l’émouvante histoire des policiers hantés par la mort du professeur Paty

l’émouvante histoire des policiers hantés par la mort du professeur Paty
l’émouvante histoire des policiers hantés par la mort du professeur Paty

Ils ont été les premiers à intervenir le 16 octobre 2020. Leur témoignage est glaçant. La famille de la victime a également commencé à s’exprimer vendredi devant la cour d’assises spéciale de Paris.

De tous les témoignages qui ont douloureusement résonné depuis lundi, au procès de l’assassinat de Samuel Paty, celui-ci reste l’un des plus émouvants.

Ce vendredi, Cécile préfère fermer les yeux pour revivre la scène qu’elle doit recréer devant le tribunal correctionnel spécial de Paris.

Le 16 octobre 2020, elle patrouillait avec Cédric, stagiaire depuis un mois, à proximité du collège du Bois d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, car des incidents avaient été signalés quelques jours plus tôt. Ils repèrent tous deux un groupe à proximité de l’établissement.

« Deux garçons présents, dont celui qui était habillé tout en noir et pas comme les autres, nous ont interpellés du regard (le terroriste Abdoullakh Anzorov, NDLR). Ils se sont enfuis et j’ai demandé à mon collègue Cédric qu’on redémarre le véhicule et qu’on les suive, explique-t-elle.

“Je pensais que c’était un mannequin au sol”

La police a d’abord perdu de vue les suspects, avant d’être alertée par les automobilistes : « Il lui coupe la tête ! » La policière aperçoit alors le corps du professeur Paty.

«Je pensais que c’était un mannequin au sol. J’ai croisé le regard de Samuel. décrit la policière, la voix chevrotante, rapporte TF1. Cédric aperçoit alors la tête de la victime, qu’il prend pour un masque posé au sol, car “c’était Halloween”dit-il.

Le terroriste, accroupi, “il terminait son acte, il était déterminé”, dit Cécile. Il vient de poignarder le professeur 14 fois, de le décapiter et de le prendre en photo.

“Anzorov nous suivait toujours avec son arme et les enfants allaient sortir”

Alors “Il s’est levé, a pointé son arme sur nous et nous a tiré dessus à trois reprises”explique le policier municipal. Elle n’est pas armée et demande à son collègue d’accélérer.

“Mais Anzorov nous suivait toujours avec son arme et les enfants allaient sortir”, continue-t-elle. Elle appelle le 17. Jérôme fait partie des policiers nationaux qui arrivent sur place.

La sœur de Samuel Paty s’adresse à l’accusé « Une vision horrifiante nous attendait : un corps sur la route, décapité, la tête écartée. Il semblait nous regarder »raconte-t-il, le regard absent.

Le terroriste refuse de se rendre. “On lui a dit : “A terre, à terre, jette ton arme”, des dizaines de fois, mais il refuse d’obtempérer”décrit le policier qui subit alors le tir du pistolet semi-automatique à air comprimé.

“Je me demandais ce qu’on allait faire pour l’arrêter”

« Nous nous sommes abrités du mieux que nous pouvions. Nous avons réitéré nos ordres de nous mettre à terre et de nous allonger. Il a couru vers nous avec son arme. Je me demandais ce que nous allions faire pour l’arrêter. ‘Arrêt.”

Touché par une balle, le tueur s’effondre mais garde son couteau à la main. Le policier lui donne des coups de pied pour tenter de la désarmer. Mais il “se lève” et tente de le poignarder avant d’être abattu.

Quatorze minutes se sont écoulées entre le moment où le professeur a quitté le collège à 16h51 et la neutralisation du terroriste. Dans le sac à dos du professeur d’histoire-géographie, les enquêteurs ont découvert un marteau, signe que le professeur se sentait menacé.

Cécile n’a jamais pu retourner au travail. « Nous sommes allés vivre à la campagne. La maison est sous caméra. J’ai failli mettre fin à mes jours à plusieurs reprises. Cette invasion devait… Elle devait cesser. Mes enfants et mon mari m’ont empêché d’agir”explique-t-elle.

La sœur de Samuel Paty s’adresse à l’accusé

Jérôme porte toujours l’insigne de policier mais lui aussi reste hanté par le 16 octobre et rongé par un sentiment de culpabilité. « Nous n’avons pas pu le sauver. Il y a un petit garçon qui a perdu son père”a-t-il lâché en larmes.

« Samuel était un intellectuel. Il n’était pas croyant […] Mais il était très respectueux de toutes les religions. a insisté vendredi, sa mère, Bernadette Paty, première membre de la famille à prendre la parole.

Gaëlle, l’une des deux sœurs de la victime, s’est adressée aux huit accusés. “N’importe qui, à votre niveau, aurait pu arrêter ce cycle fatal et sauver la vie d’un père, d’un frère, d’un enseignant”, a-t-elle affirmé.

 
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