« La question des négociations électorales est presque plus importante que les résultats eux-mêmes »

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La soirée électorale du parti Rassemblement National à Paris, France, le 9 juin 2024. DANIEL DORKO / HANS LUCAS VIA AFP

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Entretien Lukas Macek, chercheur à l’Institut Jacques-Delors, analyse la montée de l’extrême droite et les possibles recompositions au sein du Parlement européen.

Les partis d’extrême droite atteignent un niveau sans précédent dans l’Union européenne, selon les premières estimations. Comment l’analysez-vous ?

Lucas Macek C’est la continuation d’une tendance que nous observons depuis au moins dix ans, sinon plus. D’élection en élection, l’espace central au Parlement européen, occupé par des partis traditionnels qui peuvent avoir des visions différentes mais qui sont dans un état d’esprit constructif, se rétrécit. Ces élections de 2024 marquent une nouvelle étape vers la montée des forces nationalistes mais cela ne changera pas radicalement la donne.

L’espace central reste majoritaire, mais il sera plus contraint et aura moins de marge de manœuvre. Le centre de gravité se déplace vers la droite. Il faut également souligner l’affaiblissement des écologistes qui se traduira par des positions plus prudentes sur les questions environnementales.

Covid, guerre en Ukraine, enjeux climatiques… L’Union européenne n’a jamais semblé aussi importante, et pourtant ce sont les partis les plus eurosceptiques qui récoltent les suffrages.

Cela aurait pu faire bouger les lignes mais les partis politiques pro-européens n’ont pas réussi à s’en emparer. En France, le parti présidentiel ne bénéficie pas de sa position assez ferme sur l’Ukraine. Ce sujet, comme d’autres, mobilise principalement les noyaux durs de ces partis modérés. Mais ce qui fait l’élection, ce ne sont pas ces noyaux durs, ce sont les électeurs mobiles. Pour eux, en France et dans d’autres pays d’Europe occidentale, les inquiétudes sont liées à la situation économique, aux migrations, à la sécurité. C’est là que l’extrême droite parvient à convaincre une partie des électeurs. Elle augmente parce que les questions nationales dominent, même lors de ces élections européennes. Le discours simple, pour ne pas dire simpliste, de ces forces politiques nationalistes, et le fait qu’elles n’ont souvent pas participé à la gestion des affaires, crée un environnement favorable à leur progression. Même s’ils ont des choses à se reprocher, comme leur attitude envers Vladimir Poutine, ils ne sont pas punis.

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Au Parlement européen, le Rassemblement national siège au sein du groupe Identité et démocratie (ID), et le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, siège au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Les deux groupes pourront-ils s’unir, malgré leurs désaccords ? Et quel poids réel aura l’extrême droite au Parlement européen ?

Le positionnement de ces deux groupes n’est pas du tout le même. La question des négociations électorales est presque plus importante que les résultats eux-mêmes. Si ces deux groupes parvenaient à s’unir, cela changerait radicalement la donne. Mais ils n’ont jamais réussi dans le passé. Et il y a eu moins de sujets de discorde. La question ukrainienne est devenue fondamentale. De nombreux élus du groupe ECR refusent que Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, rejoigne le groupe en raison de son attitude à l’égard de la Russie. Il est possible qu’un grand groupe, allant de la droite dure et conservatrice à l’extrême droite traditionnelle, se forme, mais cela est peu probable. Giorgia Meloni, en tant que chef du gouvernement italien, et contrairement à Marine Le Pen, fait partie du Conseil européen. Elle sera très sensible à son potentiel de coalition. Et s’il noue des alliances qui le poussent vers les extrêmes, il risque de limiter sa marge de manœuvre dans ses relations avec le groupe central.

Il convient également de noter que l’histoire du groupe ECR est particulière. Il a été créé par deux partis, les conservateurs britanniques et l’ODS tchèque, qui, aussi répréhensibles soient-ils, ne peuvent être considérés comme d’extrême droite, antilibéraux ou antisystème. Mais avec le départ des Britanniques en 2020, le centre de gravité du groupe s’est déplacé davantage vers la droite. Le PiS polonais, qui au moment de sa création en 2009 n’était qu’une force de soutien, est devenu le parti politique dominant. L’ECR rassemble en fait des forces politiques assez hétérogènes.

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Un autre acteur à surveiller dans ces réorganisations d’extrême droite est le Fidesz hongrois. Ses douze députés européens resteront-ils parmi les non-inscrits, c’est-à-dire complètement hors jeu, ou s’accrocheront-ils à un groupe ? Si oui lequel ? Viktor Orban ne veut pas rejoindre le groupe ID pour ne pas s’aliéner le reste du Parlement, mais les Tchèques d’ECR sont clairement opposés à sa venue dans leur groupe. Orban est-il prêt à faire quelques gestes pour se rendre plus respectable ? Après tout, ce ne serait pas sa première volte-face…

Commentaires recueillis par Ambre Bertocchi

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