Au procès FN-RN, l’étau se resserre sur Marine Le Pen

Au procès FN-RN, l’étau se resserre sur Marine Le Pen
Au procès FN-RN, l’étau se resserre sur Marine Le Pen

L’audition de Marine Le Pen était attendue. Elle a duré plus de six heures et n’a pas permis d’entendre l’ancienne assistante parlementaire avec qui elle devait partager l’audience ce lundi après-midi. Durant les deux premières semaines du procès, elle est intervenue à deux reprises. Le troisième jour, en tant que représentante de son parti, elle avait posé les bases d’une défense très politique. Le 9 octobre, elle demande à intervenir pour se dérouler à nouveau dans la version du procès des assistants parlementaires européens fictifs du Front National (FN). Nous n’avions encore affaire qu’à des généralités. Mais ensuite elle a dit Indiquer avoir “perçu du président [du tribunal] un ton de partialité ».




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Hier, c’est parti le bas du fichier ce 11e La chambre correctionnelle de Paris a commencé à interroger Marine Le Pen. Les premières auditions, la semaine dernière, des anciens députés européens Fernand Le Rachinel et Bruno Gollnisch, ainsi que de leurs assistants, ont clairement montré que ces derniers étaient bel et bien payés par l’Europe – certains même grassement – ​​alors qu’ils travaillaient pour le parti lepéniste. Comme ses anciens collègues, Marine Le Pen doit expliquer la réalité du travail de quatre collaborateurs parlementaires, qui lui a valu d’être poursuivie pour « détournement de fonds publics ». Le tribunal prévoit d’y consacrer trois après-midi. Avant de l’entendre à nouveau, le 5 novembre, cette fois sur l’accusation de « complicité de détournement de fonds publics ».

Questions sur l’embauche d’un assistant historique

Ce 14 octobre, elle doit répondre de l’embauche de novembre 2008 à septembre 2016 de Catherine Griset, sa collaboratrice historique. Une « amie », qui fut sa belle-sœur lors de son second mariage de 2002 à 2006. À la barre, elle raconte avoir recruté cette jeune militante en 1994 comme assistante lorsqu’elle était avocate. Puis de l’avoir ensuite gardé avec elle en 1998 lorsqu’elle créé le service juridique du FN, où elle était employée par le parti. Dans un organigramme de 2008, Marine Le Pen porte le titre de vice-présidente exécutive chargée de la formation, de la communication et de la propagande ; Catherine Griset y apparaît alors comme son assistante.

Poursuivant son récit, Marine Le Pen, députée européenne depuis 2004, explique que dans sa position de frontiste, la communication se réduit alors à des apparitions médiatiques, car financièrement le parti est au bord de la faillite après ses revers électoraux de 2007. niveau social. Coïncidence inquiétantc’est le moment qu’elle a choisi pour embaucher son collègue comme assistant parlementaire local à temps plein. Un statut qu’elle a conservé pendant deux ans.




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En décembre 2010, Catherine Griset passe en contrat d’assistante parlementaire agréée (APA) “à sa demande”déclare Marine Le Pen, qui précise que“elle voulait s’éloigner de Paris”. Contrat renouvelé après les élections européennes de 2014, jusqu’au 15 février 2016. Ces contrats APA sont les deux seuls retenus par la justice. Car, selon l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) et les juges d’instruction, Catherine Griset n’a pas respecté ses obligations et interdictions en continuant à travailler au siège du parti à Nanterre, comme assistant personnel puis chef de cabinet de Marine Le Pen.

Obligations non respectées

Le statut des assistants parlementaires européens, entré en vigueur en 2009 en même temps que le statut des députés européens, distingue les assistants locaux, en poste dans le pays d’élection de leur député européen, et les assistants accrédités censés travailler dans les locaux du Parlement. à Bruxelles, Strasbourg ou Luxembourg. Les premiers sont payés par le Parlement européen via un « tiers payant » chargé de remplir toutes les obligations sociales découlant de leur contrat de droit national. Ces derniers, bien que embauchés à la demande d’un député européen, ont le statut de fonctionnaire européen directement payé par l’Europe et fiscalement plus attractif.

Avoir une résidence à Bruxelles, ce n’est pas, selon moi, vivre à Bruxelles toute l’année.

M. Le Pen

Appelé à préciser les éventuels avantages financiers pour les députés européens et les assistants du statut APA, Didier Klethi, directeur général des Finances du Parlement européen, rappelle qu’un assistant accrédité il faut absolument être résident à Bruxelles, Strasbourg ou Luxembourg. «C’est un travail caché d’avoir un APA qui travaille ailleurs que Bruxelles, Strasbourg ou Luxembourg»il accuse avant que les assistants français résidant à Bruxelles ou à Luxembourg ne reçoivent “une indemnité d’expatriation de 16%”.

Pourtant, Catherine Griset n’avait qu’un pied sur terre dans la métropole bruxelloise, une chambre avec Christian Van Houtte, adjoint belge des députés européens FN, “pas de téléphone, pas d’abonnement” prouvant sa résidence, constate la présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis. Sur ce point, Marine Le Pen éluder : « En 2009, cela ne me paraissait pas aussi précis que ce que nous présentait M. Klethi. » Elle assure qu’elle avait «compris qu’elle devait résider à Bruxelles et être présente aux séances du Parlement». « Avoir une résidence à Bruxelles, ce n’est pas, pour moi, vivre à Bruxelles toute l’année »elle ose.

Sur l’obligation, inscrite dans le contrat APA, d’assister leur adjoint “dans l’un des locaux du Parlement européen”la fille de Jean-Marie Le Pen répond qu’elle ne l’était pas « je ne sais pas que [Catherine Griset] devait être au travail à Bruxelles du lundi 9h à 17h et tous les jours ». « Dans mon esprit, il s’agissait d’être présent à mes côtés lors des séances et dans les bureaux de mon député au siège du parti. »

Elle affirme également qu’ils étaient le voyage ensemble, « nous sommes arrivés en voiture de Paris, elle ne partait pas toujours avec moi mais venait avec moi ». Elle a précisé un peu plus tard qu’ils se rendaient à Bruxelles en Thalys, où l’attendait sa voiture, à Strasbourg en avion. Mais dans la masse de contraventions fournies à l’enquête par son assistante, il n’y aurait que des preuves des déplacements de Mme Le Pen.

Pas vu au Parlement, mais présent au siège du FN

Concernant le travail de Catherine Griset à Bruxelles, l’instruction assure qu’entre octobre 2014 et août 2015, les blaireaux du Parlement européen n’ont enregistré sa présence que pendant 740 minutes, soit environ 12 heures. “C’est un des éléments sur lesquels s’appuient les poursuites”reconnaît Marine Le Pen. Mais elle affirme d’emblée qu’elle ne s’est jamais badgée. Seul son chauffeur badgé à l’entrée du parking et non les occupants du véhicule.

Salle de bains, “Les agents de sécurité nous ont dit bonjour et nous sommes allés avec qui nous voulions”. Une affirmation durement démentie par Didier Klethi : seuls les députés ne badgent pas en empruntant un « couloir bleu »toutes les autres personnes entrant dans l’enceinte du Parlement, y compris les fonctionnaires comme lui depuis trente ans, sont là amendes. Surtout dans la période citée, précise-t-il, où la sécurité avait été renforcée en raison des attentats.




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A l’inverse, entre février 2015 et février 2016, les blaireaux FN de Nanterre ont constaté la présence de Catherine Griset en moyenne entre 17 et 22 jours par mois. UN à temps plein au siège du parti ce qui fait douter le tribunal de son travail d’assistante parlementaire, d’autant que durant cette période elle succède à Bruno Bilde comme directrice de cabinet de Marine Le Pen, présidente du RN.

A la barre, elle défend auprès d’elle l’énorme travail de sa collègue : la gestion du courrier et des emails – qu’elle gère toujours avec sa boîte Gmail ou celle du FN, jamais celle du Parlement européen, son patron refusant de s’en servir après voir un jour un employé de maintenance prendre en main son ordinateur – son agenda, ses rendez-vous et contacts avec la presse, la mise en forme de ses discours – “double interligne, police 18, car sinon je ne peux pas les corriger” –, réservations d’hôtels, de transports et de restaurants, etc.

Tout ce qui s’est passé en politique est obsolète. Un billet vieux de six mois est trop vieux.

M. avec stylo

Elle assure enfin que “ce titre de chef de cabinet ne lui a pas fait perdre ce qu’elle avait, un rôle de coordination confié à celui dont le mandat [européen] est le cœur de l’activité ». Quant à la preuve des travaux réalisés, Marine Le Pen renvoie le tribunal à « la masse considérable de documents » fournie aux juges d’instruction par son assistante en qui elle la voit “disque dur externe”. Parce qu’elle-même n’a aucun goût pour les archives ; ” Que prend trop de place ». “Je brûle toutdit-elle. Tout ce qui s’est passé en politique est obsolète. Un billet vieux de six mois est trop vieux. » Serait-ce la raison de ses virages programmatiques successifs et de leur plasticité ?

« Travailler pour la fête »

S’il est interdit aux assistants parlementaires européens de travailler pour un parti, cette interdiction est encore plus stricte pour les APA tenus de déclarer et d’obtenir une autorisation pour toute activité annexe, même sur la base du volontariat, même le week-end. En étant clairement infraction Avec ces obligations, la double casquette de Catherine Griset et son véritable lieu de travail n’aident pas Marine Le Pen à contester la thèse du parquet, selon laquelle le FN a fait des économies à l’arrière du Parlement européen en lui faisant prendre en charge les salaires de plusieurs de ses collaborateurs permanents.

Elle-même peut contribuer par ses déclarations. Me Patrick Maisonneuve, avocat de la partie civile, le lui a rappelé, fait le 30 juin 2017 : « Lorsque les assistants parlementaires n’étaient pas strictement occupés par des tâches parlementaires, ils pouvaient la demande de leur député de travailler pour le parti dont les députés sont tous membres […] et dont ils partagent les idées et la lutte. » Elle nie avoir dit « travailler pour le parti ».

“Mais il s’agit d’une déclaration écrite que vous avez remise aux enquêteurs” – en réponse à sa première convocation, NDLR – le président a rétorqué, “ce n’est pas un problème de transcription”. Piqué au vif, Marine Le Pen assure avoir voulu dire “au profit du parti”. La nuance est fine et peu convaincante.

Marine Le Pen doute

L’énergie que Marine Le Pen met à se défendre, à éluder des questions précises, y répondant parfois avec une mauvaise foi totale, trahit la situation délicate dans laquelle elle s’est mise. Pour les faits qui lui sont reprochés, elle risque une peine de prison, une lourde amende et surtout une peine de prison. peine d’inéligibilité de cinq à dix ans, de nature à mettre un terme à son ambition présidentielle. Une menace qu’elle ressent de moins en moins évitable lorsqu’en toute fin d’audience, elle fait part de ses questions aux magistrats.

Il était déjà plus de 20 heures lorsque, en réponse à un avocat de la défense, elle a appelé le tribunal à témoigner de manière énigmatique : « Pensez-vous qu’un mandat de leader politique soit compatible avec un mandat d’élu ? » « Heureusement, je ne suis plus président du Rassemblement national »continue-t-elle devant les visages stupéfaits qui lui font face. Elle rappelle qu’elle est toujours présidente d’un groupe parlementaire puissant et « également potentiellement candidat à la présidence de la République ».

Alors que de nombreux observateurs se demandaient comment intéresser les Français à ce qui se passe au Parlement européen, les partis se contentant d’y envoyer des étrangers, rappelle-t-elle, “le choix” de son parti l’a pointé du doigt. “Nous avons envoyé des gens célèbres”elle dit effrontément en citant son père et quelques dirigeants lépénistes de premier plan, dont elle-même, qui avaient trouvé asile sur les bancs bleus de ce Parlement qu’ils détestent. « Ne nous mettons-nous donc pas en danger ? »

 
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