“Aujourd’hui, je ne suis plus que des miettes”, témoigne une rescapée d’une tentative de fémicide – rts.ch – .

“Aujourd’hui, je ne suis plus que des miettes”, témoigne une rescapée d’une tentative de fémicide – rts.ch – .
“Aujourd’hui, je ne suis plus que des miettes”, témoigne une rescapée d’une tentative de fémicide – rts.ch – .

En 2021, Maria* s’est vue mourir aux mains de son ex-compagne, après des heures de torture. Interrogée par la RTS, elle se dit encore aujourd’hui détruite, “en morceaux” et “complètement désorientée”, comme beaucoup de femmes touchées par ce phénomène en Suisse.

«Quand il est venu vers moi, j’avais l’impression que les choses allaient mal tourner. Nous sommes retournés à l’appartement et il a fermé les trois serrures. Puis je me suis dit que j’avais des ennuis. ‘Bonne nuit’, me suis-je dit. Maria, 44 ans, n’oubliera jamais ce que son ex-conjoint lui a fait ce soir de printemps 2021 dans le canton de Vaud.

Trois fois par semaine, j’ai cette sensation de tomber dans le vide. je suis complètement confus

Marie

Depuis cette nuit d’épreuve, elle n’est plus vraiment la même, a-t-elle confié vendredi dans La Matinale de la RTS. « Je ne vis pas, je survis. Même si mon psychiatre et mon psychologue sont formidables, je n’y arrive pas. Ils me donnent des médicaments, je les prends et je dors. Et puis, tout d’un coup, j’ai cette sensation de tomber dans le vide. J’ai ça trois fois par semaine. Je suis complètement désorienté car ce n’est pas seulement le physique, c’est le psychologique.

Une spirale infernale

Avant cette soirée où Maria a échappé de peu à la mort, son ex-compagne était déjà violent avec elle. Il l’a frappée, l’a accompagnée jusqu’aux toilettes et avait déjà tenté de l’étrangler. C’est ce qu’on appelle la violence domestique. Elle concerne au moins 8’000 femmes en Suisse, selon les chiffres 2023 de la Confédération, sans compter celles qui ne sont pas répertoriées.

C’est une spirale descendante. Au début, tu pardonne, parce que tu ne penses jamais que le pire va arriver

Marie

«C’est une spirale infernale», dit Maria. « Au début, on pardonne, parce qu’on ne pense jamais que le pire puisse arriver. Et puis ça s’installe petit à petit. Cela se produit d’une manière que vous ne pouvez pas imaginer. Vous pensez que cela ne pourra jamais vous arriver. Au voisin peut-être, mais pas à vous. Je pensais que j’étais une personne très intelligente. Et maintenant, regardez où je suis. Je ne suis que des miettes.

Pour Maria, la meilleure façon de sortir le plus rapidement possible du cercle de la violence est d’en parler à son entourage. « La famille peut être le déclencheur qui empêche nos émotions de prendre le dessus. »

Son ex-conjoint a récemment été condamné en première instance à 18 ans de prison, notamment pour tentative de meurtre, mutilation d’organes génitaux et coups et blessures. Il vient de faire appel.

De la violence psychologique à la violence physique

La violence au sein des couples hétérosexuels représente l’un des principaux facteurs de risque mortel pour les femmes en Suisse. L’année dernière, 64 % des femmes décédées à la suite d’un homicide ont été tuées par leur partenaire ou ex-conjoint.

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Pour Philippe Bigler, directeur du centre Malley Prairie et du centre de prévention Ale, la démarche est toujours longue avant de pouvoir demander de l’aide : « Il ne faut pas oublier que, dans les récits de violences conjugales, il y a encore des sentiments. Et puis souvent, toute violence psychologique, comme le contrôle, n’est pas identifiée comme de la violence. C’est seulement quand on passe à la violence physique que les gens se disent qu’ils sont violés. .

Les victimes de violences ne sont jamais responsables des violences subies

Philippe Bigler, directeur du centre Malley Prairie et du centre de prévention Ale

Selon lui, les auteurs sont conscients du pouvoir qu’ils exercent et l’utilisent pour pouvoir faire douter les autres. « Alors les victimes se disent qu’elles vont essayer de changer de comportement, jusqu’au moment où elles se rendent compte qu’elles peuvent faire tout ce qu’elles veulent, le problème de la violence appartient à l’agresseur. Les victimes de violences ne sont jamais responsables des violences subies.

La nécessité d’un changement de loi

Pour Philippe Bigler, il est important que la Suisse prenne en compte la notion de « contrôle coercitif » dans les cas de violences domestiques. Déjà en vigueur dans certains pays comme l’Angleterre et le Canada, elle condamne toutes formes de violences, comme le dénigrement ou le contrôle des téléphones.

Actuellement, ces actes ne sont pas punissables en Suisse. “Si l’on peut prouver qu’il y a eu tous ces actes de contrôle et qu’il existe un délit qui permet de punir cela, cela permettrait aussi d’anticiper et de sanctionner plus tôt les auteurs de violences”, assure-t-il.

Entre 15 et 20 femmes tuées par an

L’année dernière, 21 femmes ont été tuées par leur (ex) partenaire ou un homme proche, dont 15 en Suisse romande, selon le collectif Arrêtez le féminizide. Le nombre de féminicides reste élevé en Suisse, touchant entre 15 et 24 femmes par an depuis 2020, toujours selon le collectif.

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*Maria, prénom d’emprunt

Pascale Defrance et Léa Bucher

 
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