Un Québécois qui a passé 18 ans en prison, et qui attendait un nouveau procès pour un double meurtre qu’il prétend n’avoir jamais commis, est complètement disculpé 46 ans plus tard.
Claude Paquin a finalement obtenu justice mercredi matin au palais de justice de Montréal, tandis que le procureur général mettait fin à une très longue saga qui dure depuis juin 1978.
« Nous ne sommes plus en mesure de présenter des preuves dans cette affaire », a déclaré le procureur de la Couronne M.e Maya Gold-Gosselin, à la juge Alexandra Paquette, de la Cour supérieure qui a acquitté Paquin.
« Merci Madame la juge. Vous me sortez de l’enfer», a répondu l’octogénaire, qui marche difficilement et dont la santé est précaire.
Reconnu coupable en 1983 pour les meurtres de Ronald Bourgouin et Sylvie Revah, Paquin a remporté sa première bataille en avril dernier lorsque le ministre de la Justice du Canada a ordonné la tenue d’un nouveau procès.
Le ministre Arif Virani a pris cette décision suite aux doutes soulevés par les avocats de Paquin. Ils avaient déposé une demande de révision dans le cadre du projet Innocence Québec, une organisation qui défend les droits des personnes qui se considèrent victimes d’erreurs judiciaires.
La vie détruite
Ils mettaient notamment en doute l’intégrité des éléments de preuve ayant conduit à la condamnation pour le double homicide.
Les avocats alléguaient, dans la demande de révision, que le célèbre informateur Bernard Provençal et les policiers avaient comploté pour faire condamner Claude Paquin.
Le délateur était notamment accusé d’avoir reçu des avantages en échange de son témoignage et de s’être parjuré à plusieurs reprises lors du procès qui avait envoyé Paquin en détention.
Toujours selon la demande de réexamen qui avait été acceptée, le lien entre l’informateur et les policiers était si troublant qu’il vivait dans la caravane d’un des enquêteurs. La police aurait également fermé les yeux sur les crimes majeurs commis par Provençal.
«Ils ont détruit ma vie», nous a raconté M. Paquin.
Poursuite civile
Soulagé de retrouver sa dignité, lui qui n’a cessé de clamer son innocence, Paquin n’exclut pas de poursuivre l’État en justice.
« Le système judiciaire a ruiné ma vie. Mes avocats et moi allons voir ce que nous pouvons faire », a-t-il déclaré.
Une saga qui s’étend sur plus de 45 ans
- Juin 1978 : Ronald Bourgoin et sa compagne Sylvie Revah sont assassinés.
- Octobre 1978 : Un chasseur découvre leurs cadavres à Saint-Colomban.
- Juin 1983 : Claude Paquin est reconnu coupable de deux chefs de meurtre avec préméditation.
- Décembre 1987 : La Cour d’appel du Québec rejette son appel.
- Novembre 1999 : Paquin obtient une réduction du délai de sa libération conditionnelle.
- Janvier 2020 : Il dépose une demande de révision de ses condamnations pénales.
- Avril 2024 : Le Ministre fédéral de la Justice ordonne un nouveau procès.
- Novembre 2024 : Le directeur des poursuites criminelles et pénales clôture le dossier.
