La Transat CIC : des galères de galères et une journée difficile en perspective

La Transat CIC : des galères de galères et une journée difficile en perspective
La Transat CIC : des galères de galères et une journée difficile en perspective

Sur les pontons d’avant course, il y a toujours des expressions qui reviennent, toujours le même refrain. On nous parle « des aléas » parce que « c’est un sport mécanique », parce qu’il y a « ce qu’on ne peut pas prévoir ». Il n’est pas facile de comprendre à quel point l’incertitude est plus grande – et sans doute plus glorieuse – en mer qu’ailleurs. Pourtant, les scénarios de chaque course nous le rappellent avec force et véhémence. Hazard frappe sans distinction. Cela oblige un skipper qui compte 5 Vendée Globes à s’arrêter au bout d’une nuit (Arnaud Boissières, La Mie Câline). Il oblige, pour des « raisons médicales », un type à la volonté farouche à abandonner à son tour (Sébastien Marsset, Foussier).

« Ne blâmez pas tout sur la météo »

Un peu plus tard, après un premier passage devant, c’est l’un des dirigeants qui voyait ses ambitions plus que compromises. Jérémie Beyou (CHARAL) constate des dégâts sur la jambe de force de son J2 et cela change tout. L’un des favoris désignés ne pourra donc pas effectuer le rush final à New York. Un peu plus tard, on apprend que Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location) connaît également des difficultés. « Mon bout-dehors a explosé », explique-t-il avec une pointe de fatalité avant de mettre le cap sur la Bretagne.

« C’est un bateau tout neuf qui a à peine été testé, rappelle Miranda Merron de la direction de course. « Il y a eu des rafales de 30 à 35 nœuds, la mer était courte et c’était certes agité mais on ne peut pas imputer tous les problèmes rencontrés à la météo », explique Francis Le Goff, directeur de course. Il ne faut pas oublier que c’est très tôt dans la saison, que les équipages n’ont pu naviguer que quelques fois depuis leur sortie du chantier.

Une soirée (très) studieuse

Suivre les déboires de la flotte fait presque oublier qu’elle progresse malgré tout. Les IMOCA ont passé hier un premier front avec du vent fort dans la matinée, les Class40 un peu plus tard. Ensuite, le rythme a un peu faibli, ce qui n’a pas empêché une majorité d’IMOCA de doubler le Fastnet. Si Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) donne toujours le ton, on remarque des parcours différents. Au nord, on en compte trois, dont Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Dans le sud, il y a d’autres outsiders, dont Paul Meilhat (Biotherm) – en tête ce matin – et Nicolas Lunven. « Je suis très content parce qu’il y a beaucoup de jeu », rigole Paul, qui avoue « ne pas avoir beaucoup dormi ». « J’avais décidé de me positionner à l’Ouest pour approcher le petit centre dépressionnaire à contourner », précise le skipper d’Holcim-PRB. Ce centre dépressionnaire a provoqué un peu de calme en passant près de son centre, ralentissant la tête de flotte qui avançait à moins de 10 nœuds.

« A l’Ouest, il y avait beaucoup de mer et de vent », explique Miranda. Mais le calme n’est pas de tout repos : tout le monde a beaucoup manœuvré pendant la nuit pour se positionner au mieux. » Latéralement, près de 60 milles séparent les partisans de l’option sud de ceux plus à l’ouest. « Ce sont quelques degrés d’écart qui peuvent permettre de petites variations de vitesse intéressantes », explique Francis Le Goff.

La guerre des nerfs ne fait que commencer

La suite s’annonce assez sportive. « Un vent de nord, nord-ouest va entrer et il sera très fort, jusqu’à 35 à 40 nœuds », souligne Nicolas Lunven. Ça va être revigorant toute la journée de mardi. “Ils sont dans le sillage d’une dépression avec des grains, beaucoup d’instabilité, ça va progresser très fort”, précise Miranda Merron. Et cela risque de durer : « ce sont les prochaines 24 heures qui vont être dures. La dépression se déplace rapidement vers l’Est avec des grains, beaucoup d’instabilité… Après une nuit de manœuvres dans du petit temps, tout le monde se prépare à une journée très dure, d’autant que les compteurs vont s’affoler.

Du côté des Class40 aussi, la journée de lundi a été particulièrement studieuse. Eux aussi ont dépassé le front puis se sont déplacés vers le sud du Fastnet. La flotte est toujours aussi serrée mais un peu moins que la veille : ils sont huit en 20 milles, 6 en moins de 10 milles. Un trio composé de Fabien Delahaye (LEGALLAIS Team Voile), Ian Lipinski (Crédit Mutuel) et Nicolas d’Estais (Café Joyeux) animent actuellement les débats. « La première nuit, le vent est monté à 35, 37 nœuds, c’était humide et froid mais ça s’est bien passé, confie Ian Lipinski. “Ça a été une première journée compliquée”, précise Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli) qui parle de “manœuvres qui s’enchaînent et de fatigue qui s’accumule”.

« La journée a été délicate avec le passage du front, toutes les manœuvres à faire, les changements de voile et la dépression à venir », ajoute son compatriote Alberto Bona (IBSA). «Ils ont aussi eu une soirée compliquée», raconte Miranda Merron. La dépression s’est déplacée vers l’Est et ils sont au centre très étendu de cette dépression (donc privé de vent NDLR). Ceux qui sont le plus au nord de la flotte, y compris les leaders, parviennent à se dégager progressivement et Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli), placé plus au sud, prend également de la vitesse. La guerre des nerfs ne fait que commencer. Il faudra donc vigilance et sang-froid avec la volonté, toujours, de résister à ces aléas embêtants.

Pour suivre l’évolution de la flotte des Trasat CIC, rendez-vous ici sur le site cartographie.

 
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