Capture de coyote recherchée | - – .

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Les Caquistes appelaient cela la « passe du coyote ». En 2021, le gouvernement Legault a surpris tout le monde en trouvant le moyen d’inclure la nation québécoise dans la Constitution canadienne.


Publié à 1h52

Mis à jour à 6h00

Personne n’avait pensé à cette astuce. C’est à ce type de manœuvre à laquelle pense François Legault lorsqu’il lance un comité chargé de recommander des moyens pour « accroître l’autonomie du Québec ».

Sur le plan stratégique, l’objectif est évident. La montée du PQ, qui promet un référendum dès son premier mandat, menace la CAQ. Elle est prise entre indépendance et fédéralisme. Et son nationalisme autonomiste manque de victoires à revendiquer.

C’est en partie à cela que servira le rapport des constitutionnalistes, des fiscalistes et d’autres experts. Il y a là une diversité idéologique, avec des séparatistes et des fédéralistes.

Les gouvernements commandent souvent des rapports pour faire avancer un problème. Ce n’est pas le cas ici. L’approche s’apparente davantage à un appel à l’aide.

M. Legault veut des résultats, comme en témoigne le délai serré. Et il a également confié la mission à l’infatigable Simon Jolin-Barrette, un ministre réputé pour mener à bien ses dossiers.

Mais au-delà de la stratégie, sur le fond, l’exercice est le bienvenu. Le dernier remonte à Yves Séguin en 2002, mais son mandat était plus limité : il se concentrait sur le déséquilibre fiscal. Et le précédent, c’était la commission Bélanger-Campeau sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec, en 1992.

Bref, le Québec était mûr.

Trois options s’offrent aux fédéralistes qui veulent défendre le Québec : rapatrier les pouvoirs en négociant avec le gouvernement fédéral, occuper davantage de pouvoirs de manière unilatérale ou forger des alliances avec les autres provinces afin d’influencer Ottawa.

Avec le refus anticipé du gouvernement Trudeau, exiger plus de pouvoirs revient à demander quelque chose qui sera refusé. Ce sont donc principalement les démarches unilatérales qui intéressent les membres de la CAQ.

L’idée d’une Constitution du Québec, sur laquelle M. Jolin-Barrette a déjà travaillé, pourrait être relancée. On peut aussi penser à des dédoublements administratifs ou à des initiatives fiscales.

Un exemple de vieux « laissez-passer coyote » : la taxe provinciale, une décision unilatérale prise par Maurice Duplessis après le lancement de la commission Tremblay, et à la colère du gouvernement fédéral.

Outre la fiscalité, deux sujets sont susceptibles d’intéresser particulièrement les auteurs du rapport : la culture et l’immigration.

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, a récemment été recommandé par un panel d’experts pour rendre les œuvres plus visibles sur les plateformes numériques. On lui a demandé de déterminer les obstacles qui empêchent le Québec de protéger ses productions culturelles. Le nouveau rapport pourrait faire ce travail.

En immigration, la réflexion sera encore plus importante. Et cela pourrait confronter toutes les parties à leurs contradictions.

Peu importe la question posée, François Legault trouve le moyen de revenir à la même réponse : l’immigration. La récente augmentation crée une pression insoutenable sur le logement, l’éducation et d’autres missions gouvernementales.

Il le répète partout pour créer un rapport de force avec le gouvernement fédéral.

Mais il en avait déjà un. En 2022, il remporte une victoire écrasante et affronte un gouvernement libéral minoritaire. Et pourtant, il n’a rien reçu. La réponse, comme on pouvait s’y attendre, a été « non ».

Renégocier l’accord sur l’immigration signé avec le gouvernement fédéral en 1991 serait risqué. C’est avantageux pour le Québec. Sa réouverture pourrait donc entraîner des revers.

Une autre option reste à tester : pourrait-on utiliser les dispositions de cet accord pour obtenir plus de contrôle sur l’immigration temporaire ? C’est possible, affirme Anne-Michèle Meggs, ancienne directrice de la planification au ministère de l’Immigration⁠1.

Mais si cela fonctionne, de nouvelles questions difficiles surgiront.

Solidaires et libéraux accusent M. Legault de blâmer les immigrants pour ses échecs.

Ils ont raison : la pénurie de logements, d’enseignants et de soins de santé existait bien avant l’augmentation rapide de l’immigration temporaire. Mais il est également indéniable que cette augmentation des résidents non permanents – l’équivalent de la population du Québec ajoutée en moins d’une décennie – aggrave ces problèmes. Il faudrait pouvoir le rappeler, avec sobriété et avec les nuances qui s’imposent, sans se laisser insulter.

Si jamais le Québec accroît ses pouvoirs sur les travailleurs et les étudiants étrangers, il devra cependant passer de la recherche de coupables à la recherche de solutions.

Dans quelle mesure voulons-nous réduire l’immigration temporaire ? Dans quelles régions ? Dans quels secteurs et auprès de quels employeurs ? Quelle que soit la réponse, la liste des mécontents sera longue.

Lorsqu’il fonde la CAQ, François Legault croit que le débat sur l’indépendance est terminé. Les Québécois ont dit « non » à deux reprises, et il fallait en prendre note, a-t-il dit.

Il s’oppose à un référendum qu’il estime perdant et qui ferait gaspiller au Québec ce qui lui reste de son rapport de force face au gouvernement fédéral.

Il n’en reste pas moins que M. Legault n’est pas devenu un ardent fédéraliste. C’est plutôt le Parti libéral qui se couvrirait volontiers de la feuille d’érable et miserait sur la peur de l’indépendance.

Avec ce rapport, M. Legault demande de l’aide pour dégager la troisième voie vers l’autonomie. Mais au-delà de la stratégie partisane, l’exercice est le bienvenu. Parce qu’il apportera des réponses concrètes aux questions que nous nous posons, et à celles dont nous ignorions peut-être l’existence.

1. Lire « La bonne gestion de l’immigration est une question existentielle pour le peuple québécois »

 
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