Nupes, alliance des droites… Les quatre questions posées par la dissolution de l’Assemblée nationale

Nupes, alliance des droites… Les quatre questions posées par la dissolution de l’Assemblée nationale
Nupes, alliance des droites… Les quatre questions posées par la dissolution de l’Assemblée nationale

La scène politique française est en ébullition. Après les élections européennes qui ont donné une nette victoire au Rassemblement national, dimanche 9 juin 2024, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, à la surprise générale. Les élections législatives auront lieu les 30 juin et 7 juillet. Trois semaines pour faire campagne et redéfinir l’espace politique. Voici les questions qui se posent.

1. La majorité présidentielle peut-elle se redresser ?

La majorité présidentielle est touchée. Avec 15%, la liste de Valérie Hayer est la grande perdante des élections européennes puisqu’elle perd sept points par rapport à 2019 et son score est deux fois inférieur à celui du Rassemblement national. Un revers pour Emmanuel Macron qui s’est personnellement impliqué dans la campagne.

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Face à cette situation, le Président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. « Avait-il d’autres choix ? Pourrait-il rester au pouvoir sans oxygène ? C’est une façon de reprendre le contrôle.»estime la politologue Virginie Martin.

Sans majorité absolue à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de juin 2022, Emmanuel Macron a longtemps oscillé entre recherche de compromis et passage en force avec 49,3. Cette fois, et alors que sa légitimité apparaissait de plus en plus écornée, il décide de rebattre les cartes. Son allié du Modem, François Bayrou accueilli “prendre un risque” du président pour « Sortir le pays du marasme ».

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Si le vote des législatives, à majorité à deux tours, est bien différent de celui des élections européennes, Emmanuel Macron devra réussir à créer une dynamique que son camp n’a jamais réussi à retrouver lors de la campagne européenne. « Il faudra comparer les résultats des prochaines élections législatives avec ceux de 2022. Même avec une nouvelle majorité relative, elle aura à nouveau une légitimité »explique Virginie Martin.

Emmanuel Macron semble aussi ouvrir la porte aux alliances. La majorité présidentielle « donnera la nomination » aux députés sortants, y compris les députés de l’opposition, « une partie du champ républicain » et souhaitant « s’impliquer dans un projet clair » autour de la majorité présidentielle, a déclaré auAFP le secrétaire général du parti Renaissance, Stéphane Séjourné. Le camp présidentiel est décidé à ” gagner “a de son côté assuré - de l’entourage du chef de l’Etat.

2. La gauche se réconciliera-t-elle ?

Parmi les adversaires d’Emmanuel Macron, les partis de gauche sont peut-être ceux qui ont été les plus surpris. Unis sous les couleurs du Nupes lors des dernières élections législatives, La France insoumise, les Écologistes, le Parti socialiste et le Parti communiste ont présenté des listes distinctes pour les élections européennes et se sont affrontés dans les derniers jours de campagne.

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Si elle veut espérer avoir une influence, la gauche devra nécessairement se réconcilier. Mais dans quelles conditions ? La campagne a révélé des divergences sur certains sujets comme la relation avec l’Ukraine, les questions européennes ou encore la réforme des retraites. D’un point de vue stratégique, les cartes ont également été rebattues depuis 2022. Après l’élection présidentielle, La France insoumise est arrivée en position de force pour négocier grâce au score de Jean-Luc Mélenchon (21,95%). Cette fois, la situation est moins claire. C’est la liste soutenue par le Parti socialiste, menée par Raphaël Glucksmann, qui arrive en tête à gauche (14%), quatre points devant celle de Manon Aubry (LFI) et neuf devant celle de l’écologiste Marie Toussaint (5. 5 %).

« Il y a un rapport de force ce soir qui a évolué », a déclaré le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Il a appelé « Que chacun réfléchisse aux meilleures conditions pour un rassemblement qui nous permette d’avoir un projet, qui nous permette d’être entendus par les Français ». « Voulons-nous gagner ensemble ou voulons-nous perdre séparément ? »» a demandé de son côté le député LFI François Ruffin. « La dernière fois, nous sommes parvenus à l’accord Nupes en quelques jours »a également rappelé le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

“Le RN a demandé la dissolution mais il n’est pas exclu que la gauche en récolte les fruits”selon la juge politologue Virginie Martin.

3. Une alliance de l’extrême droite est-elle possible ?

Le Rassemblement national a demandé la dissolution de l’Assemblée nationale et Marine Le Pen a affirmé que son parti était « prêt à exercer le pouvoir » en vue des élections législatives. Le parti d’extrême droite qui avait déjà réalisé son meilleur score en 2022 avec 89 députés espère monter sur le très bon score de la liste de Jordan Bardella aux élections européennes (31,5%).

Mais la partie ne semble pas gagnée d’avance pour le RN. Notamment parce que le vote majoritaire à deux tours lui est beaucoup moins favorable et qu’on imagine mal que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen obtienne la majorité absolue.

Dans cette perspective se pose désormais la question d’une alliance des droites. Dimanche soir, Éric Zemmour, président de Reconquête, a appelé à « la plus large union des droits ». La tête de liste Reconquête, Marion Maréchal, qui a obtenu 5% des voix aux élections européennes, a également appelé à une “coalition des droites” et a déclaré qu’elle « Prêt à rencontrer dans les prochains jours Marine Le Pen (présidente du groupe RN à l’Assemblée) et Jordan Bardella (président du RN), Éric Ciotti (celui des Républicains) et Nicolas Dupont-Aignan (celui de Debout la France ) pour travailler ensemble “.

Comment les autres partis vont-ils réagir ? En 2022, Marine Le Pen a balayé tout accord avec Reconquête. La présidente du RN qui veut réfuter la fracture droite-gauche prendrait le risque de redémoniser son parti en négociant avec un parti aussi sulfureux que celui d’Éric Zemmour.

4. Que feront les Républicains ?

C’est tout le paradoxe de la droite française. Alors que les Républicains continuent d’essuyer des défaites électorales (8,48% aux élections européennes de 2019, 4,78% à la présidentielle de 2022, 7,2% aux élections européennes de 2024), le parti reste au centre des discussions politiques. Au-delà d’une potentielle alliance de la droite suggérée par Éric Zemmour, certains membres des Républicains pourraient au contraire être tentés de s’allier avec la majorité présidentielle et répondre à l’appel de Stéphane Séjourné.

Une possibilité à laquelle Éric Ciotti, président du parti, a voulu couper court dimanche soir. “Nous voulons incarner une alternance, car il faut incarner l’espoir”a-t-il déclaré, rejetant toute forme « coalition, coopération, collaboration avec ce pouvoir qui a tant fait mal à la France ». Reste à savoir si cette position est partagée par l’ensemble d’un parti qui a peiné à rester uni ces derniers mois.

 
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