Toujours autant de morts dans des accidents de tracteurs… Que faire ? – .

Toujours autant de morts dans des accidents de tracteurs… Que faire ? – .
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Les chiffres ne diminuent pas : en 2022, 233 autres accidents de la route impliquant des tracteurs ont fait 40 morts et 255 blessés. Plusieurs lignes d’action et de réflexion sont en cours.

Au-delà des controverses et des opinions de chacun, il existe des faits aux conséquences dramatiques et irréversibles. Tapez simplement « accident de tracteur » dans Google Actualités pour le voir. C’est un jeune homme de 17 ans, fils d’agriculteur, mort coincé sous une roue de son tracteur renversé fin février dans la Creuse. Il s’agit d’un motard de 70 ans qui a percuté la roue avant d’un tracteur à un carrefour jeudi 18 avril dans la Somme et est décédé avant l’arrivée des secours… La liste est interminable et s’allonge de jour en jour.

La dernière grande étude sur ce sujet a été réalisée par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) entre 2013 et 2017. Sur cette période, 201 personnes sont mortes (dont 44 dans le tracteur) et 1 073 ont été blessées (dont 118 dans le tracteur) dans les 984 accidents impliquant un tracteur agricole. Parmi les 44 morts dans le tracteur, 42 sont survenus sans qu’un tiers ne soit impliqué. Deux enseignements : un tracteur est en position de supériorité par rapport aux autres véhicules (plus lourd, plus haut) et le renversement est la première cause de décès accidentels des agriculteurs.

Ceinture, vitesse et signalisation

Pour limiter les dégâts causés par un tracteur renversé, il existe une solution, simple mais adoptée par seulement 6 % des agriculteurs : porter sa ceinture de sécurité. Pour protéger les autres usagers, la signalisation sur le tracteur ou l’attelage, ainsi que les rétroviseurs, doivent être impeccables, notamment pour voir ou avertir des motos. Au cours des 5 années scrutées par l’ONISR, les deux-roues représentent près d’un tiers des 201 décès. « Face à un véhicule lent, le premier réflexe du motocycliste est de dépasser, d’où l’importance de la signalisation pour les engins agricoles », souligne Vincent Marcusse.

Outre la signalétique défectueuse ou inutilisée et l’absence de ceinture de sécurité, Benoit Moreau, conseiller en prévention à la caisse centrale MSA, pointe régulièrement une « vitesse excessive ». Chaque jour, il reçoit des alertes d’articles de la presse locale sur des accidents de machines agricoles. Il prend l’exemple d’un tracteur accompagné d’un déchaumeur à disques qui s’est renversé mardi 16 avril 2024 à Villefranche-sur-Saône, sur un rond-point en terrain plat. « Un excès de confiance ? Manque de contrôle? Manque de connaissance du comportement du véhicule ? De toute façon, il devait rouler trop vite. », constate-t-il.

Des formations à élargir ?

Pour réduire les statistiques, les institutions utilisent deux leviers : la formation et la prévention. ” L’agriculteur est censé former son employé, c’est le code du travail », rappelle Vincent Marcusse à cette occasion.

« Les jeunes agriculteurs quittent tous l’école, je l’espère, avec quelques heures de pratique. Mais je pense queils sont loin de 20 heures avec un moniteur comme pour les voitures. Certains établissements ont investi dans des simulateurs mais cela ne reflète pas complètement la réalité. Le freinage d’urgence, tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas se rendre compte de ce que cela implique », estime Benoit Moreau. Pour soutenir les enseignants, les MSA de Bretagne ont mis à leur disposition vidéos et matériel pédagogique en fonction des situations de travail et des risques d’accident pour trois types de machines : télescopiques, mini-pelles et tracteurs.

« Faire preuve de compréhension et de patience »

A travers l’opération « 10 conduites », Groupama œuvre depuis plus de 50 ans pour assurer la prévention dans les établissements d’enseignement agricole. L’assureur propose également depuis 2022 Formation Centaure sur des circuits adaptés aux machines agricoles. Pour participer, contactez simplement votre conseiller en assurance. La participation est éligible aux OPCO, le reste est donc souvent minime, voire nul. « Il y a une partie de rappel des règles à chaque fois en les mettant en pratique et en conduisant. Elle est vécue comme une montée en compétences par les participants », explique Vincent Marcusse.

Autre initiative : MSA Gironde déploie une campagne sur le partage de la route avec les autres usagers, notamment lors des récoltes. Lancée en 2012 pour les vendanges, l’opération touche toutes les filières agricoles depuis 2023. » Les défauts ne viennent pas seulement des agriculteurs ou des voitures et des deux-roues, ils sont partagés. Cette campagne est aussi une manière d’inviter les gens à faire preuve de compréhension et de patience », souligne Benoit Moreau.

En Belgique, un permis… à la demande de la profession

L’idée d’un permis tracteur a été évoquée et réfutée récemment par le Parlement européen. L’idée était d’avoir un spécifique, adapté, pour éviter les équivalences ou les formes et noms multiples selon les pays : G40 en Suisse, G en Belgique, F en Autriche et au Royaume-Uni, T en Allemagne et en Pologne, Tr en Roumanie, W en Irlande, licence LVA en Espagne… Il s’agissait aussi faciliter la circulation des convois dans les zones transfrontalières (entre la Belgique et la France par exemple) et la mobilité des personnes et des conducteurs.

« Le cas de la Belgique avec le permis G depuis 2006 est intéressant. Il a été mis en place à la demande de la profession, avec une application progressive selon l’année de naissance des conducteurs et avec des épreuves théoriques et pratiques adaptées aux véhicules agricoles. Il semble difficile d’imaginer une demande similaire en France actuellement… » conclut Benoit Moreau.

 
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