Le Québec uni, toujours uni ? – .

« Mes chers amis, ce soir je voudrais vous parler rapidement de trois choses : la sécurité, la solidarité et la respectabilité. »

Sachant que je partais au Saguenay pour couvrir le conseil national de Québec solidaire, un ami passionné d’histoire m’a envoyé une vidéo de 1971 tirée des archives de Radio-Canada où on entend Pierre Bourgault critiquer ce virage. raisonnable ce que fait le Parti québécois. Il explique que le PQ Il faut cesser de chercher à sécuriser les électeurs, et plutôt chercher à incarner l’idée de liberté, à susciter le désir de liberté. Sur les images, on voit le regard exaspéré de René Lévesque, qui ne cache pas son irritation.

QS en ce moment ?Regarde ça, c’est fou comme ce débat bouge QS Tout de suitecet ami m’a écrit dans un bref message.

J’ai regardé la vidéo, pensif, juste avant d’arriver à Limoilou, où réside l’ancienne députée Catherine Dorion. Dans sa rue, l’odeur des lilas est forte, malgré le temps gris et froid du Québec.

Désillusion

L’automne dernier, alors que les arbres se paraient de couleurs, Catherine Dorion a publié un récit sur son passage à l’Assemblée nationale. Depuis, Les têtes brûlées, aux éditions Lux Éditeur, est devenu un véritable succès en librairie : 10 000 exemplaires vendus à ce jour. Ces carnets racontent sa désillusion envers l’institution politique, mais aussi envers son propre parti et son chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

: chroniqueurs de droite, anciens partis, finance. Mais son visage le plus redoutable était juste à côté de moi », « texte » : « Je croyais que le plus grand danger était lointain, extérieur : les chroniqueurs de droite, les vieux partis, la finance. Mais son visage le plus redoutable était juste à côté de moi”}}”>Je pensais que le plus grand danger était lointain, extérieur : les chroniqueurs de droite, les vieux partis, la finance. Mais son visage le plus redoutable était juste à côté de moiécrit-elle à la page 284.

J’avais envie de m’arrêter à Québec et de lui parler avant d’arriver au Saguenay, car la parution de son livre constitue une étape importante dans le chemin parcouru par la crise interne qui ébranle la solidarité au sein du parti.

Tout de suite, Dorion me montre une vidéo où l’on voit Gabriel Nadeau-Dubois aux côtés de Manon Massé en 2018. GND explique, convaincu, que les mouvements politiques de gauche ne doivent pas se recentrer pour prendre le pouvoir.

C’est ce qui était chaud quand j’ai rejoint l’équipem’a-t-elle dit devant sa bibliothèque. Ce discours m’a parlé. Lâcher prise, se rapprocher des mouvements sociaux, imaginer les choses autrement, laisser naître la solidarité de l’envie de remettre en question le système, faire rêver le monde.

Catherine Dorion, ancienne députée de Québec Solidaire dans la circonscription de Taschereau, dans son salon à Québec, le 24 mai 2024.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Choix effrayant

Dorion était également l’un des quarante signataires d’une lettre publiée dans Le devoirdébut mai, défendant l’appel au pragmatisme lancé par Gabriel Nadeau-Dubois. Où nous mènera ce choix effrayant de rester dans les limites du pragmatisme dicté par les élites médiatiques et économiques ? Notre ambition est bien plus grande que cela, ils ont écrit. Une phrase qui n’aurait pas déplu à Pierre Bourgault s’il était encore de ce monde.

Depuis la sortie de son livre, Catherine Dorion prend désormais du recul, me dit-elle. Elle tente de se remettre de ce qu’elle a vécu comme une épreuve. Elle a toujours sa carte de membre du parti, mais elle n’ira pas au conseil municipal du Saguenay.

Une autre grande absente de cette réunion de famille sera Émilise Lessard-Therrien. Je lui ai parlé à plusieurs reprises avant qu’elle ne prenne la décision de démissionner de son poste de porte-parole.Catherine Dorion me le dit. tripes pour dénoncer la clique autour de Gabriel », « texte » : « J’ai compris qu’elle vivait les mêmes types de frustrations que moi, qu’elle vivait le même rapport de force que moi. Je pense qu’elle a eu le courage de dénoncer la clique autour de Gabriel”}}”>J’ai compris qu’elle vivait les mêmes types de frustrations que moi, qu’elle vivait la même lutte de pouvoir que moi. Je pense qu’elle devait tripes pour dénoncer la clique autour de Gabrielajoute-t-elle avec admiration.

Affaiblissement du féminisme ?

J’avais à peine quitté la maison de Catherine Dorion pour reprendre la route que mon téléphone a sonné. Encore. J’ai passé une partie de la semaine au téléphone avec des militants, des personnalités influentes du parti, des députés, des ex-salariés et des membres fondateurs pour tenter de comprendre ce que faisaient ceux qui n’ont pas pris la plume, ni pour écrire un livre ni pour publier une lettre dans Le devoir. Je voulais savoir ce qu’ils pensaient QSses tours, son avenir, son rapport aux femmes.

Une ancienne salariée m’a confié qu’elle était assez dégoûtée d’entendre notamment les plaintes dénonçant un soi-disant affaiblissement du féminisme en QS. Il est complètement faux de dire que les femmes n’ont pas autant de place que les hommes dans ce parti. Je suis un peu fatigué de ce discours de victime. Un parti politique n’est ni une colonie de vacances ni un groupe de soutienelle m’a dit.

Certains disent qu’on invalide la parole des femmes. Eh bien, je me sens invalidée en tant que femme du parti quand j’entends cela. J’ai pris ma place et personne ne m’a arrêté.

Un autre ancien de QS m’a dit avoir vu dans le livre de Catherine Dorion une vendetta, tout simplement. Elle a déversé son culot sur Gabriel. D’autres l’ont fait après elle. Ils dénoncent une clique. Quelle clique ? Il n’y a pas de clique ! C’est de la paranoïa.

Selon lui, le virage proposé par Gabriel Nadeau-Dubois est un dépoussiérage nécessaire. Nos structures décisionnelles sont lourdes, trop lourdes. Ceux qui résistent forment une sorte d’élite militante attachée à nos statuts compliqués et à un programme inapplicable en l’état.

Attristé

Une autre, très fatiguée des luttes internes, m’explique qu’elle est attristée par le départ d’Émilise Lessard-Therrien, mais souligne que le parti n’a pas d’argent, pas assez pour pouvoir lui apporter l’aide qu’elle aurait souhaité. Personne n’avait de mauvaises intentions là-baselle m’a dit. Gabriel est-il un excentrique chaleureux ? Non, il est comme il est. Mais c’est un sacrément bon gars, animé par de sacrément bonnes idées et intentions.elle croit.

Un interlocuteur a une toute autre vision de Gabriel Nadeau-Dubois. Il n’est pas généreuxdit-il en parlant du leader parlementaire. Il n’écoute pas. Il y a de vraies lignes de fracture dans ce parti. Il revient sur l’erreur de taxes sur les orangesla proposition du parti, lors des dernières élections, de taxer les personnes possédant des actifs de plus d’un million de dollars. Cela nous a discrédités dans la région auprès des agriculteurs et a surpris les électeurs qui avaient sauvé leur vie entière pour acheter un duplex. Pouvons-nous en parler ?

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Estelle Saint-Pierre a préparé des pâtisseries pour les participants au Conseil national de Québec Solidaire.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Nous arrivons au Cégep de Jonquière vers 17h00, à peu près en même temps que Joëlle Saint-Pierre, une bénévole que tout le monde connaît dans le parti. Depuis 2009, Mme Saint-Pierre prépare depuis des semaines des petites gourmandises pour les militants. Elle ne manque jamais aucun conseil ou conférence. Elle fait des gâteaux, du sucre à la crème, du fudge, des biscuits. Elle s’occupe de la table des friandises.

Dans le stationnement du Cégep, sa filleule, Estelle Saint-Pierre l’aide à sortir les friandises de sa voiture. Mon travail consiste à les rendre heureux, dit-elle, et à la fin de la semaine, je vais travailler dur. Pendant ce temps, Amir Khadir, présent depuis le début de la fête, salue chaleureusement la bénévole et lui tient la porte. Le sucre que vous nous apportez nous aidera à résoudre nos problèmeslui dit-il affectueusement.

Je demande à l’ancien porte-parole du parti, qui a vécu de nombreux autres débats au sein QSsi Québec solidaire est toujours uni. Oui. Être solidaire ne signifie pas éviter les débats.

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Amir Khadir, ancien porte-parole de Québec solidaire, à la veille du Conseil national du parti à Jonquière, le 24 mai 2024.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Voilà, la table est mise. Et au menu du week-end, il y a fort à parier qu’il n’y aura pas que des petites gourmandises.

 
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