il choisi ce jeune acteur, révélé par Bertolt Brecht, pour interpréter un tel rôle ? « Parce que je pensais que personne ne croirait qu’une personne avec un tel physique puisse commettre d’horribles meurtres ! » », a-t-il justifié. En fait, Lorre a peut-être joué dans plus de quatre-vingts films, fait carrière à Hollywood et joué avec les plus grands, mais son rôle dans M le Maudit lui restera fidèle pour le reste de sa vie.

Ce documentaire retrace la vie de ce juif hongrois, un homme complexe caractérisé par l’insondable solitude de ses personnages. Une personne anxieuse depuis l’enfance, orpheline de mère à 4 ans, accro à la morphine. Mais aussi sympathique, moqueur, nostalgique. Et un grand séducteur, marié trois fois.

Grande passion pour le théâtre

Sa grande passion était le théâtre, mais sa rencontre à Berlin avec Fritz Lang a changé sa vie : « J’avais beaucoup de succès sur scène et je ne voulais pas faire de film. Avec un visage comme le mien, comment peut-on espérer une carrière sur grand écran ? » Il suffit pourtant d’un seul rôle, et il est propulsé au rang de star internationale.

En 1932, Lorre était l’un des acteurs préférés d’Hitler, qui, bien entendu, ignorait qu’il était juif. Goebbels lui propose un projet de film. Réponse de Lorre : “Il n’y a pas de place en Allemagne pour deux assassins, Hitler et moi !” » Un tel refus impliquait de quitter rapidement le pays, ce que Lorre fit avec sa première épouse, Celia Lovsky.

Exilé à Paris, il est contacté par l’un des producteurs d’Alfred Hitchcock. Lorre se rend à Londres et accepte le rôle de conspirateur dans L’homme qui en savait trop (1934). Sa carrière est lancée. Repéré par un agent de Columbia qui lui propose un contrat de 1 000 dollars par semaine à Hollywood, Lorre embarque avec sa femme pour les Etats-Unis.

À la recherche de personnages complexes

Il aime sa nouvelle vie californienne, mais il demande à Columbia de lui confier des rôles. “positif”, Lorre continue de briller dans des personnages de savant fou ou de meurtrier. Il recherche des personnages plus complexes, mais Hollywood n’aime pas l’ambiguïté.

Frustré, Lorre a quitté Columbia et a signé avec Century Fox. Plus tard, il déménagerait chez Warner. “Je ne peux pas jouer Clark Gable, mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas jouer un amoureux, un adolescent, un rêveur”, il a dit. Peine perdue.

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Jusqu’à sa mort en 1964 suite à une crise cardiaque, Lorre alterne entre les films de la série B (dont huit de la série Monsieur Moto) entrecoupé de seconds rôles dans des chefs-d’œuvre, dont Le faucon maltais (1941), par John Huston, et Casablanca (1942), de Michael Curtiz.

« Son éternel combat contre la drogue reflétait sa faiblesse », souligne le réalisateur allemand Volker Schlöndorff. En 1951, de retour en Allemagne, Lorre décide d’écrire et de réaliser son propre film. L’homme perdu le voit assumer un nouveau rôle de meurtrier solitaire. Ce sera un échec commercial.

Pierre Lorre. Derrière le masque du maudit, documentaire d’Evelyn Schels (Fr.-Aut., 2024, 53 min). Disponible sur demande sur Arte.tv jusqu’au 8 septembre.

Alain Constant

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