qu’est-ce que le décret 54 contre les « fausses informations » accusées de menacer les libertés ? – .

qu’est-ce que le décret 54 contre les « fausses informations » accusées de menacer les libertés ? – .
qu’est-ce que le décret 54 contre les « fausses informations » accusées de menacer les libertés ? – .

Une manifestation dénonce ce vendredi à Tunis les multiples arrestations et condamnations de journalistes, d’avocats et de personnalités de la société civile sur la base de ce décret promulgué en 2022 par le président Kaïs Saïed.

Les arrestations et les condamnations se sont poursuivies ces dernières semaines. Et plusieurs journalistes, avocats et personnalités de la société civile sont toujours visés en Tunisie par la justice en vertu d’un décret qui sanctionne « diffuser de fausses informations ». Après une manifestation dimanche dernier en soutien au président Kaïs Saïed qui a balayé les critiques en dénonçant « ingérence étrangère »une manifestation doit avoir lieu aujourd’hui pour dénoncer notamment la condamnation ce mercredi de deux éminents journalistes à un an de prison chacun.

Le célèbre présentateur Borhen Bssais et le chroniqueur politique Mourad Zeghidi ont été condamnés à six mois de prison, sur la base du décret 54, pour radiodiffusion « fausses nouvelles »et six mois supplémentaires pour « fausses déclarations dans le but de diffamer autrui ». Ils ont été arrêtés le 11 mai pour des déclarations dans des émissions de radio et de télévision ainsi que des publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques à l’égard du pouvoir du président Saïed.

Leur arrestation a coïncidé avec l’arrestation musclée, le même jour, de l’avocate Sonia Dahmani, également chroniqueuse, poursuivie au nom du même décret. Le 13 mai, c’est au tour d’un autre avocat Mehdi Zagrouba d’être arrêté dans les locaux du barreau de Tunis, ce qui a motivé l’Union européenne, la France et les Etats-Unis à exprimer leurs « inquiétudes » et leur « inquiétude » pour le respect des droits et libertés, dans le pays qui se targue d’avoir été le berceau, en 2011, du Printemps arabe.

Un décret adopté en 2022

En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à Kaïs Saïed, ont été poursuivies au nom du décret 54, a indiqué à l’AFP le président du Syndicat national des journalistes tunisiens. (SNJT), Zied Dabbar.

Lire aussiAutoritaire et (toujours) populaire : Kaïs Saïed, le nouveau despote qui renvoie la Tunisie à ses vieux démons

Le 13 septembre 2022, le président Saïed a promulgué le « décret 54 » qui punit d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « écrire, produire, diffuser (ou) propager de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter atteinte à la sécurité publique ».

La même pénalité peut être appliquée en cas de diffusion « des informations ou des faux documents (…) visant à diffamer autrui, à nuire à sa réputation, à lui nuire financièrement ou moralement ». Le temps de détention double « si la personne concernée est un agent public »selon le décret controversé.

« Faire taire les voix indésirables »

Malgré ses objectifs officiels, ce « le décret-loi n’a par exemple jamais été appliqué aux cas de cyberattaques », note Zied Dabbar. Pour le célèbre chroniqueur radio Haythem Mekki, le texte vise « pour faire taire les voix indésirables au pouvoir, ce qui explique les multiples poursuites engagées contre des personnes qui n’ont fait que critiquer les autorités ». Lui-même faisant l’objet d’une enquête sur la base du décret 54 pour une publication sur l’état de la morgue de l’hôpital de Sfax (centre), ce journaliste estime que le texte a « a réussi à intimider les milieux médiatiques et a gravement porté atteinte à la liberté d’expression ».

“On n’ose presque plus critiquer le président, ni en faire un objet de satire alors qu’à une époque on avait des marionnettes (des marionnettes humoristiques, ndlr) pour tous les responsables de l’Etat”note-t-il. « La chape de plomb est là et pèse lourd »déplore Haythem Mekki.

La liberté d’expression était considérée comme la principale réussite de la révolution de 2011 qui a renversé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Mais depuis le coup d’Etat du président Saïed en juillet 2021, par lequel il s’est octroyé tous les pouvoirs, plusieurs ONG et l’opposition déplorent un recul des droits et libertés. Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, le gouvernement tunisien se sert de ce décret « pour étouffer et intimider un large éventail de critiques ».

Pour une révision du décret

Pour le professeur de sciences de l’information Sadok Hammami, « ce décret-loi n’est en aucun cas une réponse à la désinformation ou aux ‘fake news’ puisqu’il vise particulièrement des personnalités publiques et politiques ». « Le climat actuel décourage les professionnels des médias et crée un climat de peur, de censure et d’autocensure »selon lui.

« Aujourd’hui, les gens ont peur de s’exprimer pour ne pas subir les foudres du décret 54 », confirme à l’AFP Hamza Belloumi, un animateur star de la télévision. Son émission hebdomadaire, qui révèle des affaires de corruption ou des sujets de société sensibles, s’appuie sur des témoignages de personnes « qui ont eu le courage de parler, mais qui sont beaucoup plus réticents aujourd’hui ». « Soit ils n’acceptent pas de parler, soit ils exigent des garanties d’anonymat »il regrette, soulignant avoir « considérablement réduit » le nombre de rapports. Même si « L’idée du texte a été motivée par la bonne volonté, son utilisation est mauvaise. C’est devenu un instrument pour museler la parole. »il ajoute.

Fin février, 40 députés ont déposé une demande au Parlement pour réviser le décret mais son examen est en suspens. « obstrué par le président » de la Chambre, accuse le président du SNJT. L’avocat et militant politique Ayachi Hammami, poursuivi depuis janvier en vertu du décret après une intervention radiophonique sur la situation des magistrats, déplore « une instrumentalisation des lois pour frapper durement les voix opposées, les écarter et effrayer les Tunisiens ». « Il est temps de réviser ce décret notamment à l’approche de l’élection présidentielle (prévue à l’automne, NDLR) ce qui nécessite la plus grande solidarité entre les acteurs médiatiques, politiques et socio-économiques »renchérit le député indépendant Mohamed Ali.

« data-script=”https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js” >

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Redmi Note 13 atteint son prix le plus bas de tous les temps sur Amazon
NEXT Fiche d’audience de la Mannschaft… L’Italie et l’Espagne font leurs débuts… Suivez avec nous la deuxième journée… – .