nous allons vous l’expliquer – .

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Prendre cinq minutes de son temps de travail pour réserver un billet de train pour les vacances, appeler sa grand-mère et lui souhaiter un joyeux anniversaire, regarder l’arrivée d’un Tour de France sur son téléphone, est-ce un droit ? Il s’avère que non. Mais, comme l’expliquent les syndicalistes et les juristes de Niverna, il s’agit d’une tolérance qui ne va pas sans quelques ajustements.

La loi n’oblige l’employeur qu’à une seule chose : accorder une pause de vingt minutes à un salarié dont la durée de travail atteint six heures consécutives. « C’est une limite maximale », indique Jean-Marc Boucrot, président des prud’hommes de Nevers et membre de la CFDT.

« Cela date de la nuit des temps, lorsque les semaines duraient quarante-deux heures. Six heures peuvent paraître longues, surtout pour des actions répétitives, il est donc possible de les prendre au bout de trois heures ou de les fractionner.

Une convention collective ou un accord d’entreprise peut annuler et fixer une fréquence et une durée de pause plus élevées, jamais inférieures. « Il y a des particularités pour la conduite, pour travailler sur écran ou pour des tâches difficiles, avec des pauses supplémentaires », précise Maître Marika Magni-Goulard, du barreau de Nevers.

prime “Vous n’y comprenez rien… la direction de l’hôpital non plus” : dans la Nièvre, peu de conflits sur le droit à la pause, sauf dans le secteur médical

Voilà pour la pause légale. Quid de la pause « pirate », pour reprendre un terme de Jean-Marc Boucrot ? Le café de 9h30 ? La cigarette de 10h30 ? Celui de 11h30 ? Celui de 15h30 ? Etc.

Sauf situations particulières (travail dans un espace décontaminé, en grande hauteur…), l’interruption de votre activité professionnelle pour une activité personnelle, « c’est toléré, mais cela reste à la discrétion de l’employeur », présente Jean-Marc. Boucrot. « Comme le disent la plupart des patrons, tant que le travail est fait, on ne regardera pas la casse, on a confiance. Et puis, il y a beaucoup de patrons qui fument aussi.»

« Après, une pause cigarette de cinquante minutes, ça ne va pas marcher, poursuit ce représentant du collège des salariés. « D’ailleurs, il y a des entreprises où cela a été supprimé, à cause d’abus de ce genre. Il ne faut pas trop tirer sur la corde, sinon elle se casserait. C’est une histoire de qualité de vie, de santé au travail et, quelque part, de bon sens et de savoir-être.

«On se passait nos affaires pour fumer en cachette»

Il reste des secteurs, à l’activité intense et au respect variable du droit du travail, où la pause cigarette est taboue. Simon travaillait dans la restauration rapide, par postes de huit heures, les pauses légales n’étant pas toujours respectées. Alors, la pause « pirate »… encore moins.

« Dans les moments de pointe, c’était compliqué pour les fumeurs, raconte le jeune Nivernais. « On se passait nos affaires pour fumer en cachette. Il y avait un compacteur de déchets derrière le restaurant. Je me suis souvent porté volontaire pour y aller. La manœuvre a duré cinq minutes, exactement le temps d’une cigarette. Nous avions des uniformes sans poches, je les cachais dans ma chaussette. Je devais juste éviter les caméras.

La durée de la pause doit rester « raisonnable »

Que pense Maître Marika Magni-Goulard, qui conseille généralement les entreprises, de cette pause « pirate » ? « Mon premier réflexe est d’ouvrir le Code du travail », répond-elle. Le gros livre rouge est posé sur son bureau, avec ses pages froissées à force d’être parcourues. « Tout commence à partir de là. Il faut se rendre à l’article L3121-1.

Il ne définit pas la pause, mais le temps de travail effectif :

Le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l’employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir exercer librement ses activités personnelles.

Légalement, le salarié peut donc fumer une cigarette ou boire un café, s’il reste capable de retourner rapidement au travail en cas de besoin. « La durée de la pause et le nombre de pauses dans la journée doivent rester raisonnables », observe, à son tour, l’avocat. “Si l’employeur est en mesure de démontrer un abus, il peut sanctionner.”

Heures supplémentaires et rentabilité de l’entreprise

« La rupture pose deux problèmes juridiques et un problème économique », analyse-t-elle. “La première est l’indemnisation.” La pause « pirate » est payante, la pause légale ne l’est pas. “Sauf avec certains accords collectifs, dans les grandes surfaces par exemple.” Le salarié qui choisit de ne pas bénéficier du congé légal ne reçoit rien en retour, car le travail « proprement dit » doit être « ordonné » par l’employeur.

« Le deuxième problème, c’est le temps de travail, poursuit-elle. « Vingt minutes par jour, cela fait une heure par semaine. Le compter ou non est un problème majeur dans les cas où les employés exigent le paiement des heures supplémentaires. Fixer le temps de pause est essentiel pour fixer le point de départ des heures supplémentaires. Et les heures de travail supplémentaires non rémunérées peuvent coûter très cher à une entreprise.

« Le problème économique concerne la productivité », conclut-elle.

« Si le salarié prend constamment des pauses, cela peut avoir un impact sur la rentabilité de l’entreprise. Ils s’exposent alors à une sanction disciplinaire, pouvant aller jusqu’au licenciement.

“Tout est une question de dosage”

Il prend note des organisations de type start-up, avec une « culture » de pauses et de divertissement sur le lieu de travail. « Mais derrière cela, il y a une exigence de rentabilité », rappelle-t-elle. En gros, ok pour la partie de ping-pong à 15h, pour renforcer l’esprit d’équipe. Or, si vous devez rester jusqu’à 3 heures du matin pour boucler un dossier, personne ne va s’en plaindre.

« On est dans la nuance, tout est une question de dosage. Il y a une apparence de liberté. Il est rare qu’un employé soit empêché de temps en temps de regarder son téléphone portable. Mais, en vérité, on revient toujours aux trois conditions de l’article L3121-1.

Et la pause repas dans tout ça ?

Nous n’avons pas évoqué la pause repas, objet de l’article L3121-2. Les mêmes conditions s’appliquent : si le salarié reste à la disposition de l’employeur, c’est du temps de travail effectif et il y a une rémunération.

« Un salarié ne peut pas être contraint de rester sur place pour manger, mais il doit respecter l’horaire », prévient Marika Magni-Goulard. Ainsi, si changer de vêtements pour quitter l’entreprise, en cas de sale boulot par exemple, entraîne un retard, cela peut être imputé au salarié qui est sorti déjeuner.

Il s’agit d’un des nombreux scénarios non envisagés par la loi et affinés par la jurisprudence. Le droit du travail est un sujet mouvant. « Je fais ça depuis trente ans, confie l’avocat, et c’est en constante évolution. Chaque gouvernement a sa propre loi. Il y a des aberrations, des textes qu’on n’a même pas le temps de revoir. s’appliquent et qui tombent dans l’oubli et la jurisprudence, c’est tout.

Une jurisprudence riche

Elle nous a préparé une liste de décisions de différentes juridictions établissant quand une pause sera payée et quand elle ne le sera pas.

Payé lorsqu’il existe une obligation pour le salarié de continuer à surveiller une machine (depuis une salle vitrée…), de se tenir à proximité du téléphone (à un standard…), d’être à la disposition des clients (dans une station-service, etc.) ou des résidents (dans une maison de retraite, etc.), d’intervenir immédiatement pour un problème de sécurité (un agent de sécurité, etc.).

Non rémunéré lorsqu’il existe une obligation de rester sur place, de ne pas enlever ses vêtements de travail, de conserver son arme de service ou un simple badge.

Pittoresque, mais il faut penser à tout. Il y a bien plus dans la vie que du café et des cigarettes.

Bertrand Yvernault

 
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