La presse malienne entre défis, menaces et vitalité

La presse malienne, comme d’autres pays à travers le monde, célèbre le 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. L’occasion de retracer le parcours médiatique en cette période de crise multidimensionnelle et de souligner le rôle crucial du journalisme et de la liberté d’expression dans ce contexte difficile. . Elle est célébrée à l’heure où le milieu médiatique est tiraillé entre les défis à relever, les menaces qui pèsent sur lui et sa vitalité voire sa survie dans ces conditions.

Chaque année, la presse malienne célèbre le 3 mai à travers des sous-thèmes reflétant les réalités et préoccupations nationales. Confrontée à une série d’obstacles mettant en péril sa mission essentielle d’information libre et indépendante, elle célèbre cette fois l’événement dans un contexte particulier.

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Les difficultés financières à surmonter constituent l’un des principaux défis pour les médias maliens. La fin des contrats de services et d’abonnement dans les structures étatiques affecte la viabilité économique des organismes de presse. Cette situation a contraint plusieurs médias à suspendre leurs activités, tandis que d’autres ont dû réduire leur production ou leur fréquence de publication pour survivre.

Dans le même temps, l’instabilité politique du pays complique la tâche des journalistes en matière de recoupement des . La loi sur la cybercriminalité suscite également des inquiétudes, augmentant la pression sur la liberté d’expression et le travail journalistique.

Malgré ces défis, de nombreux médias ont du mal à remplir leur rôle, souvent au péril de leur sécurité et de leur situation financière. En désespoir de cause, les entreprises ont entrepris d’autres activités pour subvenir à leurs besoins. Ce n’est pas tout, l’essor des réseaux sociaux est venu s’ajouter aux menaces. Les facilités offertes par ce nouvel outil ont inspiré de plus en plus de ses utilisateurs sans formation en éthique, déontologie et techniques professionnelles à se qualifier de journalistes. Ils font pleuvoir et briller en toute illégalité et font concurrence malsaine aux entreprises créées en bonne et due forme, fournissant des emplois et courbant sous des charges diverses et récurrentes. Il faut évidemment souligner la contribution notable de la presse privée à la résorption du chômage, notamment chez les jeunes diplômés. Aucune comparaison avec des individus moins motivés par la passion du métier que par la recherche de gains faciles. Dans un cas comme dans l’autre, se pose l’éternelle question du renforcement des capacités des acteurs de ces médias modernes ainsi que des médias traditionnels.

Plusieurs professionnels et observateurs pointent du doigt l’État comme complice de cette pratique, arguant que l’information officielle et de première main circule allègrement sur ces chaînes, avant même les médias d’État. À cela s’ajoutent les fréquentes frictions entre l’autorité de régulation et les médias. Ces relations se sont récemment détériorées suite à l’injonction de ce dernier à ce que la presse couvre les activités des partis et associations politiques. Cette initiative du Hac a été perçue par les dirigeants des médias comme une menace à la liberté d’informer le public avec transparence et impartialité.

La célébration de cette énième Journée mondiale de la liberté de la presse sera-t-elle l’occasion de convaincre les décideurs d’accorder à la presse l’importance qui lui est due ? Bien pour eux !

Drissa Togola

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