« Les gens sont heureux que je réussisse »

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« Les gens sont heureux que je réussisse »

Par

Aline Chatel

Publié le

25 mai 2024 à 14h56

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Nicolas Seube a passé une partie de sa journée, vendredi 24 mai 2024, dans une interview. L’entraîneur du Stade Malherbe Caen avait programmé plusieurs entretiens, notamment avec Sport à Caen, pour évoquer la saison écoulée et celle à venir. Première partie consacrée à ses six mois sur le banc caennais.

Nicolas, comment te sens-tu depuis la fin de saison ? Y a-t-il une forme de décompression ou êtes-vous toujours dans cette montée d’adrénaline ?

Je décompresse. Je vais bien. Je suis content de ce qui s’est passé, même si nous n’avons pas atteint l’objectif escompté. J’ai basculé vers le travail que je devais effectuer dans le cadre de ma formation (BEPF), tout en travaillant dans l’équipe de la saison prochaine. Je n’ai pas l’impression d’être en vacances, mais je suis en paix.

Vous avez évoqué la décision du dernier match. Comment se passent les prochaines 24 heures ?

Le plus dur, c’est le vestiaire en fin de match. Au-delà de la déception collective, c’est la fin d’un cycle pour certains. C’est toujours compliqué de préparer ça. Trouver les mots justes pour ceux qui partent est complexe. Les autres, on sait qu’on les reverra le 1er juillet. J’ai ouvert la porte aux entretiens individuels cette semaine, je n’ai pas eu beaucoup de retours (rires). J’ai vu quelques joueurs qui voulaient une évaluation. Le lendemain du dernier match, c’est très particulier car ça s’arrête. A l’avenir, nous tenterons peut-être de retrouver les familles pour fêter la fin de la saison avant de partir en vacances.

“Nous n’aurions pas pu faire mieux”

Quel mot utiliseriez-vous pour définir vos six derniers mois ?

Performance, bonheur, joie, plaisir. Je ne pense pas que nous aurions pu faire beaucoup mieux. Quarante-deux points en 23 matches, le deuxième meilleur ratio du championnat derrière Auxerre : même si on échoue de peu, le bilan est positif, que ce soit au niveau de la progression de l’équipe ou du nombre de points marqués. C’est une bonne base pour l’avenir.

J’ai le sentiment que les joueurs ont pris goût au travail, ont pris confiance en eux. Ils sont partis à la recherche de choses qu’ils ne soupçonnaient pas. Ce groupe était malade, c’est sûr, mais les joueurs ne se sentaient pas capables d’accomplir certaines choses. Il y a eu beaucoup de travail pour instaurer la confiance. J’ai le sentiment que certains joueurs ne croyaient pas ce qu’on leur disait. Ils ont réalisé que ce qu’on leur disait était possible.

Ces six mois, ont-ils été un épanouissement total ?

Oui, retrouvez-moi juste au bord du terrain. Premièrement, c’est une fierté d’être à la tête de cette équipe. Deuxièmement, je ne connais pas d’autre métier qui procure autant d’émotions. C’est une joie perpétuelle, avec parfois de la frustration et de l’agacement, mais aussi de nombreux moments de communion. Il y a beaucoup de choses associées à la joie.

Un moment illustre-t-il particulièrement cette période ?

Il y en a deux, le premier match et le dernier match. Contre Bastia, on sait que ça va être dur, on sait qu’on est dans un état psychologique difficile, mais il faut trouver le moyen de gagner. Avec succès, parce que Bastia a les occasions de marquer et qu’on marque à la fin quand l’adversaire perd le ballon, on livre tout un stade et tout un club. D’un week-end à l’autre, les choses changent. C’est le point de départ. La fin c’est le travail de six mois, c’est une équipe qui maîtrise les débats, qui joue mieux au football. On sent qu’on peut marquer à tout moment, qu’on est plus solides défensivement, qu’on produit un football beaucoup plus attractif.

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La communion avec le public est le résultat de six mois de travail. Les gens croyaient également en la capacité de l’équipe à atteindre l’objectif. Je pense qu’ils ne nous en veulent pas car nous avons tout donné pour y arriver. Pour quelqu’un qui a une histoire de ce club, c’est un pari gagnant. On a donné aux gens le goût de revenir au stade, de croire en quelque chose. J’avais à cœur de raviver ce stade et cette flamme. Je fais souvent référence à Didier Deschamps car lorsqu’il a repris l’équipe de France, ce sont les premières choses qu’il a dites : « il faut redonner envie aux gens de soutenir l’équipe de France ». J’étais un peu dans le même état d’esprit.

” Je ne suis pas surpris “

Est-ce que ce qui s’est passé est ce que vous aviez visualisé ou étiez-vous vous-même pris dans cette sorte de tourbillon ?

Je n’ai pas été pris dans le tourbillon car je savais que nous étions capables d’y parvenir. Le potentiel de l’équipe était réel, présent. Si je compare avec ce que Fabrice Vandeputte (entraîneur de l’équipe réserve, il était intérimaire à la fin de la saison 2019-2020, ndlr), le potentiel de l’équipe était moindre, dans une époque encore plus restreinte. Cette saison, je savais que nous avions le temps. C’est ce que j’ai dit aux joueurs avant le premier match.

Je planifie rapidement ce qui va se passer ensuite. Je n’en rêvais pas, mais je savais que j’en avais la capacité. Certains ont peut-être été surpris que cela se soit si bien passé, mais cela fait six ans que je travaille dans l’ombre. Je sais de quoi je suis capable, je sais quel staff doit me soutenir, je sais faire performer l’équipe, je sais transcender les joueurs. C’est quelque chose qui me motive, j’adore le management. Je ne suis pas surpris, donc je n’ai pas été dans le tourbillon de l’incendie.

Vous étiez un joueur adoré du public, vous êtes un entraîneur qui l’est encore plus. Pourtant, on pardonne moins de choses aux coachs.

Aujourd’hui, je n’ai pas laissé la porte ouverte pour ne pas me faire pardonner. Quand on a de bons résultats, les gens nous aiment. Quand nous n’avons pas de bons résultats, les gens ne nous aiment plus, peu importe ce que nous étions. J’en suis totalement conscient. Les gens sont peut-être un peu plus indulgents sur la façon de jouer au football avec moi à la tête de l’équipe. En revanche, en termes de résultats, ça tourne aussi vite qu’il s’enflamme.

Les gens sont heureux que ce soit l’histoire qui dirige cette équipe. Ils sont heureux que je réussisse. Je crois sincèrement que le grand public avait plus peur de l’échec – et de la mauvaise image qui en découle – que moi. Je ne me soucie pas de mon image. Je sais ce que je veux, je sais de quoi je suis capable. Je n’avais pas peur de vivre ça. Comme je suis une personne compétitive et travailleuse, j’ai inversé la question. Quand les managers me disaient : « Si tu échoues, l’image que tu auras auprès des gens, après ce que tu as fait… » J’ai répondu : « Imaginez si ça marche ». C’est tant mieux que les gens soient contents que je sois à la tête de cette équipe, ça donne aussi de la valeur ajoutée aux joueurs.

J’étais avec Didi sur le terrain à la fin du match contre Valenciennes. Je lui ai dit : « Tu vois, ce qui se passe ici, c’est vingt ans de travail. Quand tu travailles, quand tu es humble, quand tu prends en compte tous les gens qui travaillent ici, qui viennent au stade, vois comment ils te rendent la pareille. Si jamais tu oublies ça, tu es mort. Mais si vous vous battez tous les week-ends, voilà le résultat. »

Quel est votre rapport à cet amour que les gens vous transmettent ?

C’est définitivement un regain d’âme supplémentaire. J’ai l’impression que lorsque j’entre dans ce stade, rien ne peut nous arriver. Mon objectif est de transmettre cela aux joueurs. A d’Ornano, je me sens bien. J’ai l’impression d’être chez moi. L’idée est de rendre les gens heureux, grâce à ce qu’ils m’ont apporté. C’est grâce à eux que je suis reconnu.

Le footballeur fait carrière, mais on prend de l’importance à partir du moment où le grand public nous reconnaît pour ce que nous faisons. Ce sont les supporters, les spectateurs qui nous font devenir une autre personne. Je n’ai jamais oublié ça. Je veux les rendre fiers. J’ai envie qu’ils se disent : « Je suis tellement content d’être caennais ». Après, il y a la fierté de nos proches, de la famille. J’ai tout vécu ici. Je n’étais rien, j’ai gravi les échelons et je suis devenu entraîneur.

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