Des policiers israéliens ont pénétré dans l’enceinte du domaine national d’Eléona.
Ils ont interpellé un gendarme français avant de l’emmener dans un commissariat.
L’incident a déclenché une querelle diplomatique car il s’est produit dans un lieu appartenant à la France.
Au total, quatre « domaines nationaux » sont identifiés en Israël et à Jérusalem-Est.
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Israël et le Hamas en guerre
Quand incident diplomatique rime avec lieu historique. L’Eléona, propriété française située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem-Est, a été le théâtre d’une vive altercation jeudi 7 novembre. Des policiers israéliens ont interpellé un gendarme français, en marge de la visite du ministre Jean-Noël Barrot. Ce dernier a été jeté à terre, avant d’être emmené dans une voiture de police. Outre le contexte géopolitique, marqué par de fortes tensions entre la France et Israël depuis plusieurs mois, la tension observée au sein d’Eléona s’explique aussi par le statut atypique de ce lieu.
La France est la seule puissance étrangère à disposer de quatre sites en Israël et à Jérusalem-Est. Ces « domaines nationaux » sont tous le résultat d’un long héritage historique, chacun ayant été acquis pour diverses raisons au fil des siècles.
L’éléphant
Construite sur la grotte dite du « Pater », où le Christ, selon la tradition chrétienne, aurait enseigné la prière du « Notre Père » (« Pater noster », en latin) à ses disciples, l’Eléona est un lieu au histoire riche. Une basilique, aujourd’hui en ruines, y fut construite par Hélène, la mère de l’empereur Constantin, au IVe siècle. Longtemps interdit d’accès aux chrétiens, le domaine fut acheté en 1856 par Aurélie de la Tour d’Auvergne qui y fit construire un cloître au-dessus de la grotte de Viollet-le-Duc. Elle en fit don à la France en 1874. Les carmélites y vivent depuis 1873 sous protection diplomatique française. Bénéficiant d’une vue exceptionnelle sur la Vieille Ville, le domaine est situé sur le Mont des Oliviers et donc à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967.
Le Tombeau des Rois
Mieux connu du grand public, le Tombeau des Rois a longtemps été considéré à tort comme le tombeau des rois de Judée. Ce lieu correspond plus probablement au mausolée d’Hélène d’Adiabène, reine juive du Ier siècle enterrée avec une trentaine de notables. Le site souterrain, également situé dans la zone contestée de Jérusalem-Est, est accessible par un escalier monumental creusé dans la pierre qui descend jusqu’à une vaste grotte où se trouvent plusieurs sarcophages, dont certains ont été transportés au Louvre.
Tout comme l’Eléona, le lieu passe sous le drapeau tricolore dans la seconde moitié du XIXème siècle. Fouillé en 1863 par des archéologues français, le Tombeau fut acheté par les frères Péreire, banquiers juifs français, qui le cédèrent à la France en 1886 pour «conservez-le pour la connaissance et la vénération des fidèles enfants d’Israël ». Les juifs ultra-orthodoxes contestent toujours ce droit de propriété. Ils se réunissent régulièrement devant le portail pour obtenir le droit d’entrer et de prier sur ce lieu vénéré. Le lieu a rouvert en 2019 après dix ans de travaux financés par la France.
Église Sainte-Anne
Située dans la vieille ville de Jérusalem, l’église Sainte-Anne se trouve à deux pas de la porte Saint-Étienne, également appelée porte des Lions. L’édifice d’origine, de style roman, fut construit par les croisés au XIIe siècle à l’emplacement présumé de la maison des parents de la Vierge (dont la mère s’appelait Anne). Transformée en école coranique après la chute du royaume latin de Jérusalem en 1187, elle fut offerte à la France en 1856 par le sultan ottoman pour remercier Napoléon III de son intervention contre les Russes lors de la guerre de Crimée.
Elle est gérée depuis 1878 par les « Pères Blancs », communauté de prêtres missionnaires au Maghreb et en Afrique subsaharienne, chargés du dialogue avec les Églises orientales présentes à Jérusalem. En 2020, Emmanuel Macron a ordonné aux policiers israéliens de quitter la zone après avoir attaqué des forces de l’ordre françaises.
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L’incident le plus célèbre reste celui de 1996, lorsque Jacques Chirac s’est emporté contre les soldats israéliens qui l’entouraient de trop près, avant d’exiger leur expulsion de la zone.
Monastère d’Abou Gosh
Situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem dans un village musulman israélien, le monastère d’Abou Gosh abrite depuis 1976 des moines et des moniales bénédictins. Cette ancienne commanderie a été construite au XIIe siècle par l’Ordre des Hospitaliers pour les pèlerins qui s’y arrêtaient avant de partir. jusqu’à Jérusalem. Le lieu fut cédé à la France par le sultan Abdulaziz en 1873 pour compenser la prise de l’église Saint-Georges de Lydda par les Grecs orthodoxes.