Ménopause, PMA, bilan de fertilité… Que pensent les spécialistes des annonces d’Emmanuel Macron sur la santé des femmes ? – .

Ménopause, PMA, bilan de fertilité… Que pensent les spécialistes des annonces d’Emmanuel Macron sur la santé des femmes ? – .
Ménopause, PMA, bilan de fertilité… Que pensent les spécialistes des annonces d’Emmanuel Macron sur la santé des femmes ? – .

Dans un entretien publié ce mercredi 8 mai, Emmanuel Macron est revenu, entre autres, sur certaines mesures concernant la santé des femmes. Congélation d’ovules, ménopause, GPA… La gynécologue, obstétricienne et spécialiste de la fertilité Meryl Toledano revient sur ses réponses.

Retrouvez notre interview exclusive :

ELLE. Nous avons interrogé Emmanuel Macron sur les délais d’attente pour la PMA. Il dit vouloir ouvrir l’autoconservation des ovocytes aux centres privés, qu’est-ce que cela va changer concrètement ?

Meryl Tolédano. Aujourd’hui, la conservation des œufs n’est autorisée que dans les lieux publics. Les frais excessifs sont interdits. Les patients sont donc pleinement pris en charge. Mais compte tenu des délais, un grand nombre d’entre eux ne peuvent être pris en charge et se tournent vers l’étranger. Ces patientes se tournent vers la préservation de la fertilité dans des cliniques privées, notamment en Espagne. Le système est mis en place de manière à ce qu’ils puissent introduire une demande auprès de la sécurité sociale pour la prise en charge de leur tentative. Ils sont donc partiellement remboursés pour un prix deux fois plus élevé que ce qui se ferait en France dans un établissement privé : car la loi y interdit les soins. La situation est assez grotesque.

Actuellement, la préservation de la fertilité féminine (FFP) est autorisée dans les centres privés à but non lucratif et non dans les centres privés en général. Les délais d’attente peuvent parfois aller jusqu’à un an et la plupart des centres n’acceptent plus les inscriptions de patients de plus de 36 ans, sous prétexte qu’ils auront dépassé l’âge légal lorsque viendra leur tour. Autoriser l’autoconservation des ovocytes à tous les centres privés qui en feraient la demande serait en effet la solution.

ELLE. Que pensez-vous des annonces d’Emmanuel Macron concernant un « grand plan » sur l’infertilité ?

Je trouve toujours très bien de lancer des mesures sur la fécondité. Cela permet aux patients de poser des questions et de ne pas venir consulter trop tard. En tant que médecins spécialistes de la fertilité, nous sommes quotidiennement confrontés à ce sujet.

ELLE. Les hommes et les femmes se rendent-ils compte trop tard de leur infertilité ?

MT Si on faisait un bilan de fertilité vers 20 ans, on pourrait détecter les patientes qui ont de faibles réserves ovariennes, et elles pourraient ainsi orienter leur vie différemment, préserver leur fertilité, mais aussi tenter d’avoir leurs enfants plus tôt. Il faut savoir que la préservation de la fertilité a plus de chance d’être efficace lorsqu’elle est commencée tôt. Statistiquement parlant, à 25 ans, 80 % des ovocytes collectés sont chromosomiquement viables. À 40 ans, ce chiffre passe à 20 %. C’est pourquoi la limite d’âge de 37 ans a été fixée, car il faudrait trop d’ovocytes congelés et donc trop de traitements et/ou de ponctions pour obtenir une grossesse.

ELLE. Que pensez-vous du « bilan de fertilité » qu’Emmanuel Macron veut rendre accessible aux jeunes ?

MT Encore une fois, je pense que c’est une bonne idée. Comme expliqué plus haut, une patiente qui prend conscience de sa faible réserve ovarienne à l’âge de 20 ans organise sa vie différemment. Toutefois, une faible réserve ovarienne n’est pas synonyme d’infertilité. Une femme peut très bien tomber enceinte avec une faible réserve ovarienne, mais sur une période plus courte.

ELLE. Pensez-vous que ce check-up va mettre une pression supplémentaire sur les femmes ?

MT Cela mettra évidemment une certaine pression sur ceux dont les résultats ne sont pas tout à fait normaux, mais cela permettra également de prévenir l’infertilité.

ELLE. Emmanuel Macron ne souhaite pas légaliser la GPA en France, cela va-t-il à l’encontre de son « réarmement démographique » ?

MT La question de GPA est très complexe. Et le nombre de couples concernés est relativement faible, donc je ne pense pas que cela entre en jeu dans son plan de réarmement démographique.

Il existe tant d’autres techniques interdites en France, comme le diagnostic préimplantatoire. C’est une aberration de réaliser une fécondation in vitro sur une femme de 42 ans, sans pouvoir sélectionner les embryons, on l’expose à des risques d’échec, de fausse couche, de dépenses de santé, etc.

ELLE. Emmanuel Macron souhaite mettre en place une consultation gratuite sur la ménopause pour les femmes de plus de 45 ans, on sait notamment que moins de 10% des femmes ménopausées ont recours à un traitement hormonal pour la ménopause…

MT Là aussi, c’est une bonne idée, le problème c’est qu’il faut trouver les médecins pour faire cette consultation.

Le traitement hormonal de la ménopause constitue un excellent moyen de prévention des maladies cardiovasculaires et de l’ostéoporose. Longtemps critiqué, il est aujourd’hui devenu le traitement de référence de l’ostéoporose aux Etats-Unis et en France. Nous avons toujours défendu ce traitement ; il serait en effet intéressant que les femmes soient mieux informées sur le sujet à travers une consultation.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le Dirham se déprécie face à l’euro et au dollar
NEXT Une interview vertieft die Gräben – .