De la Côte-d’Or au Havre, elle court un marathon par jour pour défendre nos rivières

Des yeux pétillants et un grand sourire. Mina Guli reconnaît que son défi est « fou », vraiment « fou », mais elle affiche la joie et l’impatience d’une petite fille prête à partir à l’aventure. Un câlin à la maire de Source-Seine, un clin d’oeil à ses deux caméramans, et ce mercredi 5 juin elle s’élance pour une course de 848 km le long de la Seine jusqu’au Havre, l’équivalent d’un marathon par jour pendant un mois.

A 53 ans, cet avocat australien n’est pas inconscient. Elle n’est pas étrangère à la course de fond (l’année dernière, elle a réussi à réaliser 200 marathons dans 32 pays différents). Elle est avant tout spécialiste de la défense de l’environnement et de la question de l’eau.

Pour ce nouveau défi, la Seine n’a bien sûr pas été choisie par hasard. A un mois et demi des Jeux Olympiques, le nom du fleuve sera entendu dans le monde entier. « Dans les années 1960 et 1970, la Seine était déclarée biologiquement morte» souligne Mina Guli, « Mais aujourd’hui, cette rivière est déclarée suffisamment propre pour accueillir des événements olympiques. Nous voulons montrer au monde entier l’importance de préserver nos rivières. Et si on peut protéger la Seine, on peut le faire pour tous les fleuves de la planète » assure-t-elle.

Son parcours suivi par deux cameramen américains et sud-africains est résumé au jour le jour sur son site « Blue Run » et ses réseaux sociaux Instagram et Facebook et doit trouver un écho mondial. « Il ne s’agit pas seulement de parler de la propreté de la Seine » assure Mina Guli, « mais la défense de nos voies navigables à travers le monde. Une question de plus en plus cruciale. L’Australien relève le défi d’arriver le 5 juillet au Havre**, jour du passage de la flamme olympique dans cette ville.

Pas de pollution ici, mais des bouleversements

A Source-Seine, l’eau est transparente et la future rivière coule dans une jolie prairie au son du chant des oiseaux. Un véritable coin de paradis dépourvu de toute pollution, et pourtant là aussi la Seine peut connaître des malheurs. « Avec le réchauffement climatique et nos étés très chauds, j’ai vu disparaître les dernières écrevisses à pattes blanches » soupire Jacques Fournier, venu en voisin. « C’était à l’été 2016, l’eau montait à 15-16°C. J’ai trouvé les écrevisses sur le dos. Les truites sauvages n’ont pas non plus survécu.»

Mina Guli prend le temps de discuter avec Jacques et sa femme. « J’ai très envie d’entendre les témoignages des Français sur la Seine, et ce que la Seine représente pour eux. Cela fait partie de notre défi.

Source-Seine, symbole mondial

Cet écho mondial ne surprend pas Jacques Fournier. Il dirige le gîte touristique situé à une centaine de mètres de la Source de la Seine, et ces derniers mois, il a vu passer beaucoup de monde. « Par exemple, nous avions « Globo », la plus grande chaîne de télévision brésilienne. Ils sont venus passer deux jours ici pour parler également de la qualité de l’eau. Dans leur pays, ils sont confrontés à la pollution liée à la recherche de l’or. Et c’est intéressant pour eux de voir à notre échelle comment nous parvenons à assurer la qualité des eaux de la Seine, même si la tenue des épreuves olympiques dans le fleuve reste incertaine.»

Le site des sources de la Seine appartient à la ville de Paris. Il accueille en moyenne 20 000 à 25 000 visiteurs par an. (l’accès est gratuit). Il sera à nouveau sous le feu des projecteurs le 12 juillet, lors du passage de la flamme olympique dans cette ville de 60 habitants.