Le spectacle est devenu fréquent. Un hélicoptère traverse l’épaisse fumée grise qui s’échappe des arbres en proie aux flammes. Dimanche 14 avril, dans la région de Tarbena, à une centaine de kilomètres au sud de Valence dans l’est de l’Espagne, s’est déclaré le premier incendie de grande ampleur de l’année. Plus de 500 hectares de forêt ont été détruits. Trois pompiers espagnols ont été blessés et 180 habitants ont dû être évacués.
Attisé par le vent et la chaleur inhabituellement forte pour la saison, cet incendie en laisse présager d’autres dans le sud de l’Europe. Une situation à laquelle l’Espagne commence à s’habituer.
Une temporalité normale, mais pas son intensité
« La plupart des gens pensent que les incendies surviennent plus souvent en été. C’est vrai. Mais l’autre moment où nous souffrons d’incendies, c’est en automne, explique Pablo Martin Pinto, professeur spécialisé dans les incendies de forêt à l’Université de Valladolid. Les feux d’automne sont liés à l’activité agricole qui utilise la technique du brûlage pour obtenir une herbe plus jeune. C’est le cas dans le Nord-Ouest, où les incendies sont plus nombreux en automne qu’en été. poursuit le professeur.
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Les incendies dès avril sont donc monnaie courante. Mais les conditions de cet incendie dans la région de Valence et son intensité inquiètent le professeur. Cet hiver, l’est de l’Espagne a été durement touché par une longue sécheresse. Le mercure atteint parfois 30°C en janvier et les précipitations sont exceptionnellement faibles. “La première quinzaine d’avril a été globalement très sèche : les précipitations n’ont atteint que 36% des normales pour cette période”, AEMET, l’Agence météorologique de l’État, a indiqué sur le réseau social La combinaison d’un manque de pluie et de températures élevées a favorisé le développement de l’incendie de ce dimanche.
«Conditions particulières, mais aussi structurelles»
Outre les conditions climatiques et l’activité humaine, les incendies à grande échelle sont également favorisés par l’évolution sociale et économique espagnole. « Il y a quelques décennies, les habitants des zones rurales qui travaillaient en utilisant les ressources naturelles ont déménagé vers les grandes villes. Ces mouvements ont conduit à l’abandon de ces terres et à un déclin de l’entretien des forêts. Les herbes hautes et les plantes se sont accumulées et alimentent aujourd’hui les incendies », analyse Pablo Martin Pinto.
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Une situation qui fait craindre un automne chargé pour les pompiers espagnols, sans compter un été tout aussi intense. Mais dès l’été 2023, l’Espagne avait enregistré une baisse significative du nombre d’incendies par rapport à l’été précédent, lorsque plus de 300 000 hectares de forêt avaient été décimés. « Il est très difficile de prédire à partir du mois d’avril s’il y aura des incendies en été. Cela dépend des conditions du momentrésume Pablo Martin Pinto, qui estime que les incendies sont désormais habituels. Nous devons apprendre à vivre avec, faire de notre mieux pour limiter ses conséquences par la prévention et une utilisation responsable de la forêt. »
