Ce jeudi 30 mai avait lieu la deuxième édition du cross scolaire sur le site de La Bretèche, un établissement spécialisé pour enfants en situation de handicap, à Saint-Symphorien en Ille-et-Vilaine. Alors que les jeunes de cet établissement ont l’habitude de partager des activités dans une école publique tout au long de l’année, cette fois-ci, ce sont les enfants « valides » qui sont accueillis au centre médico-éducatif. Une sorte d’inclusion inversée.
Ils étaient plus d’une centaine sur la ligne de départ. Avec l’idée, non pas de gagner, mais de se retrouver et de partager un moment ensemble.
Sur le parcours de cette course interscolaire, des élèves de primaire de l’école Lucie Aubrac de Saint-Domineuc. Criant des encouragements, ils tendent la main vers les jeunes de l’Institut Médico-Educatif (IME) de la Bretèche, qui courent devant eux. Ces derniers ne manquent pas de leur donner un high-five au passage. Un moment d’échange symbolique, représentatif de cette journée d’inclusion inversée.
« Nous sommes ici pour nous rassembler avec nos différences. Certains enfants ont des problèmes mentaux. Ici, nous voyons à quel point ils ont des difficultés. Nous savons pourquoi ils ont des retards ‘mentaux’ et ainsi nous courons tous ensemble » explique le jeune Adel.
Une journée attendue pour les élèves de l’école Lucie Aubrac. C’est la deuxième année qu’un tel croisement est organisé entre le ME et cette école.
Une collaboration qui n’est pas le fruit du hasard. La Bretèche IME accueille tout au long de l’année des enfants présentant une déficience intellectuelle et des troubles du spectre autistique. Mais depuis 4 ans, une unité d’enseignement accueillant une dizaine d’élèves handicapés, âgés de 6 à 11 ans, a été implantée au sein de l’école primaire publique de Saint-Domineuc. Certains étudiants se réunissent donc toute l’année. Ils partagent les repas, les loisirs et certaines activités.
Cette journée de rencontres sportives prend donc l’aspect d’une sorte d’inclusion inversée, les élèves des écoles primaires étant conviés sur le site de la Bretèche. « Cela permet aux enfants, dits enfants ordinaires, d’être eux aussi confrontés au handicap dans l’espace de vie de l’IME et de se rendre compte qu’en fin de compte, handicap ou pas, nous sommes tous là pour passer un très bon moment. jour” explique Yann Philippe, enseignant spécialisé à l’unité externalisée de l’école Lucie Aubrac. Il ajoute que l’intérêt est également « changer l’image du handicap qui peut rester encore un peu fermée chez certains enfants ‘ordinaires’ ».
A LIRE AUSSI : VIDÉO. Aveugle et bientôt agricultrice, le fabuleux destin d’Anaïs : “Je veux montrer que malgré mon handicap, c’est possible”
Un objectif que Valérie Leduc-Brel, éducatrice à l’IME, estime atteint : “Quand je vois les jeunes de l’IME encourager les jeunes de l’école et vice versa, je trouve que c’est un jour où on est tous ensemble, qu’il n’y a pas de différences et qu’on ne fait vraiment qu’un.”
A LIRE AUSSI : Un food truck inclusif au Gault et Millau : une manière de changer notre regard sur le handicap
Une fête de fin d’année placée sous le signe du sport. L’activité par excellence, pour brouiller les différences. Mathis, un jeune de l’IME qui vient de marquer un but dans le tournoi de football d’aujourd’hui, se réjouit de ces rencontres d’une journée : “C’est bien quand tout le monde se mélange, ça permet de s’amuser et de connaître d’autres personnes.”
(Avec Gilles Le Morvan)
