«Quand je me réveille avec des douleurs partout ou que mon visage est ridé, je prie pour qu’il n’y ait pas trop de témoins» – .

«Quand je me réveille avec des douleurs partout ou que mon visage est ridé, je prie pour qu’il n’y ait pas trop de témoins» – .
«Quand je me réveille avec des douleurs partout ou que mon visage est ridé, je prie pour qu’il n’y ait pas trop de témoins» – .

L’acteur américano-danois signe son deuxième long métrage, un western sentimental, dans lequel il joue aux côtés de Vicky Krieps.

Lorsqu’on le rencontre, c’est son calme olympien qui frappe. Il prend le temps de regarder, d’écouter et de peser ses mots pour évoquer le projet qui lui tient à cœur : sa deuxième réalisation. Après son premier film, Chute, centré sur les retrouvailles entre un homme et son père déclinant, Jusqu’au bout du monde raconte l’histoire d’amour dans l’Ouest américain d’un immigrant solitaire (Mortensen lui-même) et d’une Canadienne farouchement attachée à sa liberté. Ils s’aimeront, s’apprivoiseront. Mais lorsqu’il rejoint l’armée pendant la guerre civile, elle mènera son propre combat contre la violence des hommes de la ville. Retour sur cette vibrante épopée romantique se déroulant dans le Far West.

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Madame Figaro. – L’idée de ce film est née grâce à une photo de ta mère. Dites-nous.
Viggo Mortensen. – J’avais cette image d’elle enfant courant à travers les forêts d’érables du nord-est des États-Unis, près de la frontière canadienne, où elle avait toujours vécu. Elle me racontait souvent ses souvenirs et les histoires qu’elle inventait, nourries de ses livres d’aventures. Un jour, je suis tombé sur un paysage qui me rappelait sa jeunesse, je l’y imaginais, et mon esprit m’a transporté au 19èmee siècle, avant de s’éloigner vers tout autre chose, une histoire d’amour. Cependant, je lui dédie ce film, car Vivienne, mon héroïne, a son tempérament. Même si elle était mère de trois enfants et femme au foyer de son époque, elle était une libre penseuse dotée d’une force incroyable.

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Est-ce à l’origine de votre passion pour le cinéma ?
Totalement. Quand j’avais 4 ans, elle m’a montré Laurence d’Arabie, a 6 ans, Un homme pour l’éternité, plus tard, les films argentins… Même adulte, quand j’allais la voir, on allait au cinéma, on en discutait ensemble. Dans une autre vie, elle aurait pu être scénariste.

Avec quels autres modèles féminins vous êtes-vous construit ?
Il y en a tellement. Ce sont les actrices et non les acteurs qui m’ont vraiment donné envie de jouer : Renée Jeanne Falconetti dans La Passion de Jeanne d’Arc, Meryl Streep dans Voyage au bout de l’enfer Et Le choix de SophieJessica Lange dans Françoise, Barbara Stanwyck… J’ai trouvé en Vicky Krieps une actrice de ce calibre, dépassant toutes mes attentes. Elle a une cinématographie extraordinaire, qui tient du mystère. Beaucoup d’émotions ne sont pas exprimées dans le film et j’avais besoin d’une actrice dont les regards et les silences valent chaque mot.

Était-ce une évidence pour vous de jouer le premier rôle masculin ?
Pas plus que sur le premier film, où je ne l’ai fait que pour boucler le financement. Sur celui-ci, j’ai perdu mon acteur peu avant le tournage. J’étais la solution de facilité, mais le personnage a dû être légèrement réécrit pour l’adapter à mon âge.

Sur mon film, j’ai perdu mon acteur peu avant le tournage, donc j’étais la solution de facilité

Viggo Mortensen

Pourquoi avoir choisi le western pour raconter cette histoire d’amour ?
J’ai suivi mon instinct. Mon héroïne ouvre de nouveaux horizons en tant que femme et individu. Elle n’accepte pas les limites qu’une poignée d’hommes veulent lui imposer, et j’ai trouvé pertinent de l’ancrer dans une époque où les frontières étaient quasi inexistantes, une époque qui reflète un territoire qui reste à explorer et à conquérir.

Le représenter à ce point était-il un choix politique ?
Certainement pas. Je n’aime pas les films idéologiques, et j’aime encore moins les cinéastes qui parlent de leur cinéma en termes de concept. Cela me dérange profondément. Ce qui est le plus important pour moi, c’est d’avoir une bonne histoire à raconter pour capter l’attention du spectateur. Ensuite, plutôt que de tout souligner dans le scénario et la mise en scène, je préfère que le spectateur en tire lui-même les conclusions.

Une histoire d’amour au Far West, avec Vicky Krieps et Viggo Mortensen (et Atlas Green dans le rôle de l’enfant.)
Presse

Vous vous êtes entouré de femmes occupant des postes clés sur votre tournage…
Je préfère leur énergie. Un tournage peut être très stressant et j’ai remarqué que les femmes surmontaient les obstacles sans crier, sans que cela ne tourne au chaos. Il y a bien sûr des exceptions, mais de manière générale, je trouve leur approche plus constructive. Et je ne peux pas envisager de travailler dans un conflit. J’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs comme David Cronenberg, Matt Ross (Capitaine Fantastique, NDLR) ou Jane Campion, qui m’a montré que l’on pouvait collaborer dans le respect, l’écoute et le calme.

J’ai besoin de tomber amoureux d’un rôle pour l’accepter

Viggo Mortensen

Des projets d’acteur ?
Pas pour l’instant. Il faut payer le loyer, mais il faut que je tombe amoureux d’un rôle pour l’accepter, car, entre la préparation, le tournage et la promotion, on passe beaucoup de temps avec nos personnages. Par ailleurs, même si le travail de certains cinéastes me passionne encore, mon plaisir d’acteur a légèrement diminué. Face à un cinéaste difficile, je n’ai plus la même patience. Pour l’instant, je réfléchis déjà à un troisième film. C’est là que réside mon premier désir.

En tant qu’acteur, vieillir est-il une Source d’anxiété ?
J’ai longtemps accepté de voir les rôles évoluer : je ne suis plus en âge de jouer le héros de l’aventure. Le temps qui passe limite les options mais lutter contre lui, psychologiquement ou chirurgicalement, est à mon avis la meilleure façon d’être malheureux. Il est beaucoup plus difficile pour les femmes de gérer la pression, et certaines cèdent et se transforment. Je ne les juge pas, mais le résultat est contraire à ce qui était espéré : retoucher son visage limite encore plus les opportunités de rôle qu’accepter son âge. Cela vaut également pour les acteurs qui répondent de plus en plus à ces injonctions. Résister est la seule option pour moi. Quand je me réveille avec des douleurs partout ou que mon visage est ridé, je prie pour qu’il n’y ait pas trop de témoins. Quand quelqu’un me tend une photo de moi il y a vingt ans, c’est un choc. Mais j’essaie de ne pas être vaniteux et d’accepter la vie telle qu’elle est.

Jusqu’au bout du monde , de et avec Viggo Mortensen, Vicky Krieps, Solly McLeod,…
En salles le 1er mai.

 
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