L’accession de Donald Trump à la Maison Blanche risque de modifier l’équilibre des pouvoirs dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Le Républicain promet régulièrement de « résoudre » ce conflit, sans indiquer précisément la politique qu’il souhaiterait mener.
Cependant, certaines de ses déclarations font craindre un affaiblissement de l’engagement américain à Kiev.
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Élection présidentielle américaine
L’Amérique d’abord. Comme en 2016, lors de sa première élection à la Maison Blanche, Donald Trump compte bien décliner ce slogan de campagne en matière de relations internationales. Un prisme qu’il compte aussi adopter pour »résoudre«le conflit en Ukraine, comme il le répète depuis des mois».Si nous gagnons, je pense que je peux régler cette guerre pendant que je suis président, avant même de prendre mes fonctions», a lancé le candidat républicain lors d’un discours à New York le 5 septembre.
Comment compte-t-il s’y prendre concrètement ? La politique qu’il propose à l’égard de l’Ukraine semble pour le moins vague. Aucune page ne mentionne spécifiquement la guerre en Ukraine dans son programme. LE Temps Financier a toutefois révélé fin octobre certains éléments qui pourraient être mis en œuvre par l’administration Trump, une fois au pouvoir.
Un gel du conflit proposé par Trump
Plusieurs propositions sont détaillées dans cette enquête. Selon le quotidien britannique, Donald Trump envisage notamment de mettre sur la table le gel des positions conflictuelles et la création de régions autonomes dans les oblasts de Louhansk et Donetsk, deux régions aujourd’hui occupées par Moscou et longtemps marquées sur leur territoire par les pro -Désirs russes. Ce dernier point a également été prévu dans le cadre des accords de Minsk, signés en 2014 et 2015, sans jamais être mis en œuvre.
Autre idée avancée par le camp Trump : exercer une forte pression économique sur la Russie, grâce à la baisse des prix du pétrole et du gaz. Deux matières premières dont la vente, bien que soumise à de fortes sanctions, permet à Moscou d’engranger de nombreux profits. L’idée du milliardaire américain est donc de concurrencer les Russes en proposant ces énergies fossiles à bas prix sur les marchés, pour pousser Vladimir Poutine aux négociations. La méthode ? “Vous inondez le monde de pétrole et de gaz américains moins chers et plus propres, résume Mike Waltz, l’un des principaux soutiens du nouveau président américain à la Chambre des représentants et cité par L’Indépendant de Kyiv . Vous baissez les prix.“
Un plan « absolument pas réaliste »
Difficile cependant d’imaginer voir ce projet se réaliser sans accroc. L’Union européenne, fortement engagée à Kiev pour éviter toute perte de territoire, ou l’Arabie Saoudite, qui ne serait pas forcément favorable à une baisse du prix du baril, ne seraient pas faciles à convaincre. Selon ce dernier, «C’est un plan simple et facile à exécuter sur papier pour passer à autre chose.souligne Joséphine Staron, directrice des études et des relations internationales au think tank Synopia, le 30 octobre sur LCI. “Mais ce n’est absolument pas réaliste (…) C’est un court-termisme, absolument pas réaliste, destiné aux Américains.“
Concernant la question du pétrole, «l’essentiel de la capacité de production américaine supplémentaire nécessite un prix du baril élevé pour être rentable», rappelle de son côté Benoist Bihan, stratège et historien militaire, invité sur la même tribune. Autrement dit, les compagnies pétrolières américaines n’auraient aucun intérêt à vendre leur or noir à perte »,à moins que l’opération soit massivement subventionnée» recherché par Donald Trump, précise l’expert. Le milliardaire, partisan convaincu des énergies fossiles, espère par exemple développer l’extraction du pétrole de schiste dans les années à venir.
Des relations avec Poutine et Zelensky qui interrogent
Au-delà de ce projet critiqué, d’autres interventions de Donald Trump rappellent son ambiguïté sur la cause ukrainienne. Ne souhaitant jamais publiquement la victoire de l’Ukraine, l’homme d’affaires cultive aussi une certaine admiration pour Vladimir Poutine, un dirigeant dont il fait l’éloge.l’intelligence« . Dans son dernier livre GuerreLe journaliste d’investigation américain Bob Woodward a affirmé que Donald Trump aurait parlé «au moins sept fois» avec le président russe après avoir quitté le pouvoir. Le Kremlin a nié ces affirmations, tandis que Trump a refusé de les commenter.
Dans l’autre camp, Volodymyr Zelensky a également été reçu en septembre à New York par le nouveau président américain. Ce mercredi, avant même sa victoire officielle, le chef de l’Etat ukrainien a salué «[leur] grand rendez-vous en septembre», au moment où les deux hommes avaient discuté «le plan de victoire« imaginé par Kyiv pour reprendre le contrôle de la guerre. Alors que ses troupes manquent d’armes et de soldats, dit Zelensky.»nous apprécions l’engagement du président Trump en faveur de l’approche « la paix par la force ».» Avant d’ajouter, dans son message du jour : «C’est exactement le principe qui peut concrètement conduire à une paix juste en Ukraine.»
Avant de le rencontrer, Donald Trump n’a pas manqué de critiquer le dirigeant ukrainien. « C’est le meilleur vendeur de la planète. avait-il jugé sarcastiquement. Chaque fois qu’il vient dans notre pays, il repart avec 60 milliards de dollars. » Au début de l’année, le Parti républicain avait bloqué pendant des mois au Congrès un programme d’aide crucial de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine. Le soutien a finalement été validé en avril, après des semaines de discussions.
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Plus généralement, les puissances proches des Etats-Unis s’interrogeaient aussi sur les potentiels changements au sein de l’Alliance transatlantique liés à une éventuelle arrivée du républicain à la Maison Blanche. En février, il a accusé les États membres de l’OTAN d’être «mauvais payeurs», en référence à la participation majoritaire des États-Unis aux dépenses militaires de la structure par rapport aux autres pays. Le secrétaire général de l’Otan, l’ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte, a toutefois félicité Donald Trump ce mercredi et assuré que «le leadership“de ce dernier”sera une fois de plus un élément clé pour maintenir la force de notre Alliance« .