depuis 19 ans, il crée des histoires à partager

depuis 19 ans, il crée des histoires à partager
depuis 19 ans, il crée des histoires à partager

Avec la régularité d’un métronome, Bernard Lhoste publie chaque printemps un roman. L’auteur, qui est également éditeur, entretient des liens étroits avec ses lecteurs.

Chaque printemps voit naître un nouveau roman près de Craponne-sur-Arzon. C’est ainsi depuis près de vingt ans. L’auteur Bernard Lhoste ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixé. Il parle de « fantasme » concernant une telle régularité.
Peut-être faudrait-il y voir davantage un signe de fidélité à ses lecteurs et sans doute aussi une certaine fibre commerciale. Car Bernard Lhoste a le sens des affaires. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Chaque livre est écrit d’octobre à mi-janvier, puis vient le temps de la relecture et de l’impression. De nombreux lecteurs attendent le nouvel opus. Le dernier roman, le dix-neuvième, Hier en filigrane publié il y a quelques semaines aux éditions La Clé du chemin (la maison d’édition de l’auteur) est la suite deUne très jolie civière.

Une œuvre ancrée en Haute-Loire

L’histoire commence par un pèlerinage à Lourdes et se poursuit en Haute-Loire après la mort de Tino, l’un des personnages du tome 1. Le terrain de jeu des protagonistes s’étend de Fontanes à l’extrême est du département en passant par le bassin du Puy et l’Yssingelais. .

On aurait tort de parler de « romans locaux » à propos des œuvres de Bernard Lhoste, même si Le coq et l’angéluspublié en 2022, livre une version moderne de Clochemerle. Loin des turbulences de la ville, on croit parfois avoir atteint l’Eden, mais la campagne est aussi pleine de bruits et d’odeurs. Combien de conflits de voisinage a-t-on vécu à cause d’un gallinacé un peu trop bavard ? Ce ne sont pas seulement les gazettes qui font leurs propres affirmations.

Bernard Lhoste raconte avec verve, il ne cache rien, se rapprochant ainsi des naturalistes. Au fil des pages, on le surprend interpellant le lecteur dans ce qu’il appelle des « apartés », quelques phrases en italique pour établir des moments de complicité avec le lecteur. L’écrivain craponnais sait parler au cœur des gens. Il préfère substituer le mot « racines » au mot « terroir ». Son œuvre est profondément ancrée en Haute-Loire.

Les histoires prennent leur Source dans un petit coin du département, bien sûr. Mais très vite, les intrigues familiales et sociétales (dopage, sectes, tolérance…) éloignent le lecteur de ses racines géographiques.

Les livres de Bernard Lhoste sont principalement distribués localement. Certains voyagent néanmoins à travers la France car l’écrivain, qui en fait lui-même la promotion, ne manque jamais de noter les coordonnées des touristes, des lecteurs de passage ou des personnes rencontrées au hasard des salons du livre.

Chaque nouvelle histoire est généralement basée sur un événement réel. Cette veine semble inépuisable. L’auteur raconte une scène qu’il a vécue il y a quelques années. Il est originaire de Saint-Front. Dans sa jeunesse, alors qu’il retournait chez ses parents dans sa 2 CV, il prit un auto-stoppeur. Elle revient avec son sac à dos d’un voyage en solo qui l’a coupée de sa famille pendant des semaines. La conversation commence. La jeune fille n’a pas pris la peine d’appeler ses proches depuis son départ. Pourtant, Bernard Lhoste comprend vite les liens familiaux qui unissent son auto-stoppeur à un jeune homme dont il a appris le décès dans un tragique accident deux jours plus tôt. Il s’efforce de préparer la jeune fille au choc qui l’attend à son retour lorsqu’elle poussera la porte de la maison familiale. « Je vois encore, dit-il, sa silhouette s’engouffrer dans la maison… » C’est ainsi que cette image servira de point de départ à une nouvelle histoire, un nouveau roman.

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Le Craponnais était professeur d’histoire-géographie et de français dans le secteur privé. Il travaille un temps à Vorey, mais principalement à Craponne-sur-Arzon et comme directeur du collège Notre-Dame (pendant trois sept ans).

L’homme d’écriture

L’écriture a toujours été importante pour lui. Les familles avec lesquelles il a été en contact se souviennent forcément des longues lettres qu’il leur adressait à l’occasion de tel ou tel événement. Il a besoin de tendre la main, de partager, Bernard. Les mots écrits sur le papier ont le temps d’infuser, bien plus que ne pourraient le faire les mots (qui s’envolent, c’est bien connu).

Depuis la fin des années 2000, Bernard Lhoste vit une retraite active à Bougernes, aux portes de Craponne-sur-Arzon en direction de Retournac, entre l’écriture et la petite maison d’édition qu’il a créée en 1992 avec son épouse Annie. Leur fils Thibaut est désormais à la tête. L’histoire de cette maison est unique. Tout est parti d’un cahier de textes que le professeur avait imaginé et qu’il a soumis à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle). « Elle a été protégée pendant 25 ans. Entre-temps, nous avons dû lutter contre des éditeurs pédagogiques de renom », raconte Bernard Lhoste. Ces derniers ont fini par nouer des partenariats. Le manuel ou « tableau de bord de l’étudiant » est désormais édité par une autre entreprise. Elle fut longtemps le principal support commercial de La Clé du chemin.

Au « terroir » il préfère substituer le mot « racines »

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. « Dès le début, j’ai commencé à publier mes propres livres, commente Bernard Lhoste. L’œuvre de ce dernier constitue la plus grande partie du catalogue. Les autres auteurs devraient disparaître de l’inventaire à l’avenir, les ventes étant marginales. Bernard Lhoste, écrivain et éditeur, a le flair commercial. Le Craponnais gère rigoureusement la liste de ses lecteurs. Chaque année, plus de 3 000 exemplaires du catalogue sont distribués par La Poste. « Par email, le taux de retour est bien moindre », constate le Craponnais.

“Je suis bookmaker”

Thibaut est en charge de la partie graphique. La Clé du chemin travaille avec 25 imprimeurs en France, que ce soit pour des livres, des dépliants, des adhésifs, des bulletins municipaux ou autres commandes. « Nous négocions les prix, nous faisons mieux que si nous avions nos propres machines », explique Bernard Lhoste.

Le livre constitue la partie la plus importante de l’activité de La Clé du chemin, qui, jusqu’ici classée maison d’édition, tend néanmoins de plus en plus à devenir un « fabricant » de livres pour l’autoédition, c’est-à-dire se chargeant de projets de livres auto-écrits.

Le montage et l’écriture permettent depuis à Bernard Lhoste L’ivresse des sommets, son premier livre, pour créer autant de liens ! « Bien plus, selon lui, que ce que j’ai eu durant toute ma carrière d’enseignant. »

Philippe Suc

 
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