la presse entre colère et désillusion

la presse entre colère et désillusion
la presse entre colère et désillusion

« Je suis en colère contre tout le monde, contre l’État, contre l’armée, contre le créateur du monde » : ces mots sont ceux d’Itay Levy, un habitant de Netiv HaAsara, un village situé juste à côté du check-point d’Erez, en le nord de la bande de Gaza, premier endroit attaqué par les commandos du Hamas il y a un an. Ce 7 octobre 2023, Nurit, Belha, Ayelet, Shlomi, Ruthi sont tuées les unes après les autres chez elles. Au total, 21 habitants de ce village ont été assassinés, et les survivants et leurs proches n’ont pas attendu cette date anniversaire pour leur rendre hommage. LE revue Maariv raconte la cérémonie organisée hier, comme un pied de nez aux commémorations officielles organisées par ce gouvernement qui n’a pas réussi à les protéger.

A Netiv HaAsara, mais aussi à 20 km au nord, dans le kibboutz Nitzanim, où 1 000 bulbes d’anémones ont été plantés hier. Une fleur qui symbolise un amour que l’on ne veut pas oublier. Ceux qui sont partis sont retournés à la poussière. Ceux qui sont loin, prisonniers et que l’on espère retrouver, comme les jumeaux Gali et Ziv Berman kidnappés et toujours captifs du Hamas, dont la tante est venue dire quelques mots ce dimanche. Et partout, lors de ces cérémonies, la même colère, de constater qu’un an plus tard, « 101 personnes kidnappées souffrent encore dans l’obscurité de Gaza », déplore l’un des participants. Colère contre « les dirigeants qui nous ont abandonnés et n’ont pas pris la peine de demander pardon ». La fille d’un otage poursuit : « Le 7 octobre, j’ai non seulement perdu un père, mais j’ai perdu confiance. Confiance dans le pays, confiance dans l’armée, tout semble s’être effondré sur nous.»

Mais il y a aussi dans les esprits un espoir, né de cette entraide, de cette fraternité avec les communautés endeuillées. Soutien aux familles des otages et espoir de les rapatrier. Dans son éditorial de ce matin, le Jerusalem Post n’a des mots que pour eux. La liste de chaque nom, précédée de ce texte : « Ce sont plus que des chiffres, plus que des titres de journaux – ce sont des fils, des filles, des mères, des pères et des amis. Plus d’un an plus tard, voici les noms de ceux qui croupissent toujours entre les mains du Hamas. Chaque nom est un cœur qui attend toujours de rentrer à la maison.

Dans toute la presse israélienne, vous lirez des appels à leur libération, à travers les témoignages de leurs proches. Celle de Sharone Lifschitz, dans Haaretz, dont les parents, Oded et Yocheved ont été kidnappés le 7 octobre. Et si sa mère a pu retrouver la liberté après 17 jours de captivité, son père Oded, âgé de 84 ans, est toujours aux mains du Hamas. Quelques semaines après son enlèvement, le Temps d’Israël avait peint son portrait. Oded est l’un des fondateurs du kibboutz Nir Oz, dans le sud d’Israël. C’est un fervent défenseur de la paix, un militant engagé dans la défense des droits des Palestiniens. Ancien journaliste d’AlHamishmar, quotidien de gauche fermé en 1995. Il transportait régulièrement des patients gazaouis vers des hôpitaux israéliens pour y être soignés. « Il a compris que pour pouvoir vivre dans cette région, il fallait trouver des accords avec nos voisins, explique sa fille Sharone, appelons ça la paix. Appelez cela la non-guerre… Qu’il était possible de vivre une vie qui n’est pas seulement une guerre pour l’existence. Et malgré le 7 octobre, veut-elle encore croire, l’idéal de coexistence qu’il a toujours défendu ne s’est pas effondré.

L’image de l’effondrement et de la mort des illusions

Un effondrement qui reflète la désillusion constatée dans une partie de la société israélienne, mais aussi chez toutes les parties impliquées dans ce conflit. Pour tous les jours Yediot Aharonotun mur s’est effondré le 7 octobre 2023. Une illusion a été brisée, celle qui faisait croire aux Israéliens que « cela ne peut pas arriver ». Un cadre mental, écrit le journal, « qui est au cœur de l’accord tacite entre les Israéliens et la vie en Israël ». Un « cadre mental », écrit le journal, « qui est au cœur de l’accord tacite entre les Israéliens et la vie en Israël, entre eux et l’État », qui leur permet de faire l’expérience de la normalité dans un endroit qui n’a rien de normal. Avec le 7 octobre, « la confiance dans tout s’est évaporée, et soudain tout est possible. Aucune frappe au Liban ou à Téhéran ne peut réparer cette érosion de la sécurité. Aucune bombe n’est assez grosse, aucun bunker assez profond pour faire oublier à quel point la couche protectrice est mince.

Le 7 octobre, c’est aussi la mort d’autres illusions, de convictions, BBC s’identifie à tous les niveaux. La conviction de Benjamin Netanyahu : qu’il pouvait gérer la question palestinienne sans faire de concessions aux revendications d’autodétermination des Palestiniens. Cette question sera pourtant centrale, qu’il le veuille ou non, lorsqu’il s’agira de reconstruire Gaza. Condamnation du leader du Hamas Yahya Sinwar : qu’il pouvait compter sur un « axe de résistance », le Hezbollah, l’Iran, qui se joindrait à la guerre contre Israël. C’est loin de ce à quoi il aurait pu s’attendre.

J’ajoute une dernière illusion, celle-ci soulignée par L’Orient-Le Jour dans son éditorial de ce matin, qui revient largement sur l’ignominie du 7 octobre et s’interroge ensuite sur ses conséquences, alors que la guerre s’est déplacée au Liban et appelle à un cessez-le-feu pour épargner les populations civiles palestiniennes et libanaises face au mur du refus de Benyamin Netanyahou. Cette illusion, écrit le journal, est « celle d’une volonté occidentale, parfois sincère, de construire un ordre international fondé sur autre chose que la loi du plus fort ». Cet ordre « est désormais en lambeaux, comme le monde arabe ». Et d’ajouter : « L’antisémitisme a explosé et la déshumanisation des Arabes a atteint son paroxysme. La colère, la vengeance, le ressentiment et la haine ont pris le dessus sur tout le reste, de sorte qu’on n’a jamais autant parlé de ce conflit, mais avec si peu de perspective et de projet politique.»

 
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