ce que l’on apprend de Graham Greene, John le Carré, Gérard de Villiers… – .

ce que l’on apprend de Graham Greene, John le Carré, Gérard de Villiers… – .
Descriptive text here

L’écrivain d’espionnage est un produit typiquement britannique qui connut son apogée pendant la guerre froide, après, “De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu sur le continent”, selon la formule de Churchill en 1946. Soviétiques et Occidentaux redoublent d’efforts pour découvrir ce qui se trame de l’autre côté du « mur ». Rien que de bien banal pour des agents plus ou moins secrets, sauf que ceux d’Albion partagent une irrépressible envie d’écrire, et qu’ils y parviennent très bien : la preuve par Ian Fleming [lire encadré page xxx]Graham Greene ou encore John Le Carré…

Philip Kerr (1956-2018), qui n’était pas un espion mais un écrivain et écossais, mondialement connu pour son « Trilogie berlinoise »a tenté un jour une explication de cette double spécialité. « L’espionnage nous vient naturellement, Britanniques, car, dans notre pays, la dissimulation est instinctive et l’honnêteté est souvent considérée comme brutale, voire impolie ; nous préférons de loin les mensonges à la cruelle vérité. Une de nos particularités nationales est de ne pas dire ce que nous pensons. » Kerr, créateur du personnage de Bernie Gunther, un détective opérant dans l’Allemagne nazie, ajoute que si “Beaucoup de nos écrivains les plus célèbres pratiquaient l’espionnage”est-ce’« un métier nourrit souvent l’autre ». ” Nourrir “ : fournir des informations ou une livre sterling dure ? Probablement les deux.

Réunions dans un bureau légendaire

Ces quelques éléments permettraient de dresser dans ses grandes lignes le portrait de l’un des auteurs qui ont porté le roman d’espionnage à son apogée : David John Moore Cornwell (1931-2020), alias John Le Carré. L’auteur de L’espion venu du froid (1964) et La taupe (1974) s’est certainement bien passé “nourris” avec ses 60 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Il a pu développer une ancienne ferme en Cornouailles, où il avait pris sa retraite. Pour écrire ses trente ouvrages, il a également “nourris” de sa propre expérience.

Comme lui avant, son (anti-)héros George Smiley, ce « un jeu d’enfant à lunettes perpétuellement inquiet »est un « agent de manutention ». Il occupe l’un des bureaux de la chambre “F4”, au troisième étage de Leconfield House, Curzon Street, dans le West End de Londres : le siège du MI5 (Military Intelligence 5), chargé du contre-espionnage, à ne pas confondre avec le MI6, le service de renseignement étranger. Sa mission, comme par le passé et pour une brève période celle de Cornwell, consiste à recruter des agents, « les apprivoiser, les briefer, les conseiller, les débriefer, les rémunérer et les chouchouter »a expliqué Le Carré lors d’une conférence à Londres, publiée par Les carnets de Herne (2018).

Le bureau en face de celui du Carré était alors occupé par un certain John Bingham, baron Clanmorris, septième du nom, irlandais et ancien journaliste. Dodu, portant des lunettes, il était aussi silencieux que Smiley. Pendant la guerre, il contrôlait les agents nazis. A la fin du conflit, envoyé en Allemagne, il traque les espions soviétiques. « Lorsqu’une maison change de mains, l’installation électrique reste en place », observe Le Carré. C’est un autre doigt qui appuie sur l’interrupteur, mais sinon, c’est comme d’habitude. » Bingham avait une corde à son arc : le thriller, dont il était un auteur reconnu. C’est lui « qui, par son exemple inconscient et muet, m’a révélé mes capacités d’écrivain », reconnaîtra Le Carré. C’est ainsi qu’une vocation peut naître : de l’imitation d’un collègue de bureau.

Le Carré fut également recruté à sa sortie d’Oxford par Philby, dont on ne parle pas…

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV L’ESA et la NASA collaborent pour faire avancer la mission ExoMars Rosalind Franklin
NEXT recherches en cours après « l’accident » d’un hélicoptère présidentiel, incertitude sur le sort d’Ebrahim Raïssi