La guerre entre Israël et le Hamas, qui s’est élargie en octobre 2024 avec les incursions terrestres de Tsahal, l’armée israélienne, au Liban, a poussé de nombreux États à dénoncer la gestion du conflit par Tel-Aviv. L’Afrique du Sud est allée jusqu’à lancer le 29 décembre 2023 une procédure contre l’État d’Israël devant la Cour internationale de Justice pour violation présumée de la convention sur le génocide. Mais parmi les partisans de cette initiative, on retrouve plusieurs pays qui continuent de fournir des produits pétroliers à Israël, alimentant son effort de guerre depuis un an.
De nombreux fournisseurs publics ou privés d’or noir
L’ONG Oil Change International (OCI), spécialisée dans les énergies fossiles, a recensé 65 livraisons de produits pétroliers à Israël depuis le 21 octobre 2023. Ce pétrole alimente l’économie et la consommation du pays, mais certaines variétés repérées par OCI sont directement utilisées par Tsahal. . C’est notamment le cas du JP-8, un carburéacteur fourni par les États-Unis pour les besoins militaires d’Israël. Le pétrole brut est raffiné en Israël, ce carburant pouvant ensuite être utilisé pour alimenter la machine de guerre israélienne.
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L’OCI met en avant la diversité des acteurs qui viennent en aide à Tel-Aviv : les géants pétroliers BP, Chevron, Eni, ExxonMobil, Shell et TotalEnergies fournissent 35 % des produits pétroliers israéliens. D’autres sociétés privées représentent 30 % des livraisons, tandis que les sociétés d’État ont exporté 34 % du pétrole utilisé en Israël.
Le nombre de pays d’où provient le pétrole brut est toutefois relativement restreint. L’Azerbaïdjan, partenaire clé d’Israël, arrive en première position avec 28 % des exportations, via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, avant d’être acheminées de la Turquie vers Israël. Le Kazakhstan arrive en deuxième position avec 22 % des livraisons.
Mais l’aide apportée par ces deux pays qui ne s’opposent pas ouvertement à Israël n’est finalement pas surprenante, contrairement à d’autres Etats.
Pays opposés à Israël mais lui fournissant du pétrole
37% du pétrole brut israélien provient de 3 pays africains. Le Gabon fournit ainsi 22 % du pétrole israélien, suivi du Nigeria (9 %) et du Congo (6 %).
“Rien ne justifie le carnage en cours à Gaza. Il doit arrêter», indiquait pourtant en mars 2024, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, à Al Jazeera.
Si le Gabon est suspendu de l’Union africaine depuis 2023 à la suite d’un coup d’État contre le président Ali Bongo, le Nigeria et le Congo sont néanmoins membres de l’organisation internationale, qui dénonce officiellement la politique israélienne.
“Soyez assurés que nous condamnons fermement ces attentats sans précédent dans l’histoire de l’humanité. […] Nous voulons vous assurer de notre solidarité avec la population de Palestine», affirmait Moussa Faki, président de la Commission de l’Union africaine, en février 2024, lors d’un sommet organisé à Addis-Abeba aux côtés de Mohammad Chtayyeh, alors Premier ministre de l’Autorité palestinienne.
Produits raffinés fournis par Moscou et Washington
Le Brésil fournit 9 % du pétrole brut utilisé par Tel-Aviv, un soutien qui s’écarte fortement des positions officielles du pays. “Le président a exprimé son soutien à l’initiative de l’Afrique du Sud visant à demander à la Cour internationale de justice d’ordonner à Israël de cesser immédiatement tous les actes et mesures susceptibles de constituer un génocide ou des crimes connexes”.soulignait le ministère des Affaires étrangères du pays en janvier 2024.
Relayé par Reuters, le président Luiz Inácio Lula da Silva affirmait en février que « Le comportement d’Israël n’a aucune explication ». Il a également ajouté :
Sous prétexte de combattre le Hamas, ils tuent des femmes et des enfants.
Du côté des produits raffinés, les exportateurs sont très différents : les États-Unis, avec 36 %, et la Russie, avec 28 %, sont ici en tête. Si Washington est le principal allié de Tel-Aviv, Moscou est en désaccord avec les actions menées par Israël, sans soutenir officiellement la procédure sud-africaine devant la Cour internationale de Justice. On retrouve ensuite le Brésil, puis l’Albanie, la Grèce et l’Italie, qui fournissent à eux deux moins de 20 % des produits raffinés.
