L’annonce a été faite jeudi 10 octobre 2024 : le laboratoire français Sanofi entame les négociations avec le fonds américain CD&R, qui devrait reprendre une part (à parts égales ou majoritaires) d’Opella, l’entité qui commercialise des médicaments sans ordonnance comme, notamment , Doliprane, mais aussi des compléments alimentaires. Cette séparation avait déjà été annoncée.
Sanofi a privilégié le géant américain, tandis que le fonds d’investissement français PAI Partners (allié aux fonds souverains d’Abou Dhabi et de Singapour) avait également une offre sur la table.
La CGT dénonce des pratiques « destructrices »
Sur le site de Lisieux, où est produit la quasi-totalité du Doliprane, les réactions n’ont pas tardé, notamment de la part des représentants syndicaux : « Ces pratiques destructrices consistent à maximiser les profits des actionnaires en piétinant les travailleurs. » assure la CGT Sanofi. La vente d’Opela menacerait « non seulement l’avenir des salariés, mais aussi l’accès aux soins des patients, le maintien de l’emploi et de la production industrielle en France et en Europe ».
Même son de cloche du côté de Thierry Van Boxstael, nouveau co-secrétaire du syndicat local de la CGT de Lisieux, qui fut salarié de Sanofi pendant trente-cinq ans et délégué syndical : « Ils vont presser le citron, vouloir réduire les coûts sur tout ce qu’ils peuvent, les fournisseurs, avoir des aides d’État de tous côtés, réduire les coûts de personnel, réinitialiser les accords. Lorsqu’ils n’auront plus d’argent, ils revendront le produit, les locaux ou produiront ailleurs. »
Les élus ont partagé
Jérémie Patrier-Leitus, deputy for 3e circonscription du Calvados, indique avoir » a officiellement saisi Antoine Armand, ministre de l’Économie, Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l’Industrie et Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé pour les alerter de cette décision qui peut remettre en cause notre sécurité sanitaire et la souveraineté industrielle de la France. […] De solides garanties doivent être fournies par l’acheteur américain. » Le député mentionne également “une menace” pour les 250 emplois de l’usine Lexovian.
Sébastien Leclerc, mayor of Lisieux, specifies that he “a longuement échangé avec les dirigeants ces derniers jours”. Il rappelle que 20 millions d’euros ont été récemment investis sur ce chantier “très rentable”, et ça « Une vingtaine d’emplois seront créés. L’idée est de passer d’une production de 260 millions de cartons à 400 millions [par an, NDLR] », avec une stratégie tournée vers l’international. Il ne reste plus qu’à « court et moyen terme », le conseiller n’est pas “pas inquiet” for Lisieux. « Aujourd’hui, il n’y a aucun danger, mais une fois la vente conclue, ce sera différent » » relativise Johann Nicolas, délégué syndical.
“Aucun impact sur l’emploi” selon la direction
La direction se veut rassurante : « Concernant Opella, nous avons toujours été très clairs : il n’y aura aucun impact sur l’emploi, sur les sites industriels en France, ni sur l’avenir du Doliprane, explique Nicolas Obrist, responsable des relations médias de Sanofi. C’est la deuxième marque d’Opella en termes de chiffre d’affaires mondial, tandis que Doliprane n’est commercialisé qu’en France. Cela n’aurait aucun sens d’arrêter la production ici ! »
« Aucune décision n’a été prise pour le moment. assure Nicolas Obrist, l’accord n’est pas finalisé. » La direction assure qu’en cas de vente confirmée, un dialogue social sera immédiatement mis en place.
Une grève sur le site à partir de lundi
“Pour marquer le coup”, le syndicat local CGT appelle à la grève sur le site de Lexovian, lundi, de 9h à 17h « Nous ne forçons personne, nous voulons juste savoir ce que veulent faire les salariés. C’est important pour leur avenir ! »
Le ministre de l’Industrie réagit
Le nouveau ministre délégué chargé de l’Industrie a immédiatement réagi à ce sujet sensible. Il évoque “un fonds d’investissement sérieux” mais assure “qu’un certain nombre d’engagements économiques seront demandés à Sanofi et au futur repreneur CD&R. Ceux-ci visent notamment à garantir le maintien des sièges sociaux et des centres de décision sur le territoire national, et à préserver l’empreinte industrielle française de Opella. »
Selon Marc Ferracci, « ce projet de vente ne remet en cause ni la production en France du Doliprane ou d’autres médicaments essentiels, ni l’approvisionnement du marché de ces médicaments ».