Le Bloc défend la possibilité que Poilievre puisse utiliser la clause dérogatoire

Le Bloc défend la possibilité que Poilievre puisse utiliser la clause dérogatoire
Le Bloc défend la possibilité que Poilievre puisse utiliser la clause dérogatoire

OTTAWA — Le Bloc Québécois s’est porté mardi à la défense de Pierre Poilievre, qui avait laissé entendre la veille qu’il envisageait d’utiliser la clause dérogatoire pour faire adopter des lois sur la justice. Les libéraux, au contraire, considèrent la proposition comme irresponsable.

«La clause dérogatoire fait partie de la constitution canadienne et elle n’est pas exclusive aux provinces», a insisté le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

Ainsi, bien qu’il se « méfie de presque tout ce que pensent, disons, les conservateurs et inversement », M. Blanchet note que « dans l’état actuel du droit, ils auraient la possibilité d’y recourir ».

Dans un discours prononcé lundi devant l’Association canadienne des policiers, M. Poilievre a promis d’utiliser « tous les outils constitutionnels » à sa disposition pour adopter des réformes de la justice si son parti forme le prochain gouvernement. Ottawa.

M. Blanchet, qui défend bec et ongles le recours par le Québec à cette disposition permettant à un premier ministre qui l’invoque de soustraire une loi à tout recours judiciaire fondé sur certains droits inscrits dans la Charte canadienne des droits et libertés, s’est presque frotté les mains.

«Une mauvaise chose est une bonne chose», a-t-il déclaré, faisant référence à un éventuel gouvernement Poilievre. Si un gouvernement fédéral décidait d’utiliser la clause dérogatoire, je vois mal comment un gouvernement fédéral, celui-ci ou plus tard, pourrait critiquer les provinces et le Québec pour avoir utilisé la clause dérogatoire.

“Irresponsable”

Chez les libéraux, nous avons mentalement mis nos drapeaux en berne face à l’idée évoquée par le chef de l’opposition officielle. «C’est irresponsable», s’est scandalisé le premier ministre Justin Trudeau à son arrivée à la période des questions.

« Pierre Poilievre est déterminé à renverser les protections fondamentales des Canadiens garanties par la Charte canadienne des droits et libertés », a-t-il déclaré. Protections pour les femmes, protections pour les communautés 2SLGBTQI+, communautés minoritaires.

M. Trudeau n’a pas manqué de reprocher à son adversaire de « courtiser les groupes d’extrême droite pour obtenir des votes et de l’argent », ce qui est par ailleurs, selon lui, « dangereux pour le Canada ».

Interrogé en marge du conseil des ministres plus tôt dans la journée, le ministre de la Justice Arif Virani a expliqué qu’il est rarement « populaire » de défendre les droits partagés par la charte des personnes accusées d’actes criminels par exemple, « mais c’est essentiel dans un démocratie », s’empresse-t-il d’ajouter.

Le ministre a d’ailleurs rappelé qu’il y a à peine deux ans, la Cour suprême avait déclaré inconstitutionnelles les peines consécutives – une mesure mise en place sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper. , y compris pour les pires meurtriers comme celui de la mosquée de Québec, puisque la Charte interdit « les peines ou traitements cruels et inusités ».

M. Virani a soutenu qu’aucun gouvernement fédéral n’a invoqué cette clause et que « c’est une bonne chose ». Il a déclaré que la disposition controversée devrait être utilisée comme « la dernière option, pas la première ». Autrement dit, qu’un « dialogue » ait lieu entre les tribunaux et les gouvernements avant qu’elle ne soit invoquée.

Le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Pablo Rodriguez, a jugé « très inquiétants » les propos du chef du « parti le plus à droite de l’histoire du pays », d’autant plus qu’« on commence à connaître le personnage, on voyez avec qui il s’associe, on voit qu’il est incapable de critiquer la droite radicale.

“Et on peut se demander à quoi cela servira”, a-t-il poursuivi. Pourrait-il, par exemple, s’en servir pour interdire l’avortement ou toute autre mesure sociale importante pour les Canadiens ?

Le ministre Rodriguez faisait référence au fait que le chef conservateur a contourné une question posée lundi à la Chambre des communes l’invitant explicitement à condamner « les partisans de la suprématie blanche, de l’anarchie et de la misogynie ».

Pour le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, il est déplorable que M. Poilievre n’ait même pas « le courage de dire qu’il sera le premier gouvernement fédéral à invoquer la clause dérogatoire ».

«Je pense que nous pouvons avoir des lois en matière pénale qui soient robustes, qui protègent les gens, tout en respectant la Charte des droits et libertés», a-t-il ajouté.

 
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