ce que dit la composition de la liste du Rassemblement national

ce que dit la composition de la liste du Rassemblement national
ce que dit la composition de la liste du Rassemblement national

Le Rassemblement National a présenté ce 1euh Mai le début de sa liste pour les élections européennes, dans l’un de ses fiefs, à Perpignan. Il comprend les 35 premières personnes investies. Un bon nombre d’entre eux occupent une position éligible. Comme l’indiquent plusieurs enquêtes d’opinion récentes, la liste de Jordan Bardella pourrait envoyer 28 à 30 élus au Parlement européen, si les intentions de vote se confirment dimanche 9 juin.

Toujours en tête des intentions de vote, la liste de Jordan Bardella ne se limite pas aux députés européens ou aux responsables locaux des partis, elle comprend également quelques personnalités extérieures à la vie politique. « Le RN a tenté de pêcher hors de ses eaux pour occuper l’espace en vue », observe Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. Parmi les principales têtes d’affiche : Malika Sorel, ancienne membre du Haut Conseil à l’intégration (2009-2012) et essayiste qui a soutenu François Fillon, arrive en deuxième position, suivie de Fabrice Leggeri, l’ancien directeur exécutif de Frontex, l’agence européenne chargée de contrôler les frontières extérieures. L’arrivée de ce haut fonctionnaire a été annoncée en février (relisez notre article). Il fait l’objet de deux plaintes, déposées par des ONG qui l’accusent d’avoir facilité les refoulements illégaux de bateaux de migrants.

« Une liste assez marquée par la sécurité »

En septième position, une figure médiatique arrive en soutien, celle de Matthieu Valet. Ancien commissaire et porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police, le candidat est un habitué de la chaîne CNews. En novembre, Le Canard Enchaîné révélait que l’ancien policier avait reçu un blâme de la part de sa hiérarchie pour avoir détourné des titres SNCF appartenant à des collègues. Pascale Piera occupe la dixième position. Ce magistrat, juge d’instruction, était un ancien conseiller municipal du maire Renaissance de Senlis (Oise). Sur Tiktok, elle a dénoncé « l’absence de politique pénale face à une sauvagerie généralisée ».

Parmi les autres candidats issus de la société civile, on retrouve des profils variés : un enseignant, un commerçant, un agriculteur au 20e place sur la liste, une infirmière à la retraite, un avocat ou encore le gérant d’une petite entreprise en Charente-Maritime. « Pour parvenir à une standardisation complète, il manque un certain nombre de profils. Il manque la catégorie des grands patrons, mais aussi un intellectuel de renom. Jusqu’à présent, nous n’avons connu personne dans le paysage qui ait décidé de franchir le Rubicon », liste Jean-Yves Camus en étudiant la liste. “C’est assez artificiel, nous n’avons pas d’officier supérieur dans l’armée, libéré de son obligation de réserve”, note-t-il par ailleurs. Cette lacune est d’autant plus évidente par comparaison. La liste de François-Xavier Bellamy (LR) accueille en troisième position le général Christophe Gomart, ancien chef du renseignement militaire.

Relégué à un poste plus confidentiel, à 25 anse, Pierre Pimpie, directeur adjoint de l’établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) finit de donner une certaine couleur à l’équipe de Jordan Bardella. « Nous avons quand même une liste assez marquée par la sécurité. Ce n’est pas anormal quand on regarde les inquiétudes des Français de voir le RN capitaliser là-dessus”, résume Jean-Yves Camus.

Des personnalités locales ou des cadres fidèles « promus »

Plusieurs cadres occupent également une place importante dans l’architecture de la liste et bénéficient d’un vent de “promotion”, selon Jean-Yves Camus. Pignon incontournable du parti, le directeur général Gilles Pennelle obtient un confortable 15e lieu. Comme lui, trois autres présidents de groupes RN dans les conseils régionaux ont rejoint la liste, comme Julien Sanchez, maire de Baucaire (Gard).

Un nombre important de proches de Marine Le Pen ont été intégrés dans l’équipe. Bien que placé à 33e en revanche, Christophe Bay, ancien directeur de campagne du candidat à la présidentielle, ancien préfet de Dordogne de 2014 à 2016 pointé du doigt par la presse pour son train de vie, fait néanmoins partie de cette première salve de noms.

Conseiller spécial de Marine Le Pen, l’eurodéputé Philippe Olivier est le numéro 11e lieu, et non loin, au 14e, Catherine Griset, ancienne directrice de cabinet de Marine Le Pen. Aujourd’hui siégeant à Strasbourg, elle a été mise en examen dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires du Front national. Jordan Bardella a également placé quelques amis proches, comme deux anciens présidents du RNJ, l’organisation de jeunesse du parti, Aleksandar Nikolic (19e) et Gaëtan Dussausaye (29e). Et bien sûr, Pierre-Romain Thionnet dans 23e position, l’ancien adjoint à Strasbourg de Jordan Bardella, et désormais son principal conseiller, sur une ligne identitaire.

Pas plus d’un eurodéputé RN sur deux ne devrait retrouver son siège

Le parti n’a pas investi la totalité de ses 18 eurodéputés sortants. Dans les noms présentés mercredi, on ne retrouve que dix noms issus de la délégation actuelle du Rassemblement national. Et dans cette sélection, huit seulement ont de bonnes assurances de retrouver leur place en juin. C’est plus incertain pour France Jamet et André Rougé, placés respectivement à la 30e place.e et 31e place dans la liste.

L’ancien vice-président du FN, Jean-François Jalkh, confronté à des problèmes de santé mais aussi à un procès pour « provocation à la discrimination » aux côtés d’autres prévenus dans l’affaire du « Petit guide de l’élu municipal du Front National », ne apparaissent dans la liste. Son absence n’est donc pas une surprise. Celle de Gilles Lebreton pose question. Décrit comme l’un des députés européens RN les plus assidus, ce responsable du droit public semble payer le prix de sa participation aux compromis politiques sur certains textes clés du Parlement européen.

Le RN indique que la tête de liste a dû faire des choix. « Jordan avait dit qu’il y aurait un tiers de nouvelles embauches, un tiers de promotions et un tiers de renouvellements », rappelle Jean-Lin Lacapelle. Le porte-parole du parti quitte également les chambres de Strasbourg et de Bruxelles, et vise à terme un mandat de député au Palais Bourbon. « Je quitte l’Europe pour revenir au niveau national. J’occupe un poste de direction dans l’appareil, et je participe à la préparation du mouvement pour les événements à venir », explique ce proche de Marine Le Pen.

Loin d’être exfiltré, Thierry Mariani maintenu en bonne position sur la liste

Parmi les autres députés européens maintenus sur la liste : Jean-Paul Garraud, le chef de la délégation RN au Parlement européen (en 5e poste), Virginie Joron (16e), figure du mouvement anti-vaccin, ou encore Mathilde Androuët (4e) partisane d’une « véritable écologie », en opposition à « l’écologie punitive » dont, selon elle, sont victimes agriculteurs et automobilistes. Sans oublier Thierry Mariani. Régulièrement attaqué par ses adversaires pour ses sympathies envers la Russie, il a remplacé Jordan Bardella lors du premier débat télévisé européen organisé sur Public Sénat. Après plusieurs semaines d’incertitude – on le disait sur un siège éjectable – l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a été sauvé sur la liste, à un rang plus qu’honorable, en 9e position.

« C’est Marine Le Pen qui garde la main. Jordan Bardella a certes pu obtenir un certain nombre d’arbitrages, mais c’est elle qui décide”, analyse Jean-Yves Camus. Celui-ci doit également occuper l’avant-dernière place de la liste, 80e. « C’est un symbole, ce n’est pas seulement la liste de Jordan Bardella, c’est la liste de Jordan Bardella avec Marine Le Pen. » Globalement, le spécialiste ne « voit pas de bouleversements majeurs dans cette liste ».

D’autres noms symboliques au-delà des 35 premiers noms révélés ce mercredi pourraient suivre. Cette première moitié de liste est-elle susceptible de peser sur l’électorat ? De nombreux observateurs en doutent. «Cela joue de manière extrêmement marginale. Les électeurs regardent-ils le détail des listes ? Nous n’avons aucun signal allant dans ce sens», rappelle Jean-Daniel Lévy, directeur adjoint de l’institut Harris Interactive. Jean-Yves Camus estime également que le fait que la numéro 2 de la liste, Malika Sorel, ait approché Emmanuel Macron pour rejoindre le gouvernement, ne pèsera pas sur les électeurs. « La preuve qu’elle n’a aucune influence : cette liste a commencé à 30 %, elle est toujours à 30, c’est un véritable événement. Généralement, les listes qui partent de très haut ne s’effondrent pas mais perdent des points en cours de route. »

Au plus fort des intentions de vote, le parti a toutefois évité une erreur de casting. Fin avril, le parti a décidé de rayer le Mahorais Saïdali Boina Hamissi de la liste, après la découverte de plusieurs publications racistes et conspirationnistes.

 
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